L’univers 2099, déclinaison futuriste du catalogue Marvel, a fait ses débuts fin 1992. Le premier numéro de Spider-Man 2099 est ainsi daté de novembre 1992 (et la collection a d’ailleurs failli s’appeler « Marvel 2093 »). Le quatrième titre s’intitule Punisher 2099 est son premier numéro sortira avec une cover date de février 1993. Mais afin de soutenir la sortie, l’éditeur prend le soin de publier une preview de cinq pages dans les pages de Punisher War Journal #50, quant à lui daté de janvier 1993.
Le récit s’ouvre sur un citoyen visiblement paniqué, fuyant devant une menace que pour l’instant nous ne connaissons pas, et qui est identifiée comme étant les « Street Surgeons ». Il faudra attendre la deuxième planche pour que des explications nous soient données via une voix off : ce sont des trafiquants d’organes qui s’en prennent aux citoyens qui n’ont pas payé leur cotisation à la protection policière. D’ailleurs, le fuyard s’est adressé à une borne de communication, promettant de se mettre à jour vendredi, ce à quoi la borne lui a répondu que la protection sera rétablie… vendredi.
La voix off est celle d’un sombre héros de l’amer, au faciès crispé et à l’artillerie lourde brandie. Le « weapon scan » des Street Surgeons détaille l’arsenal qu’affiche le nouveau venu, et la liste est longue.
Le personnage en question, c’est le Punisher. Une version futuriste, le héros de la série que l’éditeur promet pour le mois prochain. Il semble à peu près aussi compatissant que son homologue du présent, Frank Castle, et recourir à des méthodes à peu près aussi expéditives. La pleine page donne les crédits des auteurs : on retrouve Pat Mills et Tony Skinner, deux piliers de l’hebdomadaire 2000 AD (ensemble, ils ont notamment travaillé sur des aventures des ABC Warriors), signant une courte fable cruelle aux relents de satire sociale, et c’est Tom Morgan qui dessine. Son dessin énergique est efficace, même si l’encrage de Jimmy Palmiotti le calme un peu.
Alors que les Street Surgeons tentent de résister, le Punisher détaille, via sa voix off, les subtilités de son arsenal. Dont un Magnum .54, une arme à l’ancienne qui fait des trous à l’ancienne. Plus drôle encore, la « power bat », dont la densité varie selon la punition, du caoutchouc au titane. Et la voix off de préciser : « Je n’utilise jamais les réglages les plus faibles ».
Cinq pages qui donnent le ton de ce que la série se propose d’être. Personnellement, je n’ai lu qu’un épisode, inclus dans le cross-over « Fall of the Hammer », traduit dans la revue 2099 de Semic. Je ne connais guère la série. Cependant, ce premier aperçu donne le ton. On nage en plein cynisme, le mauvais esprit règne. La peinture d’une société entièrement tournée vers l’argent et où le décor urbain, civilisé seulement en apparence, est le théâtre d’une violence décomplexée, amène une évidente comparaison avec l’univers de Judge Dredd, pilier de la revue 2000 A.D. La comparaison ne repose pas seulement sur la présence de deux scénaristes qui ont contribué à donner aux comics anglais leur ton si particulier, mais elle est souvent évoquée par des auteurs ayant travaillé sur ce label. Il faut dire aussi que la fameuse « invasion anglaise » a changé le paysage éditorial américain, notamment chez DC mais pas seulement, et que les justiciers masqués répondent à cette évolution.
Jim