La Sorcière Rouge et la Vision en voiture, par Arteiro de Oliveira
La Veuve Noire par Olivier Vatine
Jim
Super-Team Family : New Teen Titans & les Avengers
Petite « rediff’ » avec cette aventure de deux Avengers…
IRON MAN / THOR - GOD COMPLEX :
Publiée aux Etats-Unis début 2011 (et l’année suivante par Panini dans la revue Marvel Top ), Iron Man/Thor : God Complex est une mini-série en 4 épisodes scénarisée par le duo Dan Abnett et Andy Lanning et dessinée par Scot Eaton. Les deux premiers sortaient d’une prestation mémorable sur les comics cosmiques de Marvel (qui avaient fait de la revue Marvel Universe une lecture immanquable) et ce Iron Man/Thor fait partie de leurs derniers travaux ensemble avant la fin de leur collaboration. Quand à Eaton, c’est un dessinateur au style solide et efficace, ce qu’il démontrait encore dans ces pages.
Le Vengeur Doré et le Dieu du Tonnerre unissent leurs forces pour combattre une menace réunissant technologie et magie, le « complexe divin » souvent associé au Maître de l’Evolution franchissant une nouvelle étape. Le scénario est bien développé, avec du rythme, de bons dialogues, des cliffhangers accrocheurs et une volonté de rendre le récit accessible grâce à des flashbacks bien amenés qui résument en peu de pages les personnalités du Maître de l’Evolution et de Diablo et leurs buts pour les lecteurs qui ne seraient pas familiers avec ces personnages classiques.
Ce ne sont d’ailleurs pas les seuls adversaires créés dans les sixties (on retrouve aussi Ulik le Troll, la Dynamo Pourpre, le Destructeur…) qui évoluent dans ce bon petit récit aux couvertures signées Ron Garney et Stephen Segovia. C’est bien ficelé, l’action est puissante et l’ensemble ne manque pas de chouettes idées (comme l’utilisation d’un « espace conceptuel » caché au sein d’une image contenue dans un antique bouquin) et de retournements de situation.
AVENGERS #98-100 :
La longue guerre Krees-Skrulls est terminée…et les Avengers se posent la question « où est passé Goliath ? ». Il faut rappeler que Clint Barton est aux abonnés absents depuis que l’équipe est revenue de l’espace. La recherche va être compliquée par une manifestation violente contre la venue de délégués chinois qui se déroule devant les Nations Unies. La foule est extrêmement véhémente, même en ces temps de Guerre Froide, et on découvre rapidement que les gens sont manipulés par un mystérieux personnage appelé Mr Tallon…qui n’est autre que Arès, le dieu de la guerre de la mythologie grecque.
Point de départ d’un arc narratif étendu sur trois épisodes, jusqu’au #100 anniversaire. L’aventure est bien construite : le #98 pose la menace et entretient une certaine tension en montant les héros les uns contre les autres à cause de la magie d’Arès, l’épisode suivant est plus explicatif (Hawkeye explique les circonstances de son retour et sa rencontre avec un Hercule amnésique) et le #100 rassemble tous les Avengers passé et présent (même Swordsman, qui n’a jamais vraiment été un Avenger officiel, tape l’incruste) pour un combat final qui se déroule parallèlement sur Terre et sur l’Olympe. Les différents fils narratifs trouvent leur conclusion et le scénariste relie efficacement l’ensemble au sort de l’Epée d’ébène, vue pour la dernière fois dans le #84 et qui tombe ici entre les mains d’Arès.
L’action ne fait pas oublier pour autant le développement des personnages, la relation entre Vision et La Sorcière Rouge se renforçant au fil des numéros, au grand dam du frère de Wanda et de Oeil-de-Faucon, qui avait des vues sur la jolie mutante. J’avoue que ce n’est pas ma période préférée de l’histoire de l’archer marvellien, entre sa caractérisation de gros con macho et son hideuse garde-robe que l’on croirait sortie d’un vieux péplum…
Non, mais franchement…
C’est Barry (pas encore Windsor) Smith qui s’est occupé des dessins de ces trois épisodes, alors qu’il était encore au même moment le dessinateur régulier de Conan the Barbarian. Je n’avais pas été convaincu par la prestation de l’artiste britannique sur Avengers #66 et 67 et là, c’est nettement mieux. Le style a évolué et l’identité visuelle s’affirme de plus en plus. L’encrage est juste un peu inégal et les plus belles pages restent celles du début du #100, avec un Smith qui s’encre lui-même…
AVENGERS #101 :
Five Dooms…to save tomorrow, le 101ème numéro de la série Avengers (plus que trois épisodes avant la fin du long run de Roy Thomas), a une origine étonnante. En effet, l’histoire avait été écrite par le romancier Harlan Ellison quelques années plus tôt pour la série Hawkman de la Distinguée Concurrence. Mais Julius Schwartz l’a refusée, la trouvant un peu trop « complexe » pour le titre. Ellison a alors accepté que son synopsis soit publié dans un fanzine spécialisé dans les comics, avec un changement du nom des héros, Hawkman et Hawkgirl devenant Falcon & Greywing.
Roy Thomas a lu et aimé cette histoire. Et parce qu’il avait besoin d’une idée pour un épisode unitaire avant son dernier arc narratif avec les Sentinelles, il s’est dit qu’il pourrait la retravailler pour en faire un véhicule pour les Avengers avec l’accord de Harlan Ellison (avec qui il avait déjà travaillé pour le diptyque Avengers #88/Hulk #140, post 3504). Dans cette aventure, les Avengers rencontrent Leonard Tippit, un homme à l’apparence banale qui acquiert des super-pouvoirs et qui est persuadé que son devoir est de tuer cinq personnes dont les enfants pourraient causer la fin du monde.
L’idée n’est pas mauvaise…le traitement est moins convaincant, notamment le rôle du Gardien dans le destin de Tippit (pour quelqu’un qui ne doit jamais intervenir, il s’est souvent assis sur ses principes). Il y a plein de petites choses qui ne fonctionnent pas dans cet épisode à la narration lourde et Roy Thomas s’est d’ailleurs dit quelques années plus tard qu’il aurait du en faire un arc en deux parties histoire d’« aérer » tout ça et de mieux développer certains éléments. Bon, pas sûr que ça aurait été la solution…
À la partie graphique, Rich Buckler s’installe pour la fin de la prestation de Roy Thomas. Et c’est pas mal…même si je trouve que l’encrage de Dan Adkins est assez faiblard. Ce sera nettement plus agréable pour les mirettes avec l’élégant Joe Sinnott sur les trois numéros suivants…
Souvenir qui a dû le hanter longtemps, comme en atteste sa reprise de la séries Avengers West Coast. Dans l’épisode 61, le personnage de Leonard Tippit fait son retour à l’occasion d’une évocation rapide. Pendant qu’Immortus affronte les Vengeurs et leur oppose une nouvelle version de la Legion of the Unliving, Agatha Harkness utilise les dernières traces d’énergie du vilain afin de plonger dans les souvenirs de ce dernier. C’est l’occasion pour le scénariste de rappeler la carrière du personnage, de positionner Wanda en nexus dimensionnel (et non plus en méchante), de résumer les événements précédents et de les connecter à d’autres intrigues, le tout dans le cadre d’une vaste intrigue dimensionnelle. C’est là qu’apparaît Leonard Tippit, à la faveur d’une pleine page de « résumé ».
La mention du couple R. J. M. Lofficier dans les crédits d’ouverture d’épisode laisse cela dit entendre que c’est peut-être Jean-Marc Lofficier qui s’est chargé de tricoter ensemble les différents fils narratifs. On sait l’importance que ce dernier a eu dans la définition des Time Keepers, qui font eux aussi une apparition dans cette saga (avant d’être affinés dans What If).
Jim
En me replongeant dans Avengers West Coast #61, je recroise ce super-vilain qui ne me dit rien, Oort the Living Comet. Bizarrement, je me dis que c’est sans doute un vilain obscur d’une vieille aventure de Hulk, ou un truc du genre, avec son costume un peu ringard…
Mais en fait, apparemment, c’est une blague de Roy Thomas. « Vous vous rappelez sûrement Oort, la comète vivante ? » Bah non, justement. Et ça peut se comprendre si Thomas (ou Lofficier, allez savoir) choisit de faire du personnage un super-vilain venu du futur, comme il laisse entendre quelques pages plus loin : apparemment, Oort a déjà rencontré Quicksilver et Scarlet Witch au 50e siècle. Mais pour eux, c’est une première.
Si le personnage ne fera pas d’autre apparition pendant une décennie, les Vengeurs n’ayant pas l’occasion de visiter son siècle futur, un scénariste se souviendra cependant de la courte apparition du personnage. En effet, Oort la Comète Vivante et son « Escadron Solaire » sont vaincus par les héros dans le futur. Une équipe à laquelle appartient Songbird. On le sait dans Avengers Forever #2, par Kurt Busiek et Carlos Pacheco.
Jim
Pleine page dessinée par Rich Buckler et encrée par Dan Adkins. Lettrage de John Costanza sous le pseudonyme de John Costa :
Jim
Il rappelle un gars de la legion des super heros, d ailleurs.
Wildfire, peut-être ?
Jim
Avengers #101, avec Leonard Tippit, a été réédité dans Avengers #27, durant la période Busiek / Pérez.
Cet épisode contient plusieurs autres rééditions. Outre le récit d’Ellison, Thomas et Buckler, il y a aussi Avengers #150 et 151, qui marquent le départ de Steve Englehart et l’arrivée de Wonder Man.
Et enfin, il y a un récit court, intitulé « The Day the Strangers Came », et qui a droit à cette réédition pour la seule raison qu’il est écrit par Kurt Busiek.
Cette histoire courte paraît pour la première fois dans Avengers Annual #19, dernière partie d’une saga courant sur différents Annuals avengeriens de cette année (1990) et intitulée « The Terminus Factor », où les Vengeurs affrontent une nouvelle itération du colossal vilain inventé par Byrne dans Fantastic Four puis repris par Stern dans Avengers.
Si le récit (sous une couverture dessinée par Tom Morgan dans un style très simonsonien) est écrit par Roy et Dann Thomas, alors habitués aux grosses machines de ce genre où le goût du scénariste pour la continuité s’exprime à plein sans pour autant déborder sur les séries mensuelles, l’une des back-ups est rédigée par Kurt Busiek, accompagné en l’occurrence par son ami Richard Howell.
Dans cette petite histoire, le lecteur est invité à faire la connaissance de Hubie Green, un garçonnet fan des Vengeurs. Ses parents tiennent un hôtel dans la petite ville où ils sont installés. Et Hubie est tout fou aujourd’hui, parce que ses idoles affrontent les Termini (oui, ils sont plusieurs) dans la bourgade voisine. À l’arrivée de visiteurs, sans doute des voyageurs de commerce, il emprunte le journal à l’un d’eux afin de découper des articles dans le cadre de sa grande enquête. Car Hubie est persuadé que les Fils du Serpent, cette sale engeance raciste, sévit dans l’Iowa. Des ennemis des Vengeurs, quelle veine !
Le lendemain, Hubie trouve dans la presse locale de nombreuses traces du combat des Vengeurs contre les Termini. Il croise également son grand frère, qui n’est pas d’humeur à causer des Vengeurs, parce que, vous comprenez, ce pays part en cacahouètes, il est jeté aux chiens, et ça va de plus en plus vite.
Bouleversé, le garçon se réjouit tout de même de découvrir, de manière inopinée, que les voyageurs de commerce sont en fait les Vengeurs sous couverture. Quelle belle surprise !
Il suit passionnément leurs exploits via les médias…
… et s’empresse de partager sa joie avec son grand frère Luke.
Mais à sa grande horreur, l’enfant découvre que ce dernier fait partie des Fils du Serpent. Il a entendu une partie de la conversation et sait que le groupuscule prépare un mauvais coup. Alors il fait ce que sa passion pour ses héros lui a appris : ce qui est juste.
Hubie se rend donc dans la chambre que louent les « voyageurs de commerce » et les informe de ce qu’il a appris. Puis, écoutant toujours la radio et obtenant la confirmation de l’arrestation de son frère, il range toutes les coupures de journaux qu’il a collectionnées durant tant de mois. L’héroïsme a pris un autre goût en ce jour où les étrangers sont arrivés.
Petite fable sur le mythe des héros, sur les pulsions fanboy, le récit réussit aussi à parler du passage à l’âge adulte et du rapport que l’on entretient aux rêves. Les super-héros y sont bien sûr centraux et pourtant étonnamment secondaires et périphériques. Une petite pépite méconnue.
Jim
Oui, lui !
AVENGERS #102-104 :
Les #102 à 104 de Avengers marquent la fin de la longue prestation (débutée au #35) de Roy Thomas sur les aventures des plus puissants héros de la Terre. Et il en a fait la suite de l’une de ses intrigues de la série X-Men (#57 à 59), avec le retour des personnages de Larry Trask et du juge Chalmers et surtout de ces Sentinelles qui semblaient s’être précipitées dans le soleil à la fin du #59. Mais ce n’était qu’une impression, les créations de Bolivar Trask sont de retour, avec un nouveau plan pour détruire les mutants. Et pour être bien sûr qu’il n’y ait plus de naissances, quoi de mieux que de stériliser toute l’humanité ?
Comme le soulignent les crédits du #102, l’idée de cette saga a été suggérée à Roy Thomas par un certain Chris Claremont, qui était alors assistant et qui allait encore attendre un an avant d’entamer sa carrière de scénariste (sur un Daredevil en 1973). Avant la double page de Rich Buckler qui annonce l’arrivée des Sentinelles, la première moitié du #102 se concentre sur la Vision et ses sentiments de plus en plus forts pour Wanda. Sentiments partagés mais encore inexprimés par la Sorcière. L’apparition du Moissonneur amène la surprise de découvrir que le corps de Simon Williams, alias Wonder Man, a été préservé depuis son décès dans le #9, le vilain posant alors un véritable cas de conscience à la Vision. Mais ce sera à l’auteur suivant de résoudre cela…pendant ce temps, Hawkeye oublie cette chose qu’est le consentement et se conduit encore comme un trouduc avec Wanda avant de se prendre la vérité en pleine face (et pitié, va changer de costume, Clint)…
Après tout ce drame, l’action commence. Partie se rafraîchir les idées, la Sorcière Rouge est enlevée par une Sentinelle. En colère, son frère Vif-Argent se lance seul à son secours et pour la retrouver, il s’assure l’aide de Larry Trask. Les Vengeurs mènent leur enquête de leur côté et tout ce beau monde finit par se retrouver en Australie pour le grand combat. L’ensemble est bien rythmé, la partie graphique est soignée (super duo Rich Buckler/Joe Sinnott) et les péripéties ne manquent pas jusqu’à un bon final, à la tonalité assez sombre vu le sort de l’un des protagonistes. Quant au mystère de la disparition de Pietro, qui n’est pas présent avec ses camarades dans les dernières cases, la réponse ne sera pas donnée par Thomas…
À partir du #105, Roy Thomas a effet passé le relais à Steve Englehart, pour un autre long run puisque le scénariste est resté aux commandes de Avengers jusqu’au #152.
Dans ses épisodes de West Coast Avengers, Steve Englehart s’intéresse à la carrière cinématographique de Simon Williams, alias Wonder Man, qui occupe un emploi de cascadeur (que d’économie à filmer un gars capable de survivre à des explosions de voitures) puis d’acteur. On croise notamment deux figures notables à l’occasion du tournage d’Arkon IV, à savoir l’acteur Arnold Schwarzburger (et son fort accent germanique) et le producteur, surnommé Dino, et son accent méditerranéen. Deux parodies limpides d’Arnold Schwarzenegger et de Dino De Laurentiis, historiquement unis par le tournage de Conan.
Quand Englehart quitte la série, Simon a plus ou moins renoncé à sa carrière ou, disons, il a privilégié sa place au sein de l’équipe. Les ressortissants du microcosme hollywoodien se font alors assez rares dans la série. Cependant, une nouvelle plongée dans ce petit monde bigarré est au menu d’Avengers West Coast Annual #6, en 1991, orchestré par Roy et Dann Thomas.
L’histoire principale, cinquième chapitre de la saga, est illustrée par le trop rare George Freeman. Plusieurs back-ups complètent le sommaire, parmi lesquelles « A Wasp in Hollywood! », court récit amusant illustré par Jeff Moore.
Tout commence alors que Janet Van Dyne se présente au bureau de Dino Domani. Le lecteur fidèle reconnaît le producteur déjà vu dans le giron de Simon Williams. La référence à Dino De Laurentiis devient évidente quand Roy Thomas glisse dans la bouche de Janet des propos ayant été tenus dans la vraie vie par l’acteur Arnold Schwarzenegger : la première rencontre entre l’acteur d’origine autrichienne et le producteur italien a été particulièrement houleuse, obstacle colossal qu’il a fallu franchir avant de produire le premier film Conan.
Si Janet vient voir Dino Domani, qui s’évertue à l’appeler Janice, c’est que le producteur est intéressé par le scénario qu’elle a écrit et qui raconte la fondation des Vengeurs. La petite histoire devient hilarante quand le producteur suggère quelques changements, qui paraissent ridicules mais en même temps complètement raccord avec l’ineptie galopante de la machine à broyer les idées sise au sud de la Californie.
Le producteur cherche à faire des économies (très drôle quand il s’intéresse aux tarifs des dresseurs de fourmiliers), mais en même temps, il veut voir grand. Et il est prêt à changer les noms, les tailles, les formats et les couleurs des héros, dont il peine à retenir les noms.
Bien entendu, le rendez-vous tourne vite court et Janet repart, quitte le studio et comprend que son scénario sur la naissance des Vengeurs ne sera jamais adapté. Ou alors ne ressemblera pas à ce qu’elle a écrit.
Roy Thomas signe ici, avec Jeff Moore aux dessins, une petite pique envers le monde hollywoodien, qu’il connaît bien pour l’avoir fréquenté notamment à l’occasion du second film Conan, ce qui lui confère une connaissance de première main au sujet de Dino De Laurentiis.
Jim
La dernière illu est très jolie. Sans doute parce que plus expressive que les autres.
Jim