FANTASTIC FOUR vol.3 #60 et 61 :
Fantastic Four vol.3 #60 représentait à sa sortie (et on peut toujours le considérer de cette façon) un parfait « point d’entrée » pour des nouveaux venus qui voulaient se mettre aux aventures des 4 Fantastiques ou pour des vieux lecteurs qui avaient déserté le titre depuis longtemps. L’épisode, qui avait été vendu au tout petit prix de 9 cents, se suffit à lui-même et livre un portrait aussi amusant que touchant de la première famille par le biais d’une astuce habilement maîtrisée par le scénariste Mark Waid.
Le concept de l’histoire (un responsable marketing suit les F.F. pour découvrir qui ils sont vraiment, ce qui les distingue des autres super-héros) s’inspire des premiers efforts de Waid lorsqu’il s’est mis à travailler sur le titre. Dans une de ses premières interviews, Mark Waid a révélé que ses débuts étaient laborieux jusqu’à ce qu’il se décide à revenir à ce qui fait vraiment la spécificité des F.F. : ils sont avant tout des aventuriers, des explorateurs…des « imaginautes » . Avec cette approche, c’était parti…mais avant le premier arc narratif en plusieurs parties ( Sentient , du #62 au 64), Mark Waid, Mike Wieringo et Karl Kesel (ne jamais oublier Karl Kesel qui ne se limitait pas à l’encrage et que Waid présentait un consultant d’une aide inestimable) ont consacré deux numéros aux personnages et à leurs relations.
Je le répète : F.F. #60 est excellent. Le découpage par journée alterne scènes d’action dynamiques et moments intimistes à travers le regard du publicitaire que l’on peut voir comme l’alter-ego de Mark Waid. La caractérisation est soignée et l’ensemble donne le sourire, aussi bien grâce aux différentes interactions et aux observations de « l’élément extérieur » que par la superbe et rafraîchissante partie graphique signée par le regretté Mike Wieringo qui laissait éclater son talent, idéalement secondé à l’encrage par Karl Kesel et aux couleurs par Paul Mounts.
Et il y aussi ce monologue final de Reed, d’une grande justesse, émouvante sans en faire trop (c’est même la seule case muette qui est la plus parlante).
Le #61 commence sur le registre de l’humour, avec un gag à base de tarte à la crème. Waid revenait là à une autre tradition des F.F., les « cadeaux » envoyés à Ben par le gang de Yancy Street. Une note glissée par mégarde dans le paquet permet à la Chose de remonter la trace de la personne qui lui envoie ces paquets depuis des années. Le début d’une course effrénée à travers New York, la Torche collant aux basques de Ben pour une raison qui lui est propre (et facilement devinable). Là encore, c’est fun, très bien écrit et si le ton est globalement léger (la tête que fait Johnny à la fin est impayable), les auteurs préparent aussi ce qui va suivre avec un passage un peu plus sombre qui ne détonne pas avec le style de Mike Wieringo.
Avec ces deux premiers numéros, la nouvelle équipe créative démarrait sur les chapeaux de roue, une réussite sur tous les plans. Et ce n’était que le début de ce qui est pour moi le dernier run mémorable des 4 Fantastiques. (dire que c’était il y a presque 20 ans…il y a encore eu de bonnes choses par la suite, notamment grâce à Dwayne McDuffie, mais le World’s Greatest Comic Magazine n’a plus atteint ce niveau)…