Marcio Abreu
Typhoid Mary par Alex Maleev
Typhoid Mary par Atilio Gambedotti
Typhoid Mary par Stuart Sayger
Typhoid Mary par John Van Fleet
Typhoid Mary par Jay Fife
DAREDEVIL #271-273 :
À la fin de Daredevil #267, le numéro qui correspond au début du voyage à travers l’Amérique de l’Homme sans Peur, Matt Murdock a sorti de l’épave de son petit avion un homme qui se révèle vite assez louche. En effet, grâce à ses sens développés Matt s’est rendu compte que le bonhomme, qui se réjouit intérieurement que son sauveur soit aveugle, transporte dans son sac des armes et de la drogue. Skip, le pilote, lui laisse sa carte et lui dit de passer quelques semaines plus tard par sa ferme où habite sa fille Brandy.
Quatre épisodes plus tard, Daredevil observe la fille de Skip en train de s’entraîner avant de s’équiper d’un pistolet et de grenades. Intrigué, il la suit en s’accrochant à sa voiture mais elle le remarque et tente de le déloger. Un bon petit moment de suspense et d’action mais Brandy n’est pas vraiment de taille et elle déballe alors à DD son histoire et sa relation conflictuelle avec un père qui, s’il travaille de temps en temps pour le gouvernement, trempe aussi dans de nombreux trafics.
Tout au long de sa longue prestation sur Daredevil, Ann Nocenti a parlé de sujets forts, de manière nuancée ce qui permet à plusieurs avis de s’exprimer par la voix de ses protagonistes. Par la rencontre de Daredevil avec Brandy, jeune femme passionnée qui lutte contre les dérives de l’entreprise agro-alimentaire de son père, la scénariste aborde la cause animale sans toutefois trop accabler les mangeurs de viande car pour Brandy, l’important est que les gens voient ce qui se passe pour que les les conditions d’élevage soient améliorées.
Par l’intermédiaire de Numéro 9, une créature de rêve améliorée génétiquement pour satisfaire les plaisirs de l’homme…et principalement ceux de Skip qui est tombé amoureux d’elle (si on peut appeler ça de l’amour) en se prenant pour un Docteur Frankenstein…le récit explore l’éthique scientifique et les excès d’une course à la beauté ici poussée à l’extrême. La caractérisation est soignée et les échanges piquants ne manquent pas d’intérêt, notamment parce que Brandy et N°9 sont très différentes et que Daredevil semble encore parfois un peu perdu.
La baston n’est pas oubliée puisque pour récupérer sa N°9, qui a suivi Brandy et DD après leurs actions dans sa ferme, Skip leur envoie un mercenaire appelé Shotgun qu’ils affrontent au cours d’une course poursuite nerveuse. Ann Nocenti développe aussi une sous-intrigue avec les Inhumains, suite d’un graphic novel dessiné par Bret Blevins et resté inédit. L’enfant de Medusa lui a été enlevé par le conseil génétique d’Attilan. Face à la détresse de leur reine, Gorgone et Karnak décident de partir à la recherche de l’héritier royal et suivent sa trace jusqu’à la Terre…
DAREDEVIL #274-277 :
Daredevil #274 est en grande partie consacré à la drôle de dynamique familiale entre Brandy, son père Skip et N°9, la fille qui rêvait d’être parfaite à cause de la pression de la société et des magazines et qui a fini par devenir un cobaye de laboratoire. L’indépendante Brandy ne supporte pas la programmation de femme soumise de N°9 et Daredevil n’a pas intérêt à être dans le coin quand les deux s’asticotent. Pour récupérer son « bien » (le gars est vraiment glauque), Skip s’invite à la discussion suite à l’échec de Shotgun. À cause du comportement du moustachu, Daredevil fait parler les poings ce qui ne fait pas autant de plaisir que ça à Brandy car même si elle le déteste, Skip reste son père. Et c’est là que Karnak, Gorgone et Gueule d’Or font leur apparition.
Les liens entre Attilan et la ferme de recherches génétiques de Skip ne sont pas vraiment expliqués en détail. Cet indice ne les mène nulle part mais ils vont tout de même s’incruster dans la série pour continuer leur quête. Avant de repartir, les deux Inhumains sont pris dans le combat du justicier aveugle contre Ultron. Les #275 et 276 font en effet partie de Acts of Vengeance, le crossover bordélique qui avait touché les titres Marvel fin 1989/début 1990 et dans lequel les principaux vilains de cet univers s’échangeaient leurs adversaires sous l’impulsion d’un manipulateur qui s’est avéré être Loki.
Dans Daredevil, c’est donc Fatalis qui envoie Ultron contre Daredevil. Ann Nocenti a toujours su faire une utilisation intéressante de ces grands événements en les intégrant à ses histoires (voir les numéros liés à Fall of the Mutants et Inferno). Ce n’est alors plus une contrainte mais un chapitre de ce qu’elle a à raconter, le nouvel éveil à la conscience d’un Ultron perturbé par toutes ses personnalités s’inscrit ici efficacement dans les thématiques qu’elle explore au cours d’une confrontation pleine de symbolisme et de sentiments troublés et exacerbés.
Je passe rapidement sur le #277, un fill-in qui se déroule juste avant que Daredevil quitte New York. Un conte fantastique et psychologique aussi étrange qu’ennuyeux dans lequel la présence de Daredevil semble presque déplacée. Ce n’est pas ce que Ann Nocenti a écrit de mieux et l’ensemble ne vaut que pour la partie graphique signée Rick Leonardi.
DAREDEVIL #278-282 :
Les épisodes 278 à 282 de Daredevil forment un arc narratif complet pour lequel Ann Nocenti a bouclé sa grande histoire avec Mephisto et Blackheart, deux entités qui hantent le justicier aveugle depuis plusieurs numéros. Il s’agit aussi des derniers Daredevil signés par John Romita Jr, le dessinateur régulier du titre depuis le #250. Romita Jr a ensuite quitté la série pour une vieille connaissance, Iron Man, le Vengeur doré dont les aventures étaient alors écrites par John Byrne (une prestation qui correspond à la saga Armor Wars II).
Daredevil, Brandy et N°9 offrent leur aide à Karnak et Gorgone, présents sur Terre pour retrouver le fils de Flèche Noire et Medusa exilé à cause des décisions du conseil génétique d’Attilan. Le voyage sera bien entendu mouvementé car ce groupe pour le moins hétéroclite va devoir résister aux manipulations et aux tentations de Mephisto et de son fils/création Blackheart (personnage que l’on peut voir comme une autre variation de l’enfant qui pose un regard sur son « père » et sur son monde). Ils dénichent l’héritier royal dans un trou perdu, des passages qui font penser à une sorte de pastiche de Superman…sauf que là la famille qui a recueilli le gamin aux super-pouvoirs est complètement perdue et que les fermiers du coin sont prompts à sortir les fourches face à ce qu’ils ne comprennent pas.
La place accordée à Mephisto amène la bande de héros à faire une chute abyssale. Après l’enfer sur Terre de Inferno, les Daredevil #280 à 282 nous font visiter les profondeurs infernales, une dernière escale incontournable dans ce chemin de croix imaginé par Ann Nocenti, John Romita Jr et Al Williamson. L’ensemble est un peu décompressé mais l’atmosphère est troublante et les visuels impressionnants, élégants, poétiques, déments (comme l’évolution de la forme physique de Mephisto), bref bourrés de trouvailles pour illustrer les épreuves des protagonistes séparés avant d’être réunis pour un final intense et hallucinant même s’il n’échappe pas à l’astuce du deus ex machina sous la forme du Silver Surfer. Dantesque !
Et une belle manière pour John Romita Jr de dire au revoir à Daredevil, qu’il a retrouvé trois ans plus tard pour la mini-série Man without Fear de Frank Miller (post 1321). Quant à Ann Nocenti, elle n’avait pas encore fini d’écrire les déboires de Matt Murdock…
La couverture du #283 par Mark Bagley :
Un épisode resté inédit en V.F., les lecteurs de la V.I. n’ont donc pas assisté aux adieux expéditifs entre DD et ses compagnons revenus des enfers (voir posts ci-dessus). Le personnage de N°9 n’a plus été vu par la suite :
Tu me donnes envie de me refaire ce run.
Je vais redécouvrir en quelque sorte la dernière partie (dessinée par Lee Weeks et Kieron Dwyer alors peu connus) car contrairement aux JRJr (que j’avais relus en Icons), ma dernière lecture des V.I. remonte à très, très longtemps…