Il y a des années, dans le sommaire d’un Titans chez Lug, j’ai été marqué par une histoire courte dans laquelle Spidey et Hulk se croisent. En réalité, il s’agit de la seconde histoire contenue dans Marvel Team-Up #126, la première étant consacrée à l’association de Luke Cage et du Son of Satan (illustrée par Bob Hall).
Le récit commence alors que Hulk, à l’époque dans sa version enfantine qui casse tout, se retrouve en pleine ville.
Une mention au bas de la page explique que le récit avait été réalisé à destination de journaux, plus précisément dans un supplément dominical. Cette version constitue donc en quelque sorte une « réédition ».
Donc Hulk sème le chaos en ville, et parmi les passants, on trouve Peter Parker. Le héros endosse son costume et part prêter main-forte aux représentants de la loi.
Les planches offrent leur lot d’action et de baston spectaculaire, dans un style tout à fait convaincant.
Mais bien vite, Spidey tente surtout de détourner l’attention du Titan Vert et de l’éloigner de la zone de combat, ce qui a pour effet de calmer le monstre.
C’est donc sous la forme de Bruce Banner que le Géant de Jade retrouve Peter Parker, qui décide de lui donner un coup de pouce sous la forme de quelques billets qui lui permettent de prendre un nouveau départ.
Mais bien entendu, la vie de Bruce Banner et les circonstances l’amènent à céder la place, à nouveau, à son alter ego. Et c’est Hulk qui, à son tour, donnera un billet vert à une victime de violence, dans une sorte de chaîne de solidarité dont l’effet est immanquable.
Si l’histoire fonctionne très bien, avec cette dimension humaine qui s’allie souvent à merveille avec les super-héros, le plus notable est toutefois le dessinateur. Le scénario de Jim Shooter, alors rédacteur en chef de Marvel et donc en première ligne quand il s’agit de monter des projets éditoriaux spéciaux, est illustré ici par Tomoyuki Takenaka.
Une recherche rapide donne cette prestation dans Marvel Team-Up comme unique trace de la carrière du dessinateur. Carrière américaine, convient-il de préciser. Car, en cherchant un peu, on découvre que Tomoyuki Takenaka n’est pas un Américain d’origine japonaise, ni un illustrateur ayant renoncé à la bande dessinée pour privilégier le storyboard ou la publicité. Au contraire, il s’agit d’un mangaka actif dans les années 1980 et 1990 (sans doute avant aussi) et illustrateurs de séries militaires ou d’adaptations de licences audiovisuelles.
D’après les informations que je trouve, il serait décédé (mais je n’ai pas les dates) et aurait illustré des aventures de Knight Rider, mais aussi de Mack Bolan, le héros de la série de romans L’Exécuteur, signé Don Pendleton. En revanche, s’il n’est pas facile de faire le lien entre Tomoyuki Takenaka et sa carrière japonaise, c’est sans doute parce qu’il signait ses travaux sous le pseudonyme Hisato Joh.
Cela fait de ce Marvel Team-Up #126 (et du Titans qui traduit ce segment) une curiosité historique. En effet, le numéro est daté de février 1983, et ça fait de ce récit l’un des tout premiers qu’un éditeur américain aurait pu commander à un auteur japonais (il doit y avoir des mangaka au sommaire d’Epic, de mémoire, mais est-ce une commande ou une traduction ?), et de Tomoyuki Takenaka / Hisato Joh l’un des premiers auteurs nippons à dessiner des super-héros américains.
Je suis impatient de voir l’ami @Tori passer dans le coin, il ne manquera pas de nous éclairer de ses lumières.