Hier, j’ai craqué pour ce bouquin, qui me semble très sympa. J’aime bien Agatha Christie, et j’aime bien François Rivière (il a laissé au moins un bouquin intéressant sur Patricia Highsmith). Parfois, ses écrits lui permettent aussi de parler de lui, certes, mais il connaît en général très bien son sujet, donc c’est toujours une bonne plongée dans la vie et l’œuvre de quelqu’un…
Textes parfois un peu courts, mais intéressants, icono riche et variée (photos d’époque, portraits de l’auteur, couvertures d’édition de tous pays, photos de tournages des différentes interprétations avec présence d’acteurs comme Margareth Rutherford ou David Suchet…), évocation de sa disparition mystérieuse ou de ses écrits sous pseudo, grandes illustrations et beau papier, c’est vraiment un chouette bouquin.
Ca me rappelle un album de Ric Hochet assez tardif il me semble (« Le Secret d’Agatha ») qui se penchait précisément sur cette disparition (doublée d’une amnésie si mes souvenirs (!) sont bons…). Je m’étais demandé à l’époque si c’était une invention.
Sinon, sans en être fou, j’ai lu quelques Agatha Christie, et j’aime ce que j’ai lu. Même si je reconnais que je me retrouve assez dans la critique assez virulente que Alan Moore, à l’époque de la sortie française de « From Hell », avait formulé à l’égard de ces livres : « littérature de vieilles dames, de salon, sorte de « Cluedo » ludique qui évacue totalement les dimensions métaphysique et socio-politique impliquées dans un meurtre ». Un peu excessif mais pas infondé…
Il y a quand même des choses intéressantes dans les meilleurs Christie : le matriciel « Dix Petits Nègres » bien sûr, mais aussi « le Meurtre de Roger Acroyd », qui comprend une révélation finale estomaquante (l’identité du meurtrier) et qui peut enclencher une réflexion poussée sur le point de vue en littérature.
Mais excessif.
On pourrait presque faire le même reproche aux Maigret de Simenon, sauf que justement l’univers de Maigret passe par la peinture d’une certaine société (et d’une certaine époque), ce qui est le cas des Christie (deux époques, même, entre-deux guerres pour Poirot, et après-guerre du rationnement pour Marple…). Et précisément, la peinture sociale sert de socle à tout développement socio-politique. C’est à la fois moins frappant et plus frappant dans les nouvelles des Beresford (qui, par leur forme courte, se limitent surtout au portrait humain, avec cet humour typiquement anglais).
Donc voilà pour la dimension socio-politique.
Ça, c’est très fort.
Ça ouvre aussi la boîte à malice des possibilités : le roman sans coupable, par exemple. Ou le roman sans victime, aussi. Les Dix petits nègres ou Le Crime de l’Orient-Express posent la question de la définition du genre policiers en en bousculant les structures.
Mais ces deux exemples posent également la question de la justice et de sa justification. Et même, dissocient une justice immanente d’une justice humaine, en s’interrogeant sur la nécessité de sanctionner un (ou des) coupable(s) dans certains cas.
(D’une certaine manière, Patricia Highsmith réédite l’exploit avec L’Inconnu du Nord Express, qui pose des questions similaires).
Et voilà pour la dimension métaphysique.
La très jolie Olivia Williams (que j’aime depuis sa prestation dans Le Sixième Sens de Shyamalan et depuis Abîmes de Twohy, et dont la prestation dans Dollhouse m’a impressionné) a incarné la romancière dans Agatha Christie : A Life in Pictures, un téléfilm de 2004 construit en forme de confessions à tiroir (souvenirs, discussion avec un médecin…). Téléfilm qui est franchement pas mal, faut bien l’avouer.
[size=50]Bon, Williams commence à se faire une expérience en romancière, puisqu’elle est aussi Jane Austen dans Le Choix de Jane, en 2008…[/size]
[quote=« Photonik »]
Sinon, sans en être fou, j’ai lu quelques Agatha Christie, et j’aime ce que j’ai lu. Même si je reconnais que je me retrouve assez dans la critique assez virulente que Alan Moore, à l’époque de la sortie française de « From Hell », avait formulé à l’égard de ces livres : « littérature de vieilles dames, de salon, sorte de « Cluedo » ludique qui évacue totalement les dimensions métaphysique et socio-politique impliquées dans un meurtre ». Un peu excessif mais pas infondé…[/quote]
Mais excessif.
On pourrait presque faire le même reproche aux Maigret de Simenon, sauf que justement l’univers de Maigret passe par la peinture d’une certaine société (et d’une certaine époque), ce qui est le cas des Christie (deux époques, même, entre-deux guerres pour Poirot, et après-guerre du rationnement pour Marple…). Et précisément, la peinture sociale sert de socle à tout développement socio-politique. C’est à la fois moins frappant et plus frappant dans les nouvelles des Beresford (qui, par leur forme courte, se limitent surtout au portrait humain, avec cet humour typiquement anglais).
Donc voilà pour la dimension socio-politique.
Ça, c’est très fort.
Ça ouvre aussi la boîte à malice des possibilités : le roman sans coupable, par exemple. Ou le roman sans victime, aussi. Les Dix petits nègres ou Le Crime de l’Orient-Express posent la question de la définition du genre policiers en en bousculant les structures.
Mais ces deux exemples posent également la question de la justice et de sa justification. Et même, dissocient une justice immanente d’une justice humaine, en s’interrogeant sur la nécessité de sanctionner un (ou des) coupable(s) dans certains cas.
(D’une certaine manière, Patricia Highsmith réédite l’exploit avec L’Inconnu du Nord Express, qui pose des questions similaires).
Et voilà pour la dimension métaphysique.
Jim[/quote]
Après James Bond,je te conseillerai d’écrire du Hercule Poirot;ou du miss Marple.
Sinon,ma belle-mère me l’a préte;je vous dirai ce que j’en pense.
Tu mets le doigt sur un de mes fantasmes littéraires : j’aimerais un récit en « univers partagé » avec Poirot, Marple, les Beresford…
Mais bon, je nourris le même rêve de lecteur en ce qui concerne l’univers partagé Conan Doyle : une aventure avec Holmes, Challenger et le Brigadier Gérard, par exemple, ça me fait rêver.