Punaise, les gars, vous êtes du genre à fêter Noël le 22 ou le 23, vous.
Bon, vu que j’ai un peu plus de WW que de FF non lus dans ma biblio, je sais ce qu’il me reste à faire.
A tout saigneur, tout honneur :
Oui ça perd pas de temps par ici !
Hahahaha ! C’est qu’ils sont gourmands sur ce forum, j’adore ! ^^
Bon, je participerai aussi de temps en temps, mais moins que pour les F.F. (de toute façon, je n’ai pas beaucoup de comics de l’Amazone dans ma collection)…mais pour ça, j’attendrais 2021…
Je fais déjà des réserves pour celui sur Spidey, c’est grave docteur ?
Wonder Woman a été évoquée à plusieurs reprises dans le sujet consacré aux rééditions chez DC. Petite revue de presse (et comme toujours, vous pouvez répondre ici, mais aussi là-bas en cliquant sur le lien) :
Jim
Bon puisque le sujet est déjà ouvert (merci Jim !), un petit post sur l’origine de WW par W.M. Marston et les petites variantes qu’il a lui-même apportées.
L’origine de WW est évoquée dans le WW #1 sorti en été 1942 (numéro que l’on retrouve dans l’anthologie WW sortie chez Urban). On peut y voir que c’est Athena qui apprend à Hippolyte à sculpter une forme humaine, et que c’est Aphrodite qui donne vie à la statue. On peut remarquer d’ailleurs qu’on ne voit pas apparaitre le mot argile.
En mai 1944 commence la parution de strips WW dans les journaux, toujours avec W.M. Marston et H.G. Peter aux commandes.
L’origine de WW est mentionnée dans le strip paru le 24 mai 1944. Et on peut voir des différences.
Hippolyte implorant Aphodite d’exaucer son voeu, cette dernière lui donne de l’argile provenant du Mont Olympe afin qu’Hippolyte façonne une statue. Et la statue prend vie sans autre intervention divine.
Ici le rôle d’Athena, disparait donc, et c’est l’argile même qui donne vie à la statue.
Quelques années plus tard dans le WW # 237 (sorti en VF chez Arédit dans le volume Super action avec WW #9), le scénariste Gerry Conway donnera à son tour une version de la naissance de Diana, mélangeant finalement la 1ère et 2ème version de Marston.
Ici Hippolyte façonne la statue d’un enfant dans l’argile, sous la direction d’Aphrodite, qui donnera vie à cette statue pour récompenser Hippolyte de son dévouement.

(merci Jim !)
De rien.
Je me suis dit que je n’aurais peut-être pas le temps dans les jours qui viennent, ou que j’oublierais, donc qu’il valait mieux le lancer le 20 décembre que le 20 janvier, quoi…
Jim
Wonder Woman par George Pérez.
Je suis en train de relire les quatre TPB disponibles reprenant les épisodes de Pérez sur Wonder Woman (en tout cas, les quatre TPB que j’ai, ça ne couvre pas toute la prestation, seulement les deux premières années. Pour rappel, voici les titres : Gods ans Mortals, Challenge of the Gods, Beauty and the Beasts et Destiny Calling), et bien entendu, je trouve ça très bien.
Je ne reviens pas sur les qualités narratives : bonne gestion de la mythologie, alternance bienvenue entre le monde des dieux et les menaces terrestres, remise au goût du jour de méchantes telles que la Cheetah ou la Silver Swan…
C’est dense, touffu, généreux, avec une caractérisation très réussie (les Kapatelis mère et fille sont vraiment sympathiques), ça en donne énormément pour son argent, et Pérez est alors en pleine possession de ses moyens).
Mais je profite de l’occasion pour évoquer un truc qui me semble abordé assez peu souvent, au sujet de l’auteur : sa capacité à caractériser des personnages qui soient visuellement bien différenciés.
Dans une industrie où en général les dessinateurs représentent les personnages, surtout féminins, tels des gravures de mode, Pérez parvient à donner des personnalités graphiques bien tranchées. C’est un véritable festival. Il parvient à marquer l’âge ou l’ingratitude physique de l’adolescence, il crée des trognes improbables et pourtant séduisantes en rompant avec les canons de la beauté : Barbara Minerva avec son nez trop long et ses joues creuses, ou Myndi Mayer et son visage d’œuf, deux femmes qui ne sont pas démunies question séduction. De même, des personnages tels qu’Etta Candy sont redéfinis et se trouvent aux antipodes de l’héroïne, ce qui n’empêche pas qu’ils soient attirants (demandez à Steve Trevor).
C’est une dimension qu’on oublie souvent dans le travail de Pérez, qu’on évoque en général en parlant de son sens du détail, de ses compositions complexes, de la richesse de ses planches (ça sert d’ailleurs de critique aux détracteurs, qui reprochent le caractère étouffant des pages). Mais on oublie trop souvent de noter à quel point il caractérise avec soin ses personnages, parvenant à maintenir des physionomies fortes d’une case ou d’une page à l’autre.
Un soin accordé aux protagonistes qui méritait d’être relevé.
Wonder Woman by George Pérez Omnibus chroniqué par Ninesisters :
Wonder Woman by George Pérez Omnibus
J’ai profité de la réédition des deux premières années du run de George Pérez sur Wonder Woman pour me plonger dans le travail de l’auteur sur le personnage, lequel dispose d’une bonne réputation. Pour être précis, il s’agit du reboot de la série suite à Crisis on Infinite Earth ; il revient donc sur les origines de l’héroïne et sa découverte du monde des hommes.
Je commence par ce qui fâche. Lorsque je lis Catwoman, à l’heure actuelle, cela m’énerve de trouver dans mes TPB des chapitres épars, liés à un crossover Batman dont les tenants et aboutissants se trouvent dans d’autres publications, et qui cassent complètement le rythme. Or, j’ai eu la désagréable surprise de découvrir que le problème n’a rien de récent, et que Wonder Woman en souffrait déjà à l’époque. Cela ne concerne que quelques passages, mais j’ai clairement eu l’impression de sauter des épisodes à au moins deux reprises. Pour cause, je les ai effectivement sauté, puisqu’ils ne sont pas inclus dans cet ouvrage consacré exclusivement aux aventures solo de l’héroïne. Là où cela devient problématique, c’est quand une saga entière trouve sa conclusion ailleurs ; à la fin d’un chapitre, Diana part à la poursuite d’un puissant antagoniste, et dans celui d’après, c’est fini, le Mal est vaincu. Connaissant un tant soit peu la mythologie DC Comics, j’imagine bien ce qui a pu se passer, mais l’album lui-même n’apporte aucune réponse. C’est frustrant.
Mais à part ça : il s’agit d’une excellente lecture, qui mérite sa bonne réputation.
Nous repartons de zéro, et rien ne nous sera épargné : la genèse des Amazones et de Thémyscira, leur passion pour le bondage, la naissance de Diana, leur contact avec le monde extérieur, Wonder Woman se rendant aux USA arborant son célèbre costume… Toutefois, le scénariste a l’intelligence de ne pas tout dévoiler, tout-de-suite, laissant au lecteur le soin de s’interroger, d’échafauder ses propres théories ; pour finalement apporter des révélations qui expliquent bien des éléments majeurs associés à l’héroïne, mais qui ne pouvaient conserver les mêmes origines que dans la première série.
J’ai tendance à penser que, dans un comics de super-héros, l’auteur compte plus que le personnage. Néanmoins, ce-dernier dispose de plus ou moins de potentiel, et cette Wonder Woman nouvelle génération ne manque pas d’atouts. D’une force incroyable, liée à une mythologie foisonnante dans laquelle les scénaristes peuvent piocher à loisir et offrant un bestiaire infini d’antagonistes potentiels, elle apparait aussi comme une fille intelligente, volontaire, pieuse, et en même temps parfaitement candide, ne connaissant rien au monde extérieur, et ayant tout à apprendre ; quitte à être déçue par certaines réactions, car une fille libre penseuse portant un slip Milkyway en pleine Guerre Froide, cela ne plait décidément pas à tout le monde.
Il existe des différences fondamentales entre l’héroïne de George Pérez et celle de Brian Azzarello. La première découvre le monde extérieur, ses merveilles et ses contradictions, tandis que la seconde a déjà passé du temps chez les hommes lorsque nous commençons à suivre ses aventures. La première est entourée d’ami(e)s, est encore naïve, a soif d’apprendre, et passe du temps avec son mentor Julia, tandis que la seconde est farouchement indépendante. La première rechigne à employer la force, la seconde beaucoup moins. Pour résumer, la seconde est plus badass, mais les deux approches se valent.
Leurs mondes respectifs diffèrent aussi, et cela se ressent surtout du côté des Dieux. George Pérez opte pour une représentation classique de ceux-ci, inspirée des statues grecques, tandis que Brian Azzarello et Cliff Chiang se lâchent dans des interprétations beaucoup plus originales. Et, justement, c’est une des principales caractéristique que je retiendrai de cet omnibus : son ton résolument classique. Non pas que cela me dérange, car cela fait du bien de revenir à certains fondamentaux.Parmi les spécificités de l’album, nous trouvons donc l’environnement divin et grec entourant l’héroïne - soyez rassurés, Cheetah fait malgré tout une apparition remarquée - mais aussi son rôle d’ambassadrice. Sa mission consiste à dispenser la philosophie des Amazones au monde, ce qui en fait un personnage très actif en matière de communication, pour un résultat que je vous laisserai découvrir, mais qui lui parait original par rapport au reste de la série.
Autre touche d’originalité : son entourage. Diana passe le plus clair de son temps dans le monde des hommes entourée de son groupe d’amis : Julia, archéologue grecque qui lui apprendra l’Anglais et à survivre à son nouvel environnement, sa fille Vanessa, qui a lui-aussi des choses vitales à lui apprendre, et Mindy Mayer, dont je vous tairai le rôle. Ainsi que le couple le plus coincé (du moins au début) mais touchant de l’histoire du comicsLa série mélange ainsi tous ces aspects, avec de vrais morceaux de bravoure et de combats épiques, Diana se trouvant aux prises avec divers monstres ou divinités démoniaques, pour des affrontements homériques. Le trait de George Pérez est agréable à l’œil, là encore il donne une impression de classicisme, même s’il paraissait peut-être plus moderne à l’époque. Mais, je ne m’en plains toujours pas. En tout cas, nous sentons bien les années 80 à travers les habitudes vestimentaires !
Cet omnibus ne possède pas pour autant le moment épique, l’envolé lyrique, qui en feraient un chef d’œuvre absolu autant qu’incontournable. Cela reste avant tout un bon comics, bien écrit, plaisant, parfois prenant, bref une valeur sûre. Donc si, pour vous, les comics ne se limitent pas à l’actualité, vous pouvez y aller sans crainte.
Wonder Woman par Bill Messner-Loeb et Mike Deodato :
Je viens de relire la fin du run de Bill Messner-Loebs sur Wonder Woman, illustré par Mike Deodato (qui faisait une entrée remarquée chez les deux majors à cette occasion).
Pour faire court, c’est pas mal du tout, mais ça a un goût d’inachevé.L’ensemble des épisodes a été compilé dans deux petits TPB, tels qu’on en faisait il y a vingt ans à une époque où l’édition de TPB n’était pas monnaie courante. Le premier s’intitule « The Contest » et le second « The Challenge of Artemis ».
Bill Messner-Loeb est sur la série depuis une grosse vingtaine d’épisodes, succédant à George Pérez qui avait refait de la Princesse Amazone un personnage incontournable. Il avait réussi à s’émanciper de l’ombre de son prédécesseur, ce qui n’était pas facile. Je n’ai pas tous les épisodes de cette période, mais ce qui frappe, c’est l’approche du scénariste, qui confronte son personnage au monde réel, et notamment à l’argent (comparable un peu à ce qu’il a fait sur Flash). Il est en général assisté de dessinateurs plutôt compétents mais pas tape-à-l’œil (Jill Thompson, Paris Cullins, Lee Moder…). L’arrivée de Deodato au numéro 90 va donc changer la donne.
Même si son premier épisode est encore assez calme, Deodato lorgnant vers Silvestri, Garcia-Lopez voire Russ Manning, le dessinateur va rapidement imposer le style qu’on lui connaît, fait de cases éclatées et de bimbos aux jambes kilométriques.
L’intrigue est en gros la suivante : Diana vient de libérer Themyscira du joug de Circe, qui avait fait disparaître l’île dans l’espace-temps. Elle est contente de retrouver sa mère (Hippolyta) et ses copines (Mala, Phillipus…), mais pour les Amazones, la séparation a duré dix ans, durant lesquels les guerrières se sont trouvées opposées à une tribu perdue, avec laquelle elle doivent s’allier afin de survivre. Ces Amazones retrouvées partagent désormais une partie de l’île.
La Reine Hippolyta, persuadée que sa fille n’a pas réellement bougé son popotin pour sauver les Amazones, organise un nouveau tournoi visant à désigner une nouvelle Wonder Woman qui, elle, assumera son rôle. Diana s’inscrit, mais c’est Artemis, membre de la tribu perdue, qui remporte la mise. Dans le même temps, Diana a découvert quelques secrets familiaux et met en doute la parole de sa mère quant à sa naissance et sa lignée. Bref, le torchon brûle entre la mère et la fille.
Messner-Loebs pratique une politique de guerilla, secouant le statu quo de la série régulièrement. L’irruption d’un dessinateur spectaculaire (mais qui ne fera pas illusion longtemps) est l’occasion d’un bon secouage de cocotier. Endossant un autre uniforme, Diana s’associe à un détective privé afin de mener des enquêtes lucratives qui lui permettront d’aider ses amies. Et on sent bien que le scénariste a un fil rouge à dérouler mais, au fil des épisodes, on a l’impression qu’il se précipite pour ranger les jouets. En effet, les choses mises en place (l’agence de détective de Diana, la campagne de comm d’Artemis…) sont éclipsées par des séquences de baston fort spectaculaires mais un peu encombrantes.
La narration de Messner-Loeb procède souvent par ellipse, mais la mise en scène de Deodato rend parfois l’ensemble un peu flou. Il est de notoriété publique qu’à l’époque, le dessinateur ne lisait pas très bien l’anglais, ce qui occasionnait parfois des erreurs, des bourdes. Ici, si le premier épisode est à peu près nickel (avec même un effet narratif intéressant : une même scène vue par deux personnages différents, avec deux interprétations opposées), on a quand même des scènes bizarres, des personnages qui sortent de nulle part, et visiblement des dialogues plaqués à des fins de colmatage.
Le récit emmène Diana au milieu d’une guerre des gangs à Boston, à laquelle participe le White Magician, qui s’avère être le gros méchant qui tire les marrons du feu. Parallèlement, Artemis lutte contre des vilains caricaturaux (genre : The Chauvinist) et s’épuise dans ce qui s’avère n’être qu’une mise en scène de ses chargés de comm.
C’est là qu’on sent que le scénariste en avait encore sous la pédale. Parce que plein de choses demeurent irrésolues ou simplement survolées. Par exemple, rien n’est résolu concernant les chargés de comm. L’affaire de l’agence de détective est abandonnée en cours de route. Artemis meurt* à la fin du combat contre le White Magician devenu un monstre, et se contente de dire à Diana dans un dernier râle qu’elle est la seule et unique Wonder Woman.
Les choses étant précipitées, il manque à cette série d’épisodes une engueulade franche entre les deux héroïnes, et peut-être aussi de grandes scènes d’action communes, que l’on ne voit en fait qu’en couverture. Ce qui rajoute à ce sentiment d’inachevé.
Quand Messner-Loebs et Deodato partent, ils sont remplacés par John Byrne, invité par l’editor Paul Kupperberg. Ce dernier souhaitait-il secouer à nouveau le cocotier de la série ? Messner-Loebs n’avait-il plus rien à dire ? Les relations éditoriales s’étaient-elles distendues ?Il y a un sentiment de « dommage, quand même », à la lecture de ces deux TPB. L’épisode 100 comprend beaucoup de belles scènes, et s’il a un rythme tout à fait convenable, on sent bien que le scénariste range les jouets et boucle ses intrigues. Il y a une idée formidable concernant Circe, où l’on reconnaît une idée que Messner-Loebs a souvent exploitée, à savoir la rédemption du vilain. Et là encore, on se dit qu’il aurait peut-être géré les choses différemment, relançant l’affaire autour de la méchante.
Quelque chose que l’on retrouvera d’ailleurs dans les épisodes de Thor que Messner-Loebs (illustré par différents membres du Deodato Studio), qui reprennent l’idée de la sorcière convertie (l’Enchanteresse) et du double arrogant (Red Norvell). Un run qu’il n’aura pas non plus le temps de faire fructifier.Jim
- J’ai pas trop bien suivi, mais de mémoire, elle est revenue. Et il me semble par Messner-Loebs. Le scénariste promoteur à la tête d’une série dérivée. C’est un peu comme Thunderstrike créé par DeFalco, par exemple…
Jim

En mai 1944 commence la parution de strips WW dans les journaux, toujours avec W.M. Marston et H.G. Peter aux commandes.
Ils n’ont jamais été compilés, les strips, ou bien ? J’ai la vague sensation d’avoir vu passer une annonce, peut-être chez IDW, mais je me trompe sans doute…
Jim
Ah, con de moi, j’ai même pas cliqué dessus, j’ai demandé tout de suite !
Merci.
Jim

Wonder Woman by George Pérez Omnibus
Puisqu’on commence par les rééditions, je me permets de compléter par mon propre avis sur le premier des deux tomes Urban sur ce run, posté en 2017 dans le topic concerné :
[image] *couverture à venir [quote]Wonder Woman par George Perez tome 1 Isolées depuis des millénaires sur l’île de Themyscira, les Amazones ont vécu recluses et ont développé une société pacifiste et progressiste à l’écart des tourments du monde des hommes. Mais lorsque le pilote Steve Trevor échoue sur cette île paradisiaque, la princesse Diana se charge de le ramener dans son pays : débute alors pour cette jeune Wonder Woman une quête identitaire qui va la mener face à Arès le dieu de la G…
Voilà un titre enfin disponible pour la première fois en français (en deux tomes, le second arrive dès cet été), trente ans après sa publication originale, et qui mérite à mon sens de figurer dans une short list (même “très short ”) des séries de super-héros.
Suite au grand chambardement éditorial Crisis on Infinite Earths, plusieurs des héros de l’univers DC virent leurs origines rebootées. Ce fut notamment le cas pour Wonder Woman avec cette mini-série “Gods and Mortals”, Dieux et mortels dans la langue de Molière, mais aussi pour Superman avec le Man of Steel de Byrne, sans oublier le Batman Année Un de Miller et Mazzuchelli – pas un reboot à proprement parler, mais on voit que la revisitation des origines était dans l’air du temps. Alors, qu’est-ce qui fait que le titre mérite sa place dans une sélection sélective d’indispensables du genre, qu’elle s’adresse à des néophytes ou à des amateurs chevronnés ?
Le run de Pérez fait partie des tout meilleurs titres consacrés à un personnage majeur de l’univers DC et qui n’a pourtant été qu’assez rarement bien servie (Pérez sur WW, c’est un peu la lumière du phare isolé au milieu d’un demi-siècle de production allant du médiocre au catastrophique, entre la fin de la période initiale par Marston et les runs réussis des années 2000 par Jimenez, Rucka et Simone). Mais s’il donne tout son lustre à Wonder Woman, il privilégie pour cela une approche originale, qui diffère grandement de la norme en matière de récit super-héroïque. Ainsi, sur les quatorze épisodes réunis dans ce premier volume, un seul est consacré à la traditionnelle baston contre un super-vilain (en l’occurrence une super-vilaine, Cheetah). Symptomatiquement, on peut aussi mentionner que les exploits de Wonder Woman aux côtés de la Ligue de Justice durant l’event Legends (La Légende de Darkseid chez Urban), qui auraient pu faire l’objet d’un épisode tie-in, sont expédiées et résumées en quelques lignes dans un épisode se présentant pour l’essentiel comme une succession d’extraits de journaux intimes de personnages secondaires, et joliment intitulé “Le temps passe…” : l’essentiel n’est pas là…
Car c’est finalement moins en tant que Wonder Woman qu’en temps que Diana de Themyscira que Pérez semble s’intéresser au personnage. D’une part, il la réinscrit très fortement dans un contexte de mythologie grecque revisitée – dont je ne peux, au passage, m’empêcher de me demander à quel point il n’a pas marqué un Neil Gaiman (Sandman et American Gods viennent à l’esprit plus d’une fois). D’autre part, il en fait, avant d’être une super-héroïne, une émissaire de la culture amazone (Greg Rucka, à plus d’un titre l’héritier “direct”, à quinze ans de distance, de l’approche de Pérez, au point qu’il m’arrive de ne plus bien me souvenir si un épisode appartient à l’un ou l’autre run, en fera une ambassadrice officielle). À ce titre, Diana est à la fois une candide plus d’une fois perdue face à sa découverte du fonctionnement du “monde patriarcal” et de la modernité (un détail parmi d’autres, mais elle ne parle pas spontanément anglais…), et le fier porte-étendard d’un discours féministe et pacifiste, voire déjà pro-LGBT (ce dernier élément restant “discret”, époque oblige, mais si la question de relations sexuelles entre Amazones est réfutée comme une insinuation “salace” de Pan, il n’en reste pas moins que celles-ci se font à longueur de temps des déclarations d’amour et témoignent parfois d’un comportement montrant un attachement passionné : cf. notamment la relation entre Hyppolyte et Philippus).
La force de Wonder Woman : Dieux et mortels (tout le programme est dans le titre !) est de faire de son héroïne un trait d’union – et, du point de vue de l’économie narrative, un point d’équilibre – entre une dimension “mythologique”, ici prise au pied de la lettre (les dieux de l’Olympe sont très présents sur la page comme dans les enjeux), et une dimension très humaine : les militaires Steve Trevor et Etta Candy, l’universitaire Julia Kapatelis et sa fille Vanessa ou encore la publicitaire Myndi Mayer entourent Wonder Woman d’un large casting dépourvu de super-pouvoirs mais non d’intérêt, de psychologie et d’émotions, ancrant le récit dans le réel. L’histoire de Diana Trevor, la mère de Steve, dévoilée dans l’un des derniers épisodes de ce volume, peut par ailleurs s’interpréter comme une démonstration qu’il n’est pas nécessaire de posséder des pouvoirs fantastiques pour devenir une héroïne et un emblème.
Indispensable à tout fan de Wonder Woman, à peu près incontournable pour tout amateur de comics super-héroïques en général, et, de par sa capacité à sortir des sentiers battus du genre, valant la découverte pour ceux qui y sont plus réfractaires, Dieux et mortels est tout simplement un classique, et un modèle d’approche intelligente.
J’avais également posté dans le même topic une liste de liens vers une série d’articles de Sequart, à l’occasion du premier film de Patty Jenkis. Je remets ça ici (en rétablissant les liens qui sont un peu beaucoup partis en vrille lors de la refonte du forum) — ça aura peut-être plus de succès cette fois-ci, qui sait.
Pour ceux qui veulent aller plus loin (et lisent l’anglais), Sequart a décidé de consacrer une semaine à Wonder Woman à l’occasion, évidemment, de la sortie du film. Pour l’instant ont été publiés les articles suivants :
- Reflections in a Mirror: Wonder Woman’s Multiverse. Où l’on apprend que WW rencontra son double d’un autre univers près de dix ans avant Flash, et l’on s’interroge sur les traits définitoires du personnage à travers ses variations dans les mondes parallèles de DC.
- An Amazon and a Crime Writer Walk into a Wardobe: The Retconned Legacy of Dorothy Woolfolk. Un bel hommage à la première editor féminine de DC.
- Wonder Woman: The Promise of Hope. Une analyse plus générale des valeurs qu’incarne le personnage.
- Wonder Woman '11: Ill-conceived*. Un retour sur le projet abandonné de série télé avec Adrianne Palicki, qui n’est pas allé plus loin qu’un épisode pilote controversé.
- What’s Really at Stake with Wonder Woman. Un édito sur la question de la promotion du film, et c’est bien plus intéressant que ce qu’on pourrait croire quand je le dis comme ça.
- « Where Have You Been? » Wonder Woman and the Dawn of Justice in a Polarized World. Retour sur le rôle de WW dans le Batman v Superman de Snyder, une ex-héroïne qui a renoncé dans un univers où les valeurs qu’elle défend sont absentes.
- Wonder Woman’s Origin is Clay to Be Molded. Quelques problèmes posés par la réécriture de l’origine de l’héroïne comme fille de Zeus à partir des New 52.
- Beyond the Sword and Shield. Une autre analyse générale du personnage et de ce qu’elle incarne en tant que super-héroïne.
- Wonder Woman: Spirit of Truth and Child of Love. Une étude qui s’intéresse en particulier à la reconstruction / réaffirmation récente de WW en héroïne queer.
- The Classical Roots of Wonder Woman and Sandman. Qui me fait dire que je ne suis pas le seul à avoir vu le rapprochement entre le run de Pérez et Gaiman, même si finalement l’auteur de l’article insiste surtout sur les différences fondamentales entre les deux.
En 2016, Wonder Woman avait été nommée ambassadrice à l’ONU. L’événement avait tourné court après son lot de petites polémiques. Rétrospective ici :
Le communiqué de presse qui officialise la création du personnage annonce : « Wonder Woman a été conçue par le Dr Marston dans le but de promouvoir au sein de la jeunesse un modèle de féminité forte, libre et courageuse, pour lutter contre l’idée que les femmes sont inférieures aux hommes et pour inspirer aux jeunes filles la confiance en elles et la réussite dans les sports, les activités et les métiers monopolisés par les hommes. » L’Amazone succède ainsi, notamment, à Emma Watson, Nicole K…
Jim
Verbal Kint nous parle d’un récit où la belle Amazone tient la vedette :
Trouver ça dans une braderie pour un euro symbolique, j’me suis laissé tenter…
C’est Christopher Moeller qui s’occupe du scénario et des dessins.
Coté scénario, l’histoire est assez simple, mais ça se laisse lire… On suit principalement Wonder Woman, qui s’oppose à ses coéquipiers de la JLA pour combattre une terrible menace du moyen-age (un dragon immense). Le récit est assez éloigné de la continuité DC, et se rapproche des contes et légendes fantastiques.
Le plus gros du plaisir de cette lecture reste les dessins (peintures) d’une grande qualité, que ce soit pour le dragon ou la magnifique Diana.
Hm, vous voulez vraiment provoquer une attaque cardiaque de @ALEXA ? Elle va lire non stop ce topic au point d’oublier de boire et manger xD
Elle est déjà un peu au courant, vu qu’elle l’a alimenté.