1964-2024 : BON ANNIVERSAIRE DAREDEVIL !

Romita Jr, Williamson & Scheele :

DAREDEVIL #266 :

Inferno à peine terminé (post 1400), les New Yorkais s’apprêtent à fêter Noël. Au début de Daredevil #266, l’Homme sans Peur est toujours assis dans le même bar en train de boire une bière. Autour de lui les habitués…dont une vieille femme seule, un homme qui a quitté son épouse il y a longtemps, deux frères qui papotent tranquillement avant de rejoindre le dîner familial. Une femme entre et s’assoit sur le tabouret libre à côté du héros. Le lecteur se doute rapidement que quelque chose ne va pas car cette nouvelle venue montre différents visages et apporte avec elle une sensation de malaise palpable.

Perdu dans sa honte d’avoir trahi Karen, Daredevil ne se rend pas compte de ce qui se passe autour de lui alors qu’il est tenté par cette inconnue qui a engagé la conversation. Les deux frères se disputent, le ton monte, le premier casse une bouteille et éventre son aîné. Si les discussions familiales pendant les fêtes de fin d’années peuvent parfois tourner à l’aigre, la situation est ici poussée à son paroxysme…car celui qui a provoqué cette horreur uniquement par sa présence méphitique n’est autre que…Mephisto, le prince des enfers !

Pas d’action ici, Ann Nocenti et John Romita Jr privilégient l’atmosphère et c’est très réussi. Le dessinateur en a profité pour livrer sa propre vision de l’entité maléfique créée visuellement par John Buscema dans les années 60 et ce « relooking » est vraiment marquant. Avec cet épisode de Noël très différent du précédent, Ann Nocenti signait le prologue du long arc narratif qui allait envoyer le héros aveugle loin de sa ville de naissance…et dans lequel Mephisto sera une figure récurrente…

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Ca m’avait marqué cette représentation de Mephisto… complètement à l’inverse d’un Buscema à mes yeux.

John Paul Leon :

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Je me suis toujours demandé ce qui avait motivé ce choix. C’est SA représentation, et dans le cadre du récit ici, ça fonctionne complètement !

Totalement.
J’ai adhéré de suite.

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L’image, plus tard, quand il dévore Blackheart, est unique.

MARVEL-VERSE : DAREDEVIL

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Dans les années 90, Marvel a multiplié les titres dont beaucoup n’ont connu qu’une durée limitée. C’est le cas de Uncanny Origins, une série de 14 numéros lancée en 1996 dont le but était de faire redécouvrir les origines des héros Marvel (et pas que les plus illustres puisque même Firelord a eu droit à son numéro). Le #13 consacré à Daredevil ouvre cette mini-anthologie Marvel-Verse. Alors qu’il se prépare à recevoir le prix de l’avocat de l’année, Matt Murdock passe près du gymnase où son père s’entraînait il y a bien longtemps, de quoi faire ressurgir ses souvenirs. Le scénariste Bob Budiansky passe en revue les événements fondateurs qui ont fait de Daredevil le héros qu’il est devenu…rien de bien nouveau pour les lecteurs de longue date donc mais le récit est solide, la partie graphique par M.C. Wyman beaucoup moins…

Le sommaire propose ensuite un épisode de la série tous publics Marvel Age Spider-Man qui se trouve être un remake du classique Amazing Spider-Man #16 de Stan Lee et Steve Ditko racontant la première rencontre entre le tisseur de toiles et l’homme sans peur. Bon, on est loin des qualités de l’Amazing des sixties…surtout avec Shane Davis aux dessins…mais au scénario, Todd DeZago (qui est devenu bien rare) se sort bien de l’exercice de la réécriture « moderne » d’une histoire vieille de presque quarante ans.

Après la saga Born Again, la série régulière de Daredevil a du passer par quelques fill-in avant l’arrivée de la nouvelle scénariste Ann Nocenti. Et le vétéran Steve Ditko en a dessiné deux, les #234 et 235 (il faisait pas mal de bouche-trous pour Marvel dans les années 80 et 90). Dans le #235, Daredevil est toujours en pleine réflexion sur son changement de vie après sa descente aux enfers orchestrée par Frank Miller. Le scénariste Danny Fingeroth écrit cela de façon un peu lourde avant de laisser la place à l’action, DD affrontant un de ses vieux ennemis, Mr Hyde. L’ensemble est assez moyen (il n’est pas étonnant que Lug passait ces numéros anecdotiques à l’as à l’époque) mais visuellement j’ai bien aimé le mariage du style de Ditko et de l’encrage un peu plus « gras » de Danny Bulanadi.

Après ces trois numéros anecdotiques (même s’ils se laissent lire sans déplaisir), c’est un bonheur de se replonger dans un épisode de la période Mark Waid et Chris Samnee, le #30 avec le Silver Surfer. Une incursion S.F. dans l’environnement urbain du héros aveugle qui fonctionne très bien avec un hommage très bien ficelé aux fameux malentendus entre héros des années 60, de la légèreté (la vision dynamique d’un DD souriant maniant le surf de Norrin Radd) et une dernière page quasi-muette (ce qui ne l’empêche pas d’être très expressive) qui l’est moins. Waid et Samnee maîtrisaient parfaitement les changements de ton pendant leur superbe prestation (et j’ai d’ailleurs arrêté de lire Daredevil après leur départ).

Et pour terminer, il y a du plus récent avec un extrait d’un annual Daredevil écrit par Charles Soule. Daredevil fait équipe avec Echo pour arrêter Klaw car le vilain propage son énergie sonore tel un virus. L’idée n’est pas mauvaise car elle développe une utilisation intéressante des pouvoirs du Maître du Son face à des adversaires qui ne peuvent pas compter sur la vue et l’ouïe mais je n’ai pas été emballé par les dessins de Vanesa Del Rey, dont le style n’est pas vraiment à mon goût aussi bien au niveau des silhouettes que des décors.

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Ed Benes :

DAREDEVIL #267-268 :

Après l’enfer sur Terre, il est temps pour les New Yorkais de se relever et d’affronter ce que l’avenir leur réservera. Mais Daredevil, le protecteur de Hell’s Kitchen, est assailli par ses nombreux doutes. Les événements des précédents épisodes l’ont brisé et il n’a plus rien…Karen est partie, l’association d’aide aux défavorisés est détruite. Comme le montre la scène du confessionnal, Daredevil est tiraillé entre son désir d’aider les faibles, de combattre l’injustice et la violence qui s’est emparé de lui.

Il n’est alors pas étonnant que son chemin croise à nouveau celui de Lance, le fils du mercenaire Bullet (les deux personnages sont apparus pour la première fois dans le premier épisode dessiné par John Romita Jr), un pauvre gosse qui réagit à sa façon à la folie du monde. La confrontation entre Bullet et Tête à Cornes ne résout rien…ce qui était évident dès le début car DD n’avait plus le goût à la revanche après son entretien avec Lance…et elle pousse Matt Murdock à prendre une décision radicale.

Pour reconstruire Daredevil, Ann Nocenti l’envoie sur les routes, loin de la Grosse Pomme, dans un long périple où le héros déchu rencontrera des personnages complètement perdus…comme lui. Ce road-trip débute en pleine campagne, un paysage enneigé, élément qui a sa propre symbolique et qui aura son importance par la suite tout comme le pilote un peu louche sauvé par Matt à la fin du #267.

Dans Daredevil #268, Matt Murdock fait une pause dans une maison d’hôtes tenu par un couple hanté par le passé et des décisions difficiles. Il ne peut s’empêcher de les écouter, de suivre le mari pris au piège d’une relation toxique avec un grand frère pourri jusqu’à l’os. L’atmosphère est pesante, la narration est sèche, efficace et John Romita Jr montre qu’il est aussi à l’aise dans les aspects plus psychologiques, avec des discussions qui ne sont pas illustrées de façon statique, des scènes oniriques à l’ambiance cauchemardesque et des flashbacks à l’impact visuel fort par leur minimalisme et le choix des couleurs.

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David Mack

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Alex Maleev

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Le Caïd par Lee Weeks

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Daredevil et Spider-Man par John Armor

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DAREDEVIL #269 :

Au début de Daredevil #269, Matt Murdock erre toujours d’une ville à l’autre, tel un Kwai Chang Caine dans Kung Fu ou un David Banner dans L’Incroyable Hulk (manque plus que le thème du Lonely Man de Joe Harnell). Sa prochaine étape est un de ces trous perdus où les journées s’écoulent paisiblement. Mais pas cette fois…car cette ville va recevoir la visite de deux membres de l’équipe gouvernementale Freedom Force, le Colosse et Pyro, venus chercher une jeune mutante qui a échappé à la Loi de Recensement des mutants, une violation des droits civiques pour l’ancien avocat.

Même si la lecture reste bonne, L’Etranger Solitaire est un épisode un chouïa plus faible que les précédents du run de Ann Nocenti et John Romita Jr. Le portrait des deux vilains (pas vraiment repentis), qui les montre très portés sur la chose, est assez maladroit, notamment avec un Fred Dukes en mode harceleur bien lourdaud (je ne me rappelle plus si ça avait déjà été le cas dans d’autres titres mais là c’est un peu trop appuyé). La mise en place est un peu lente mais la deuxième partie est plus énergique quand Daredevil entre finalement en scène.

L’un des aspects intéressants du récit est le fait que les habitants de la bourgade échappent au cliché des bouseux anti-mutants. La fille que recherchent le Colosse et Pyro est protégée par ses amis avant que DD s’en mêle pour éviter que les villageois soient blessés par les gars de Freedom Force. John Romita Jr signe des bastons nerveuses et si cet affrontement semble déséquilibré sur le papier, la façon dont le héros vient à bout de ses adversaires est plutôt bien vue.

Matt Murdock reprend la route dans les dernières cases, accompagné seulement par le bruit de sa canne sur le sol. Le Lonely Man

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DAREDEVIL #270 :

Le numéro 270 de Daredevil s’intitule Coeur Noir. Un titre pas vraiment optimiste pour un épisode qui peut se voir pourtant dans un premier temps comme une « récréation » pour l’Homme sans Peur…car Matt Murdock commence à aller mieux. Au fil de son errance à travers les Etats-Unis, il retrouve même peu à peu le sourire et le début du deuxième acte de l’histoire le montre se lancer dans des acrobaties au sommet du grand huit d’un parc d’attractions.

Mais même loin de tout, le mal retrouve sa trace avec la première apparition d’un nouveau personnage : Blackheart, le « fils » de Mephisto, qui débute à peine son exploration de la nature humaine. Si les premières pages se déroulent sur un ton terriblement triste et désespéré (avec notamment trois superbes pleines pages par John Romita Jr et Al Williamson), le dernier tiers du #270 est plus orienté action.

Et c’est là qu’intervient Spider-Man. Comme le hasard est bien fait (on se croirait presque dans un Marvel Team-Up), Peter Parker revient d’un trajet en bus lorsqu’il aperçoit les dégâts causés par le face-à-face entre Daredevil et Blackheart et il s’empresse naturellement de venir aider son ami. Bonne occasion pour les auteurs d’orchestrer un combat bondissant et une énième démonstration de l’efficace dynamique d’équipe entre les deux héros. Et le tout s’inscrit bien dans le grand plan d’ensemble de Ann Nocenti avec la présence en observateur de Mephisto, jamais très loin de Daredevil.

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Typhoid Mary par Phil Noto

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Typhoid Mary par John Van Fleet

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Typhoid Mary par Sara Richard

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