PUNISHER (Vol.1) #1-2
Un peu plus d’un an après Cercle de Sang, Marvel lance cette fois-ci en 1987 une série illimitée, comme semble le dire cette couverture (alors, Panini l’a traduit par « série limitée » … j’avoue ne plus trop savoir, maintenant, mais cela étant dit, elle durera 104 épisodes).
Dans ce diptyque de Mike Baron, Frank Castle retrouve, au mémorial des soldats morts au Vietnam, un vieux camarade de cette époque, qui se retrouve embarqué dans une affaire de drogue avec un autre ancien militaire de la même unité, mais beaucoup moins sympathique, pour piloter une cargaison de poudre bolivienne. Rangé des voitures, son hésitation l’amènera à sa mort, maquillée en suicide.
Evidemment, le Punisher ne peut laisser passer cela. Il remonte le trafic de New York, se débarrasse non sans mal de celui qui tient les rênes en ville, afin d’être en contact avec le Général qui est à l’origine de tout le trafic, de la Bolivie. Il retrouve alors cet ancien militaire avec qui il a un passif, et se rend en Bolivie.
Il découvre alors que le Général est un ancien haut-gradé de l’armée sud-vietnamienne. Il est rapidement obligé de se dévoiler afin de sauver un agent de la brigade anti-drogue. La base se retrouve rapidement démuni face aux destructions qu’il produit et va jusqu’à tuer l’ancien GI, ainsi que la Général.
Alors, Mike Baron fournit un scénario que l’on pourrait dire de classique aujourd’hui, mais qui ne l’était finalement pas tant que ça à l’époque, si on reprend le fil des apparitions précédentes du Punisher.
Déjà, on note qu’il n’y a aucune volonté de raccrocher l’histoire à l’univers Marvel, puisqu’il n’y a pas, par exemple, l’excuse du Caïd pour déclencher sa vendetta. L’auteur le met à la fois dans uen ambiance urbaine, puis dans la jungle, ce qui, déjà, lui permet également de sortir de la zone d’opération de la majeure partie des super-héros.
L’autre aspect, c’est qu’il situe son histoire. Il reprend le « journal de guerre » qui avait été laissé de côté dans la mini-série précédente, mais ne la numérote pas : il cite le mois et l’année. Incidemment, il lui donne un age, que je placerais donc proche des 40 ans.
Baron n’en fait pas un fou de la gâchette en mode automatique. Il a une approche presque à la James Bond, se faisant passer pour quelqu’un d’autre, avec un autre nom. Capable de s’immiscer dans des lieux divers, avec ou sans smoking. On le voit aussi se battre à main nue, au couteau, en slibard, … un panoplie élargie du combattant, mais avec une finesse d’approche (si je puis dire). Le pathos n’est pas vraiment présent, à ce stade, et j’avoue que cela le rend à la fois plus froid, mais aussi plus calculateur. ça fait presque du bien que la mort de sa famille ne soit pas inlassablement répétée. Pour autant, on n’est pas dans un récit d’enfant de chœur, des innocents ou des « héros » meurent. Et cela reste violent.
D’autant plus qu Klaus Janson sait rendre les combats à main nue violents. Puissant même, on sent qu’il y a du poids, de la force, de l’énergie naturelle quand ça se bagarre et que des meubles prennent cher. Je n’ai sûrement pas fait gaffe, mais j’ai l’impression que ça faisait longtemps que je n’avais pas lu du pur Janson, et j’avoue que j’ai beaucoup aimé lire ses planches. Y a un petit côté Chaykin je trouve dans l’approche du trait, avec un aspect un peu anguleux. Tout en étant, me semble-t-il, plus académique, avec moins de gros plans aussi. La « caméra » me semble plus éloignée chez Janson.
En rebalayant les pages pour écrire ces quelques lignes, c’est un vrai plaisir pour les mirettes. C’est solide, précis, dynamique, explosif. Et le lettrage semble s’être amusé avec les onomatopées.
A noté que Janson assure aussi la couleur.
Une petite remarque sur la trad. J’ai vu le terme « Missile surface-air » qui m’a surpris. Il s’avère qu’il existe, mais j’avoue que j’aurai préféré peut être « sol-air » ou « antiaérien », je trouve que ça sonne mieux.