ALICE AU PAYS DES MERVEILLES (Bower, Maurette & Bunin)

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REALISATEURS

Dallas Bower, Marc Maurette et Louis Bunin

SCENARISTES

Edward Eliscu, Henry Myers et Albert Lewin, d’après l’oeuvre de Lewis Caroll

DISTRIBUTION

Carol Marsh, Stephen Murray, Pamela Brown, Ernest Milton, Raymond Bussières…

INFOS

Long métrage français/britannique/américain
Genre : fantastique
Année de production : 1949

En juillet 1862, le professeur de mathématiques Charles Dodgson et le révérend Robinson Duckworth emmenèrent les filles du doyen du Christ Church Collège d’Oxford, Alice, Edith et Lorina, pour une balade en bateau. Pendant que le révérend se chargea de ramer, Dodgson inventa pour les enfants une histoire fantastique dans laquelle une petite fille prénommée Alice pénètre dans un pays étrange et merveilleux après être tombée dans le terrier d’un lapin blanc.

La suite, tout le monde la connaît : sur l’insistance d’Alice Liddell, son modèle, Charles Dodgson publia le récit trois ans plus tard sous son nom de plume, Lewis Carroll, et Alice au Pays des Merveilles devint un classique de la littérature jeunesse (mais pas que…), maintes fois déclinés sur de nombreux supports.

L’histoire de la genèse du roman fut transposée pour la première fois au cinéma en 1949 dans Alice au Pays des Merveilles, co-production entre la France, l’Angleterre et les Etats-Unis. De façon romancée (en mettant bien évidemment de côté les aspects controversés de la vie de l’auteur), le premier quart d’heure du film décrit un Charles Dogdson mélancolique et discret, photographe amateur, hésitant face à l’autorité et plus audacieux dans ses écrits.
Un beau jour, la Reine Victoria vient visiter l’Université d’Oxford. Les soeurs Liddell ne peuvent assister à l’événément puisqu’elles sont consignées dans leurs chambres. Dodgson décide d’emmener les filles pour une promenade en barque. Là, il leur raconte l’histoire d’Alice, qui s’ennuie auprès de sa soeur qui lit un livre sans images.* « À quoi bon un livre sans images, ni dialogues ? »*, se demande Alice. C’est alors qu’un lapin banc passe près d’elle en courant et en s’écriant « Je suis en retard ! En retard ! En retard ! »

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La production s’étira sur presque toute l’année 1948. Le prologue et l’épilogue furent d’abord tournés en Angleterre, à Oxford justement; ensuite la débutante Carol Marsh, la future Lucy du Cauchemar de Dracula de la Hammer (qui incarne la jeune Alice alors qu’elle avait déjà 22 ans à l’époque du tournage), a joué toutes ses scènes du Pays des Merveilles seule sur un plateau dans un studio en France.

Les habitants de Wonderland furent cette fois-ci représentées non pas par des acteurs en costumes mais sous la forme de marionnettes animées images par images. Un travail de longue haleine confié aux équipes du marionnettiste américain Louis Bunin.

L’animation est par moments rudimentaire et un peu saccadée, et la finition de certaines marionnettes n’est pas toujours convaincante, mais l’ensemble a tout de même gardé un véritable charme et retranscrit joliment toutes les facettes du non-sensique Pays des Merveilles, des plus joyeuses aux plus sombres et étranges. On retrouve également cette satire à peine voilée de l’Angleterre Victorienne, ce qui valut au film d’être longtemps interdit au Royaume-Uni, le portrait de la Reine de Coeur évoquant beaucoup trop (pour la censure de l’époque) une caricature à charge de la Reine Victoria.

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À part quelques numéros musicaux très (trop) vieillots, cette adaptation est assez réussie et fidèle à l’esprit de l’oeuvre de Lewis Caroll. Elle ne connut cependant pas un grand succès, notamment en Amérique où sa sortie fut retardée sous la pression des studios Disney, qui ne voulaient pas de concurrent pour leur long métrage d’animation en développement à la même période…et qui lui aussi eut de mauvais résultats en salles (ce qui fut une première pour un film Disney…mais ceci est une autre histoire).