DAREDEVIL #236 : RÊVE AMÉRICAIN
Comme le Doc n’a visiblement pas cet épisode, je me permets une petite incursion au milieu des chroniques sur le run d’Ann Nocenti… qui débute en fait avec cet épisode, construit comme un one-shot, puisque, comme l’a dit le Doc, ce devait être Steve Englehart qui aurait dû prendre le relais de Frank Miller.
La Veuve Noire est engagée par une entité gouvernemental (ou semi-gouvernemental, c’est pas très clair à ce sujet), qui emploie des mercenaires pour toute activité. Suite à ce qui est arrivée à Nuke dans Armageddon, l’un d’eux, surnommé Hazzard, prend conscience de ce qu’il a fait, perd les pédales au point que ses perceptions, visuelles notamment, sont trompés par des souvenirs. Romanov est chargée de le retrouver et de l’empêcher de péter les plombs comme Nuke, quitte à ce qu’il s’autodétruise en silence.
Cependant, Hazzard a déjà commencé à faire parler de lui, puisqu’en rentrant dans son quartier, il a provoqué des arrêts cardiaques lors d’altercations (il a le pouvoir se « synchroniser » sur le cœur d’une personne et d’en prendre le contrôle, en quelque sorte). Cela a attiré Daredevil, qui retrouver la Veuve Noire. Les deux ex vont faire équipe, et comme la mère d’Hazzard habite dans l’immeuble où Nuke a fait exploser un hélicoptère, ils le retrouvent rapidement. A la vue du masque de Daredevil, l’ancien militaire, croyant, part en vrille et le combat s’engage. Natacha finit par attraper son arme et le met en joue. Cependant, alors qu’elle hésite, Hazzard pousse le doigt de la Russe qui était sur la gâchette. Un 4 juillet !
Je ne sais pas si Niocenti avait cette histoire en tête depuis longtemps, mais l’épisode est assez dense, et fourmille de pas mal de détails (je ne suis pas sûr de tous les avoir repérés). A travers le soldat, on peut voir la manipulation par le « docteur » qui engage Romanoff, celui qui a donné les « pouvoirs » à Hazzard. Sa manière de voir son sujet amène le rend encore plus froid, il le considère uniquement comme une arme. pour lui, le cerveau est vraiment un outil dangereux pour l’armée. (la manipulation peut aussi être vue via Natacha, qui exploite Daredevil et son image pour arriver à ses fins)
On y voit aussi la petite maison, la famille heureuse via une publicité d’une assurance, s’appelant l’Aigle. Une chimère.
L’influence aussi de la religion sur les perceptions du militaire. Celui-ci apprend également le maniement d’une arme à un petit enfant que garde sa mère, il lui inculte les premiers rudiment de la guerre. L’épisode se termine par l’image du gamin à sa fenêtre, casqué, une arme à la main, visant en direction du lecteur, et au milieu des feux d’artifices.
Après, Nocenti n’oublie pas où elle débarque. Certes, Murdock n’est pas présent, mais entre la référence directe à Nuke et l’échange rapide sur ce qu’à vécu Matt pendant Born Again, elle s’inscrit complètement dans la continuité de Miller (même si ce n’est visiblement pas celle d’Englehart, mais je ne vois pas ce qui gênait … l’absence de Karen, peut être ?). J’aime bien aussi qu’elle fasse revenir la Veuve Noire sans costume (ce qui rappelle un peu la période Wonder Woman sans pouvoir), qu’elle fasse aussi référence à la période San Francisco (et puis elle s’en sert aussi pour montrer la femme dans un milieu d’hommes).
Le dessin est assuré par l’énorme Barry Windsor-Smith, dont le seul bémol est de donner l’impression que le feu d’artifice se passe de jour. Sinon,c’est quand même de haute volée, et je trouve que la transition avec Miller et Mazzucchelli est parfaite. Je n’avais pas percuté lors de ma première lecture, mais c’est rigolo de voir qu’il a des marottes dans la représentation des docteurs manipulateurs, car celui de ce récit ressemble beaucoup, à mes yeux, à celui de l’Arme X.
Pour le reste, le dynamisme des combats, l’utilisation de plans distinct en fonction de l’impact qu’il veut donner (le petit au garde ç vous, avec son ombre qui reflette sur le mur à côté d’un signe religieux… je vous ai dis que je ne verrai sûrement pas toutes les références).
Bref, cet épisode est un petit bonbon cynique.
(ce qui est rigolo, c’est que cette couverture a été utilisée par Semic pour le lancement de la VI Daredevil, qui débute pourtant au #253)