1974-2024 : BON ANNIVERSAIRE LE PUNISHER !

Daté de janvier 1993, le cinquantième numéro de Punisher War Journal est organisé par le responsable éditorial Don Daley qui, visiblement, a envie de faire les choses en grand.

Sous une couverture très zeckienne signée Steve Geiger, le fascicule propose une histoire principale réalisée par Chuck Dixon et Mark Texeira, une back-up due à Steven Grant et Shawn McManus et enfin une preview de Punisher 2099 confiée à Pat Mills, Tony Skinner et Tom Morgan.

L’histoire centrale est plutôt simple. À l’aéroport, alors qu’il est venu chercher Microchip de retour de vacances, Frank Castle remarque un vieillard qu’il soupçonne passer du matériel dangereux aux contrôles grâce à son déambulateur, qui n’est pas soumis aux détecteurs.

Le justicier est persuadé d’avoir reconnu Roberto Aviar, un mercenaire travaillant pour le terrorisme international. Il suit l’individu mais, contraint de devoir montrer un billet d’embarquement qu’il n’a pas, finit par perdre sa trace.

Mais le Punisher n’est jamais à bout de ressources quand il s’agit de poursuivre un criminel, et il parvient à contourner les contrôles. Il ne lui reste plus qu’à trouver l’avion dans lequel est montée sa cible. Un peu de cellules grises, et il finit par identifier le bon vol.

L’ancien Marine se débrouille pour monter à bord d’un vol dont toutes les places ne sont pas vendues, si bien que les passagers s’installent dans les meilleurs fauteuils, et qu’il peut tranquillement patienter à l’arrière de l’appareil.

La suite, on la devine. Il se débarrasse des deux brutes qui accompagnent Aviar, à l’occasion de scènes de baston bien vicieuses (« streetfighting style », selon les mots de monsieur Frank C., de New York), avant de faire face au terroriste professionnel.

Chose amusante, Chuck Dixon glisse dans son récit des cases consacrées à Microchip qui, attendant un Frank Castle qui n’arrive pas, patiente et finit par s’endormir dans l’aéroport.

De son côté, Tex, puisque c’est ainsi que signe Mark Texeira, ponctue ses planches du motif de la tête de mort, symbole de sinistre augure planant sur tout l’épisode, ce qui permet d’insister sur la mission mortifère du justicier.


Le dessinateur est en feu, déchaîné, en roue libre. Il recourt à un encrage nerveux, chargé de hachures, aux ombres envahissantes lacérés de coups de gouache blanche représentant les fulgurances de lumière, les éclairs, les flashs, les surexpositions, tous ces contrastes de la modernité technologique dont les avions constituent le fleuron.

Son dessin est énergique, exagéré, tordu, outrancier. Il en fait des caisses. C’est survolté, hystérique, complètement au diapason d’un scénario qui ne connaît aucune pause, aucun répit. On est complètement dans l’ambiance d’un Die Hard, avec un peu d’humour grâce aux cases consacrées à Microchip.

À la fin du récit, alors que l’appareil a fait demi-tour dès l’annonce de la présence de terroristes à bord, la bombe explose, mais à une altitude qui permet encore l’atterrissage. Salué en héros par les autres passagers, Frank Castle, qui s’est fait passer pour un « air marshal », parvient à s’éclipser et enfin à récupérer un Microchip excédé qui aimerait, pour une fois, rentrer de voyage sans problème. Les fans de Belmondo ne manqueront pas de penser au héros de L’Homme de Rio, quand il compare son week-end à celui de son camarade de régiment.

Le second récit se déroule quelque part dans le bayou, même si les textes off nous renvoient à la moiteur du Laos. Une jeune femme, visiblement martyrisée par son conjoint, découvre le corps inanimé du Punisher flottant au milieu des nasses de pêche.

Elle soigne en cachette le blessé quand soudain arrivent deux hommes, hurlants et armés jusqu’au dents, qui entreprennent de tirer sur la cabane et de se venger. On pense dans un premier temps qu’ils ont un compte à régler avec le couple, mais on comprend très vite qu’ils traquent le Punisher afin de porter le coup de grâce.

Shawn McManus signe des planches détaillées et généreuses dans son style cartoony assez agréable. Son trait est d’ordinaire « mignon » et convient assez bien à des intrigues fantasy projetées dans des mondes exotiques, mais il s’en tire avantageusement à illustrer un suspense réaliste, soutenu par le lettrage efficace de Jim Novak.

Pendant que ça s’entre-tue, Frank Castle sort de la cave où la jeune femme l’avait dissimulé. La voix off nous apprend que les deux poursuivants, les frères Starker, sont deux malfrats à la poursuite du justicier, et que l’un d’eux est parvenu à toucher le justicier malgré son équipement.

Quand les Starkers sont à terre (ce qui signifie « sous terre bientôt » dans une aventure du Punisher), le conjoint violent se retourne contre sa compagne. Mal lui en prend, bien entendu.

La voix off continue la démonstration, expliquant que les voyous, par réflexe, tirent sur la tête de mort que le Punisher porte sur la poitrine, à l’endroit où le kevlar le protège (et c’est un tir maladroit qui l’a brièvement blessé). L’idée n’est pas nouvelle, elle est exploitée par Frank Miller dans le premier numéro de Dark Knight, mais elle a toujours son effet.

Jim

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