Alex Nikolavitch sort son premier album en 2000, aux éditions de la Cafetière. Le récit d’Alcheringa, qui suit un aborigène australien vaincu par le modèle occidental, est illustré par Fred Grivaud, qui signe ici son premier opus également, avant de se consacrer essentiellement à l’illustration (mais il signera quand même, par la suite, quelques épisodes d’Ozark chez Semic).
Le récit parle du « temps du rêve », cette dimension d’avant le monde matériel, mais qu’il est encore possible d’atteindre. Le scénario confronte un modèle d’existence ancestral et le mode de vie à l’occidental, mais au-delà de la figure de l’alcoolique affaibli (qui rappellera celle de l’Indien noyé dans « l’eau de feu »), Alcheringa est également l’occasion de découvrir des concepts et une culture assez rarement représentés dans la bande dessinée. Le dessin de Fred Grivaud donne une dimension particulière, presque fluctuante, à cette confrontation entre deux visions du monde.
Certains commentaires ont suggéré que ce n’était pas vraiment de la BD, mais plutôt du texte illustré, arguant du fait que les personnages ne s’expriment pas et que la voix off domine l’ensemble. C’est sans doute exagéré, puisque justement la recherche formelle du récit passe par l’extinction de la voix de l’aborigène.
Jim