[quote=« asstro »]J’ai beaucoup apprécié ces deux premiers épisodes.
Par contre, le look post-apocalyptique des « robelles » et du faux Nicolas Duvauchelle qui les accompagnent n’est pas bien discret.[/quote]
C’est intéressant, ce que tu dis, parce que la société donne parfois l’impression d’être en plein pourrissement. Certes, il y a des sociétés de transport, mais elles pratiquent la réduction de personnel et l’automatisation ; certes, il y a des quartiers résidentiels, mais ils donnent l’impression d’être des ghettos. Et il semble qu’il y a toute une activité sociale et économique en parallèle, dans les quartiers délabrés. On dirait un portrait d’une société cyberpunk, vue de la périphérie.
Moi, j’ai adoré ces deux épisodes : c’est bourré de références et de métaphores, qui fonctionnent à plusieurs niveaux. Les robots, ces Hubots, servent à parler de la solitude, de la misère sexuelle, de l’immigration, du racisme, de la société de consommation, du fétichisme technologique…
L’écriture joue à fond sur le manque de moyen, tournant cette faiblesse en force. Les décors blancs aseptisés, qui renforcent la pâleur de la peau des humains et des hubots, est une astuce des plus ingénieuses.
Les maquillages sont assez formidables, aussi : déjà, on sent qu’il y a plusieurs modèles, grâce au grain de la peau (et au jeu des acteurs…). D’ailleurs, l’idée de plusieurs générations de hubots est bien amenée, associée à celle du « contrôle technique », et donc de la spirale de la consommation : ça sent la société de consommation, mais également l’arsenal de lois coercitifs pour faire tourner une industrie.
Y a d’ailleurs un dialogue entre deux flics qui compare les hubots aux bagnoles, c’est bien vu.
Et puis la série joue aussi sur les codes des films d’horreur : la scène d’ouverture du premier épisode renvoie aux classiques de zombies, l’entrée dans l’église, pareil. L’hubotte femme de ménage, elle une démarche de mégère tueuse sortie d’un slasher, bref, c’est pas dupe du tout du truc, et ça tire les bonnes ficelles.
Les relations entre les humains et les hubots sont complexes. C’est parfois flippant, et en même temps c’est touchant.
Et ça rajoute une couche de métaphore en plus : le hubot défaillant qui crée autant de soucis et d’inquiétudes, qui a des gestes violents et ne contrôle pas sa motricité, comme un cas d’Alzheimer, c’est puissant.
Et ce qui est pas mal, c’est qu’il n’y a pas de vrai méchant (en tout cas pour l’instant, même si on sent bien qu’il y a baleine sous caillou). C’est que des gens qui souffrent, qui ont raté quelque chose et qui sentent que ça leur file entre les doigts. Et c’est pareil que si c’était un smartphone ou une bagnole : c’est l’arrivée du dernier gadget qui fout tout en l’air… ou qui permet de reconstruire, parfois. Mais les mécanismes sont comme partout ailleurs : les grandes engueulades ont souvent des causes bénignes… et étrangères.
Vraiment, très fort : c’est fin, c’est subtil, c’est élégant, et ça en a encore sous la pédale, j’en suis sûr.
Jim