WEST COAST AVENGERS #1-2 (+ VISON & SCARLET WITCH) :
Pendant sa prestation sur la série Avengers…et précisément l’arc narratif pendant lequel Vision est tombé sous l’influence de l’ordinateur ISAAC de Titan…Roger Stern a eu l’idée d’implanter une deuxième équipe de Vengeurs du côté de la Côte Ouest des Etats-Unis. Son but était d’avoir plus de personnages à sa disposition pour concocter des grandes sagas. Mais comme la mini-série qui a présenté les West Coast Avengers a eu son petit succès, Marvel en a voulu plus et a donné le titre à Steve Englehart, qui venait de faire son retour chez l’éditeur. Englehart est l’auteur d’un long run sur la série principale, du #105 au #152.
Pour sa première histoire, Steve Englehart a orchestré un crossover avec une autre série qu’il lançait au même moment, Vision & the Scarlet Witch. Les deux premiers numéros de chaque bouquin forment donc un tout dont le but était de clarifier l’histoire de cette relation fraternelle pas comme les autres unissant Wonder Man, le Moissonneur et Vision. Eric Williams veut à tout prix retrouver son frère Simon tel qu’il était avant sa « mort » et sa transformation, une obsession qui vient aussi bien de sa folie que de son sentiment de culpabilité. Il reforme alors sa vieille équipe, la Légion Fatale, à laquelle se joint Ultron. Son but est de kidnapper Wonder Man et Vision et de transférer leurs esprits dans le corps d’un criminel ressuscité et opéré par chirurgie pour devenir la copie conforme de Simon. Bref, il lui manque une case…et en plus, Man-Ape et l’Ergot Noir se rendent compte que leur chef n’est qu’un gros raciste tombé amoureux de l’albinos Nekra car elle est d’une blanche pureté (sighh…)…
Englehart présente d’abord l’équipe, toujours à la recherche d’un sixième membre qui ne sera pas Hank Pym, venu au QG de la Côte Ouest pour enquêter sur les nouveaux pouvoirs de Erik Josten alias Goliath.S’il en a fini avec les équipes de super-héros, Pym se retrouve pris dans le combat entre les VCO et la Légion Fatale avant d’être enlevé par Ultron. Au même moment, Vision et la Sorcière Rouge ont leurs propres problèmes avec l’Ergot Noir. Les héros vont ensuite s’allier pour contre-attaquer après une petite visite chez la mère des Williams pour une évocation du passé troublé de la famille…
L’ensemble n’est pas sans quelques maladresses (avec quelques lourdeurs dans la caractérisation) mais ce début des deux séries menées en parallèle ne manque pas d’action et de rebondissements, avec un final qui rétablit une fois pour toute la vérité sur les actions de Simon Williams et souligne sa volonté d’aller de l’avant avec un nouveau « frère », la Vision, à ses côtés. Graphiquement, c’est inégal…Al Milgrom dessinait deux titres au même moment (West Coast Avengers et Secret Wars II) et il dépendait beaucoup de l’encreur. Le résultat est donc beaucoup plus agréable à l’oeil avec le vétéran Joe Sinnott sur le #1 qu’avec Kim DeMulder sur le #2…
Après le combat contre le Moissonneur et Ultron, les Vengeurs retournent dans leur Q.G. de la Côte Ouest, laissant la Sorcière Rouge et Vision à leur vie de couple (racontée par Steve Englehart dans une maxi-série que Lug n’avait pas publiée en entier…trois épisodes restent inédits). Dans West Coast Avengers #3, l’équipe fait le point…Wonder Man rumine ce qui s’est passé avec son frère; Oeil de Faucon recherche toujours un sixième membre; Hank Pym se propose de s’occuper de l’intendance du Q.G. pendant qu’il examine les pouvoirs de Erik Josten, le nouveau Goliath (en gros, il reprend le rôle de Jarvis mais sans servir le thé et les repas) et Tigra a du mal à se contrôler.
La nature féline de Greer Nelson prend en effet souvent le dessus sur sa partie humaine, ce qui la rend difficile à vivre, aussi bien en ce qui concerne ses relations avec les hommes que son rôle sur le terrain où elle se sent inutile par rapport à ses coéquipiers. Thème intéressant mais l’écriture d’Englehart rend tout de même Tigra souvent insupportable. Pour prouver sa valeur, elle affronte Kraven le Chasseur dans le #3…Tigra tient la distance face au vieil ennemi de Spider-Man mais elle a tout de même besoin de Oiseau Moqueur, ce qui lui vaut une petite leçon sur le travail d’équipe.
À la fin du #3, les Vengeurs en sont toujours à se demander qui sera leur sixième membre lorsque quelqu’un frappe à la porte parce qu’il a besoin de passer un coup de fil…Ben Grimm, alias la Chose. C’était l’époque où Ben avait quitté les F.F. après son retour de la planète du Beyonder. La Chose aux yeux bleus était devenu la nouvelle tête d’affiche d’une fédération de catch et n’avait pas l’intention de rejoindre une équipe de super-héros, ce qui n’empêche pas Clint Barton d’essayer de lui forcer la main au début du #4. Moment souriant avant l’apparition soudaine de Firebird, une héroïne créée par Bill Mantlo lors de son run sur Incredible Hulk.
Pour ceux qui ne la connaîtraient pas, Steve Englehart résume dans un premier temps le passé de Bonita Juarez avant de révéler que la jeune femme est poursuivie par un être étrange appelé Master Pandemonium, à la recherche de qu’il appelle les « Cinq ». Les Vengeurs de la Côte Ouest ne tardent pas à combattre ce Pandemonium, avec l’aide involontaire de la Chose, une drôle de baston qui permet d’avoir un premier aperçu des capacités grotesques de Master Pandemonium, dont le corps est composé de démons. L’affrontement se termine sur un match nul, Pandemonium et son oiseau géant fumeur de cigares (!) gardant encore leur mystère pendant quelque temps…
Je relis les Vengeurs de la Côte Ouest dans Titans (vu que je n’achète quasiment plus d’intégrales Panini) et c’est une relecture bien évidemment incomplète. Au début du #6, Michael Morbius apprend aux Avengers une formule pour établir le contact avec le peuple-chat afin d’aider Tigra, déchirée par sa dualité humaine/féline ce qui la rendait particulièrement chian…difficile à supporter avec ses remarques cassantes, particulièrement envers Firebird. Il s’agissait de la suite directe du #5, non publié par Lug, dans lequel apparaissent Morbius et le lycanthrope Jack Russell.
Sans Iron Man (pris dans sa propre série) et Wonder Man (j’y reviens ensuite), l’équipe a besoin de gros bras et Hawkeye passe un coup de fil à la Chose (Englehart montre bien que Firebird aimerait rejoindre les Vengeurs mais elle est ignorée par Clint). Le Balkatar, représentant des hommes-chats avec le monde des humains, est invoqué et les Vengeurs se rendent dans l’autre dimension. La rencontre est houleuse (histoire de glisser un chouïa d’action dans un épisode très explicatif) et les Vengeurs acceptent d’être enfermés pour que Tigra obtienne des réponses.
Le scénariste récapitule alors le passé du peuple-chat (en prenant notamment pour base un récit court écrit par Roger Stern…Al Milgrom et Kyle Baker s’amusent même à rendre hommage au style de Steve Ditko) et le souverain accepte d’aider Tigra en échange de la mort de leur ennemi, un certain Master Pandemonium. Un détail que Tigra va cacher au reste de l’équipe…
Pendant ce temps, Wonder Man a l’occasion de relancer sa carrière cinématographique et obtient le rôle du grand vilain de Arkon IV, long métrage lointainement inspiré par une vieille connaissance des Vengeurs, interprétée ici par un certain Arnold Schwarzburger. Le producteur Dino de Laurentiis a même droit à une amusante parodie (et cette parenthèse hollywoodienne est la meilleure scène de l’épisode). Hank Pym a son lot de problèmes car il est contacté par la nouvelle version de Ultron, Mark-XII, qui souhaite se rapprocher de son « père ». C’est sans compter le précédent Ultron, revenu sur Terre grâce à la Chose après son passage sur la planète du Beyonder…
West Coast Avengers #7 est presque entièrement consacré à cette sous-intrigue pas vraiment convaincante, aux situations et dialogues maladroits. Les autres Vengeurs étant absents, Pym est aidé par Wonder Man pour un final expéditif…mais là c’est aussi un peu la faute de la V.F. puisque Lug avait sorti ses ciseaux et sabré quatre pages…
Après avoir vécu deux aventures supplémentaires aux côtés des Vengeurs de la Côte Ouest (dans les #8 et 9 non publiés par Lug et donc restés inédits jusqu’à l’Intégrale Panini…le #9 présentait le second round contre Master Pandemonium), la Chose accepte de rejoindre l’équipe…avant de leur faire faux bond le jour de la présentation aux journalistes. La réponse se trouvait dans les pages du dernier épisode de la série solo de Ben Grimm, dans lequel le héros devait affronter une nouvelle mutation de son corps de pierre.
Alors que les Vengeurs recherchent Ben, Hawkeye apprend par l’intermédiaire de la Guêpe que la règle concernant la limite de la composition de l’équipe n’existe plus et donc que son obsession de la recherche d’un sixième membre a montré qu’il s’était conduit comme un idiot auprès de Firebird (qui avait préféré quitter la Côte Ouest juste avant cela).
Suite à un coup de fil anonyme, les Vengeurs obtiennent un tuyau sur la possible localisation de Ben Grimm mais il s’agissait en fait d’un piège tendu par un nouveau vilain ridicule appelé Headlok, flanqué du monstrueux Griffon. Ce Headlok n’est pas vraiment la meilleure création de Steve Englehart (loin de là), le combat est mollasson et la façon dont Oiseau-Moqueur utilise son entraînement pour contrer le pouvoir mental du méchant est intéressante mais illustrée de façon assez stupide.
Ce numéro très, très moyen se termine par un au revoir à Ben Grimm, venu aider les Vengeurs de la Côte Ouest tout en restant dans l’ombre. Son histoire s’est poursuivie dans Fantastic Four #296, l’épisode spécial des 25 ans de la première famille Marvel.
Ah c’est clair que les débuts de la série sont poussifs : passé le premier arc, la série se cherche, les personnages aussi, le scénariste aussi. Le Peuple-Chat, c’est sympa, mais je crois vraiment que ça décolle plus tard. Le voyage temporel, le Zodiac, là, c’est bien. Avant, ça part dans tous les sens sans porter de fruits.
Le Zodiac, de mémoire, ça passe. Mais malheureusement pour Englehart, je l’ai toujours associé aux Vengeurs de la Côte Ouest, et je trouvais ça très lourd. Et la suite de sa carrière : les Surfer avec Rogers, ou les FF avec Buscema, j’avais le même sentiment. Je suis du coup très frileux pour tester (ce que je ne ferai sans doute jamais) ses Vengeurs ou ses Batman.