1974-2024 : BON ANNIVERSAIRE LE PUNISHER !

PUNISHER : LA GUILDE DES ASSASSINS

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En 1988, le 40ème numéro de la prestigieuse collection Marvel Graphic Novel (qui alimentera bon nombre de Top BD chez Lug) voit apparaître pour la première fois le Punisher. Un format de 60 pages qui permet à Joe Duffy, novice sur le personnage si je ne m’abuse, d’avoir le temps de développer une histoire assez inhabituelle à l’époque, notamment dans la relation qu’a pu avoir ici Castle avec cette fameuse Guilde.
En effet, le justicier solitaire va se retrouver sur la même « enquête » que cette guide des assassins, cachée sous les traits d’un vrai restaurant asiatique. Ses membres (serveurs, cuisiniers) tuent sur commande, la plupart du temps (du moins pendant l’histoire) des coupables avérés. Hormis que ce soit un travail monnayé, leur politique ressemble à celle du Punisher.
Cependant, ils restent sur leur garde avec lui, tout comme lui avec eux, et c’est par le biais d’une jeune asiatique qui envoûtera progressivement Castle, là où c’était surtout une tentative d’approche.
Leur but commun est de se débarrasser d’un réseau de personnes qui arrivent à effacer « les dettes » et à faire oublier les exactions de délinquants, quel que soit le crime qu’ils ont commis. Parce que l’un des clients a fini par tué une amie de Reiko, la jeune asiatique qui fricote avec le Punisher. Et parce que le Punisher a tué ce client avant qu’il tue d’autres jeunes femmes et qu’en renseignant sur celui-ci, a découvert le réseau.
En remontant le fil, ils vont découvrir que tout est géré à la base par un homme installé dans un tour dans Manhattan, presque une forteresse tant elle est sécurisée. Evidemment, le trio (Castle, Reiko et Masumi, qu’elle a pris sous son aile pour le former) va réussir à investir les locaux, faire un carnage au sein de la garde rapprochée et tuer l’homme par qui tout à commencer, non sans perdre Masumi pour cela.
Le Punisher et la Guilde décideront, par un commun accord silencieux de s’oublier les uns des autres.

Quand on laisse de la place à un auteur, ça peut donner des épisodes de grandes qualité. Ici, Joe Duffy nous montre un Punisher pas loin d’un James Bond dans l’attitude et la méthode d’approche, prenant le temps de connaitre les forces en présence, quitte à jouer un rôle. Même si on sait qui est le véritablement vilain, il y a une sorte de jeu de chat et de souris mâtiné de séduction entre Reiko et Castle, qui dure un peu, l’un comme l’autre ne sachant pas vraiment s’il doit tuer l’autre, jusqu’à ce qu’ils décident de s’allier. C’est assez intéressant à suivre, ce Punisher à la fois plus posé, mais tout aussi énergique et violent une arme à la main quand une cible se présente.
Et pour le coup, Jorge Zaffino s’en sort vachement bien. Un trait assez épais, pas mal d’encrage par moment, un style qui rappelle un peu Chaykin , le tout donnant une saveur particulière et inoubliable au récit. Une expressivité par moment exagérée en plein combat, donnant presque au Punisher une tête de fou.

J’ai beaucoup aimé ce récit, par son rythme particulier qui permet vraiment à l’histoire de prendre forme et d’avoir le densité nécessaire, ainsi que par le jeu de poker menteur entre les protagonistes, qui se distingue de la violence physique et directe de l’attaque de la tour. Un vrai travail sur le personnage, sans avoir besoin de revenir sur son trauma. Et puis les dessins de Zaffino, évidemment.

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