D’ailleurs, pour l’anecdote, Bill Mantlo, dans ses épisodes de la série régulière, a trouvé une astuce afin de placer les récits de Rampaging Hulk dans la continuité. En fait, il s’agit de fictions destinées à la télévision extraterrestre, programmes réalisées par une extraterrestre appelée Bereet.
Le personnage apparaît dans Rampaging Hulk #1, en 1977, dans un récit de Doug Moench, Walt Simonson et Alfredo Alcala, dont l’intrigue commence un peu comme une réécriture des origines, mais dévie rapidement.
Bereet se présente comme une « techno-artiste » fuyant sa propre planète, Krylor. Elle croise le chemin de Rick Jones puis de Hulk, dont elle devient une alliée à la fin du récit.
Le magazine Rampaging Hulk abrite en guise de back-up des récits de compléments consacrés à Bloodstone ou Shanna the She-Devil. En noir et blanc, souvent encré voir dessinés par des Philippins, et donc c’est très joli. La revue devient simplement Hulk au numéro 10 (même si l’habitude des lecteurs généralise l’adjectif « rampaging » à l’ensemble des numéros : l’Essential consacré à la série comporte le titre complet, par exemple).Le mag passe en couleurs et accueille Moon Knight à partir du numéro 11. Le changement de titre s’accompagne de récits plus terre à terre, Hulk cherchant à avoir la paix et se trouvant régulièrement mêlé à des tracas avec les « humains chétifs ». On est en 1978 et je pense que cette réorientation éditoriale est destinée à coller au feuilleton télévisé.
Donc, exit Bereet.
Quatre ans plus tard, le scénariste de la série Incredible Hulk fait revenir le personnage de manière officielle. Dès la page d’intro du numéro 569, on retrouve la techno-artiste de Krylor, qui présente au public sa rétrospective consacrée au Titan Vert.
Les lecteurs des premiers numéros de Rampaging Hulk reconnaissent des têtes déjà aperçues. Les créations artistiques de Bereet, adaptées des aventures du Géant de Jade, rencontrent un public enthousiaste. Les dialogues, le contexte et surtout les facettes reproduisant les événements précédemment décrits et fonctionnant comme un collage laissent entendre qu’il s’agit sans doute plus d’un docu-fiction que d’une retranscription fidèle de la réalité.
Et cela fonctionne comme une mise en abyme, les aventures racontées dans Rampaging Hulk étant donc citées dans Incredible Hulk. Les récits qui étaient hors continuité dans l’esprit de Moench et Simonson sont donc intégrés, d’une manière détournée, dans la continuité officielle.
Au-delà du discours quasi-méta incarné par Bereet, on notera que le personnage préfigure ce que sera Mojo dans l’univers des mutants. Encore un pont jeté entre les productions de Claremont et de Mantlo.
Jim