AMERICA (Jon Hughes, Jason Pearson)

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America

Editeur : Graph Zeppelin
Disponible a partir de juin 2018
Prix : 16 EUR
Pages : 100

America était autrefois une super-héroïne invincible, mais se retrouve sans ses pouvoirs sans savoir pourquoi. Ignorant la douleur, elle décide de continuer son combat contre le crime…

Jason Pearson :star_struck:
Bon… quelqu’un sait si c’est lisible ?

C’est la règle, maintenant, on prend des gens qui ne savent pas écrire la langue pour rédiger les accroches ? Comme au cinéma ?

Jim

Argh !!
J’ai craqué !! J’ai acheté ce truc, tout ça pour quelques pages de Jason Pearson !
Je suis faible, je suis faible

Juste pour être précis (parce que de toute façon, la formule n’est pas jolie), peux-tu expliquer pourquoi ce n’est pas français ?
Sans que tu perdes ton temps et sans que ça t’énerve, bien évidemment

Je pense que Jim, quand il dit « qui ne savent pas écrire la langue » veut, justement, dire que la formule (et surtout cette répétition facilement évitable) n’est pas jolie.
Quelqu’un qui sait écrire ne se contente pas de le faire correctement, mais également d’une manière agréable aux yeux (ou à l’oreille).

Tori.
PS : ici, on pouvait facilement remplacer « sans savoir » par « en ignorant » (voire « sans savoir pourquoi » par « en en ignorant la raison »).

On n’écrit pas « sans ses pouvoirs sans savoir pourquoi ». La répétition de « sans », outre que ce n’est pas très heureux, démontre qu’il n’y a ni recul ni recherche de formulation. C’est du premier jet, sans exigence, se contentant de mettre à l’écrit ce qui pourrait passer (et encore) à l’oral. En plus, « se retrouve », c’est un peu basique. Il aurait sans doute mieux valu faire une phrase toute simple, du genre « mais perd ses pouvoir sans en connaître la cause ».
Sérieux, qu’on laisse passer ce genre de lourdeur évitable avec un petit effort, ça me scie.

Mais bon, des mots comme « de » ou « pour » ou « comme » sont souvent employés de manière abusive, parfois plusieurs fois dans la même phrase. Genre : « illustration de couverture alternative de Batman #1012 de Curt Swan », alors qu’il n’est pas compliqué d’écrire « illustration de couverture alternative pour Batman #1012 par Curt Swan », tu vois. Et que les gens qui s’occupent de ces choses ne s’aperçoivent pas des lourdeurs, ça me laisse pantois.

(Ce qui me fait penser au gag de Geluck : le Chat montrent deux clichés, l’un étant un portrait de lui-même et l’autre une photo du Taj-Mahal. Et de commenter : « ça, c’est une photo de moi pas de moi, et ça, c’est une photo pas de moi de moi. »)

C’est pas gagné.

Jim

Mais oui, pourquoi j’ai mis « raison », dans mon exemple ? Il fallait, bien sûr, mettre « cause », comme Jim l’indique ici.

Tori.

Merci !

Tiens, j’avais raté cette discussion. Autant cette BD ne m’intéresse guère a priori, autant les tatillonneries linguistiques ont à mes yeux des charmes nonpareils… et pour le coup je ne suis pas entièrement d’accord avec Jim.

Si je me joins à lui en ce qui concerne la problématique (quoique hypothétique et donc très rhétorique) « illustration de couverture alternative de Batman #1012 de Curt Swan », j’aime plutôt bien, en revanche, ce « se retrouve sans ses pouvoirs sans savoir pourquoi » qui me semble largement supérieur à un « perd ses pouvoirs sans en connaître la cause », formulation qui me paraît aussi plate que guindée.

« Se retrouve » fait certes parler populaire, mais de ce que je peux imaginer à partir du résumé et de la couverture, il est fort possible que ce soit tout à fait dans le ton du contenu, justement, là où l’alternative proposée jurerait un peu.

De plus, la formule introduit l’intéressante allitération : « se retrouve sans ses pouvoirs sans savoir pourquoi ».

(Bon, à la limite, question de rythme, je pense que la formule aurait mieux sonné sans le « ses » : « se retrouve [/] sans pouvoirs [/] sans savoir pourquoi », ce qui aurait un petit côté faux alexandrin.qui tinte toujours bien à l’oreille.)

Quant à la répétition des deux « sans » proprement dite, elle me semble assez heureuse. Le redoublement traduit le double désarroi de l’héroïne face au double manque dont elle est frappé simultanément, ses pouvoirs et le sens de cette perte. Par ailleurs l’attelage des deux éléments – l’un « concret » (les pouvoirs), l’autre « abstrait » (l’explication) – m’est assez sympathique ; on serait presque à deux doigts d’un zeugme*.


*Non ce n’est sale, c’est une figure de style : « Sous le pont Mirabeau coule la Seine / et nos amours » (Apollinaire), « Vêtu de probité candide et de lin blanc » (Hugo), « ces cadeaux qui meublent une chambre et la conversation » (Proust), « après avoir sauté sa belle-sœur et le repas de midi » (Desproges), etc.

Purée, mais t’es pire que moi, quand il s’agit de surinterpréter.
Je vais pouvoir prendre des vacances.
Enfin.

Jim

La personne qui a écrit ce texte de présentation avait sûrement ça en tête, assurément !

C’est bien de faire vivre cette discussion, pour un comic qui n’en mérite pas tant. :wink:

Sinon, le pitch était intéressant mais à condition d’avoir un autre scénariste que Jon Hughes. Malgré que ce comic soit « son bébé », il s’éparpille, oublie le pitch initial et au final ne maîtrise absolument pas son histoire en 4n°.
Côté dessin, Jason Pearsons est bien présent le temps de 2 n° puis Alé Garza pour les 2 derniers. Les 2 font le job dans des styles bien différents. Donc parfait ? Mais non !
Jon Hughes a malheureusement une autre casquette (en plus de co-créateur de la maison d’édition & scénariste) : il est coloriste. Mais seulement, avec du « noir » pour Pearsons, ainsi Hughes écrase tout le dessin, et du « blanc » pour Garza qui le rend « flashy ».
Bref, si vous le trouvez dans le fond d’un bac à solde, à la rigueur, pourquoi pas… ou pas.