5 GÂCHETTES D'OR (Tonino Cervi)

REALISATEUR

Tonino Cervi

SCENARISTES

Dario Argento et Tonino Cervi

DISTRIBUTION

Brett Halsey, Bud Spencer, Wayde Preston, William Berger, Tatsuya Nakadai…

INFOS

Long métrage italien
Genre : western
Titre orginal : Oggi a me… domani a te!
Année de production : 1968

Avant de devenir le maître du giallo et de l’horreur que l’on sait (avec des films comme L’Oiseau au plumage de cristal, Le Chat à neuf queues, Les Frissons de l’Angoisse, Suspiria ou encore Inferno), Dario Argento passa ses premières années dans le milieu du cinéma à écrire pour les autres et se distingua notamment dans divers genres, le western, le polar, le film de guerre et le registre dramatique. Il travailla notamment sur un bon petit film de guerre avec Lee Van Cleef, Commandos, sur le thriller Requiem pour une canaille et sur Disons un soir à dîner, un drame avec Tony Musante et Jean-Louis Trintignant.
Mais c’est surtout sur les terres du western spaghetti qu’il s’est le plus aventuré et son titre le plus célèbre dans le genre reste le chef d’oeuvre de Sergio Leone, Il était une fois dans l’Ouest, pour lequel il élabora les grandes lignes de l’histoire avec Leone, Sergio Donati et Bernardo Bertolucci.

Les longs métrages sur lesquels Argento a bossé en tant que scénariste sont tous issus de processus collaboratifs…il n’était en fait pas rare de voir 3, 4 ou 5 scénaristes régulièrement crédités. Pour 5 gachettes d’or, qui est son premier western et seulement son troisième long métrage, il y a moins de monde qui se bouscule au générique. Dario Argento a écrit le script avec le réalisateur Tonino Cervi, dont c’était la première incursion dans la mise en scène. Fils de Gino Cervi, le Peppone de Don Camillo, Tonino Cervi n’a mis en boîte que peu de pelloches, préférant par la suite occuper le poste de producteur.
Cela va sans dire, on est loin ici de la maestria de Il était une fois dans l’Ouest. 5 gâchettes d’or est un western un brin fauché, très classique dans son déroulement…tout en se révélant tout à fait divertissant, notamment grâce à sa distribution.


Bill Kiowa a été emprisonné pour un délit qu’il n’a pas commis. Après cinq ans à ruminer sa haine, il est bien décider à se venger de James Elfego, le bandit qui a tué sa femme et qui lui a fait porter le chapeau pour son dernier larcin. Après avoir remis la main sur un magot qu’il avait réussi à cacher, Kiowa engage quatre fines gâchettes. Les cinq pistoleros se lancent alors sur la piste d’Elfego…

Une trame simple, efficace, certains diraient même sans surprises. Et c’est vrai que **5 gâchettes d’or **ne se distingue pas par son intrigue il est vrai assez convenue. Et pourtant, le divertissement proposé est tout à fait honnête : la phase de recrutement comporte son lot de bons moments et de bonnes répliques, l’inévitable flashback expliquant pourquoi Kiowa s’est retrouvé en prison est bien intégré à un moment-clé sans ralentir le rythme et le tout est mené avec entrain…pendant une bonne heure, puisqu’après ça se gâte un petit peu, mais j’y reviendrai dans quelques lignes…

Dans le rôle principal, on retrouve Brett Halsey (sous le pseudonyme de Montgomery Ford), l’un de ces nombreux comédiens américains venus s’exiler en Europe dans les années 60 quand les rôles commencèrent à manquer dans leur pays d’origine. Il s’est surtout illustré dans le western (Tuez Johnny Ringo, Roy Colt et Winchester Jack de Mario Bava) et ici, il fait dans le sous-Django…et il le fait plutôt bien, d’ailleurs…
Sur les quatre autres « gâchettes d’or », les plus connues sont Bud Spencer et William Berger. Pour Bud Spencer, il s’agit de l’un de ses premiers westerns, dans un ton plus sérieux que ses futures collaborations avec son comparse Terence Hill…tout en balancant déjà d’énormes mandales dans des bastons homériques (et il n’aime vraiment pas les remarques sur son poids). Le charismatique acteur autrichien William Berger (Keoma, Il était une fois en Arizona, Quand les colts fument…on l’appelle cimetière…) incarne quant à lui un mercenaire coquet et adepte du jeu.


Le casting le plus improbable est tout de même celui du japonais Tatsuya Nakadai dans le rôle du grand vilain, James Elfego…un bandit mexicain ! Tatsuya Nakadai est, je cite, « l’un des acteurs japonais les plus connus au monde » (mais n’étant pas pour ma part un grand spécialiste du cinéma oriental, je dois reconnaître que je ne le connais que très peu) et il a beaucoup tourné pour Hideo Gosha, Kihacho Okamoto et Akira Kurosawa (Les Sept Samourais, Le Garde du Corps, Ran, Kagemusha). Dans 5 gâchettes d’or, le bonhomme est en roue libre et compose un méchant cabotin à souhait.

L’histoire se termine par une longue partie de cache-cache entre les héros et leurs adversaires dans les bois (du Rambo avant l’heure). Et là, après une très sympathique première heure, l’intérêt se délite un peu. L’idée était bonne et est prétexte à quelques scènes étonnantes (le duel entre Bud Spencer, armé d’une branche, et Nakadai, qui tient sa machette comme un sabre de samouraï), mais ces vingt dernières minutes s’éternisent à cause d’un montage qui manque de punch. Dommage, car il y avait le potentiel pour terminer sur un règlement de comptes bien plus intense…

Au final, et malgré ces réserves sur le final, 5 gâchettes d’or est un bon petit western, qui ne s’embarasse pas de psychologie (les traits de caractères des différents personnages sont rapidement esquissés) et qui fleure bon la sueur, la poussière et l’amitié virile.