REALISATEUR & SCENARISTE
L.Q. Jones, d’après la novella de Harlan Ellison
DISTRIBUTION
Don Johnson, Jason Robards, Susanne Benton, Tim McIntire…
INFOS
Long métrage américain
Genre : science-fiction
Titre original : A Boy and His Dog
Année de production : 1975
C’est l’histoire d’un gars et de son chien. Mais pas une histoire à la Lassie et Timmy. C’est un récit initiatique désenchanté…dans lequel le mentor est un toutou télépathe…
Représentant de ce courant de la S.F. pessimiste particulièrement en vogue dans les années 70, Apocalypse 2024 (A boy and his dog en version originale) est l’adaptation cinématographique d’un cycle de récits (en prose et en comic-book) écrit par Harlan Ellison, un romancier dont je n’ai jusque ici jamais eu l’occasion de lire les écrits (je connais juste son travail à la télévision et ses participations aux comics Marvel). Le gars, c’est Vic (joué par un Don Johnson encore inconnu)…un jeune homme qui tente de survivre dans un monde dévasté par une catastrophe nucléaire. La IVème Guerre Mondiale a eu lieu et elle n’a duré que quelques jours, ne laissant plus que des ruines et un désert sans fin.
Dans cet environnement où ne règne que la loi du plus fort, les survivants cherchent inlassablement des munitions, de la nourriture…et des femmes à violer car celles-ci sont devenues très rares…
Cette situation fait que l’on ne peut pas vraiment qualifier Vic de « héros » de l’histoire au sens strict du terme (une de ses premières répliques est absolument glaçante). Il est le produit d’une époque désespérée et déshumanisée et n’a jamais connu que cette vie au jour le jour rythmée par deux choses essentielles : trouver à manger et satisfaire ses pulsions sexuelles. Le chien, c’est Blood (Prof dans la V.F.), un cabot doté de capacités télépathiques qui aide Vic à repérer à la fois le danger et des femmes (ce qui est souligné par une amusante illustration astuce sonore). Prof se charge aussi d’éduquer Vic, étant en quelque sorte l’un des rares dépositaires d’une sagesse historique.
Cette drôle de situation est fermement établie dès le début : le scénario ne donne pas l’explication du don de Prof, mais cela fonctionne très bien à l’écran grâce au jeu de Don Johnson, les réactions du chien et les excellents dialogues.
La dynamique entre Vic et Prof est en effet assez savoureuse. Leurs caractères opposés font qu’ils se chamaillent souvent, le côté borné de Vic se heurtant souvent à l’incisif sens de la répartie de Prof, dédaigneux et moqueur, même s’il apprécie son compagnon humain. Leur relation et leurs discussions font partie des meilleurs moments de cette ballade post-apocalyptique qui prend aussi des allures de western lors de l’une de ses rares scènes d’action (ce qui n’est pas étonnant vu que le réalisateur et scénariste est L.Q. Jones, une trogne familière des fans de western et des films de Sam Peckinpah).
Le film change de rythme et d’identité visuelle lorsque Vic décide de suivre contre l’avis de Prof la jolie Quilla Jones dans sa communauté souterraine (cette partie est dans un premier temps un peu plus lente, ce qui s’adapte bien à la description de cet environnement abrutissant). Le jeune homme laisse alors son chien à la surface et se retrouve pris au piège d’une colonie aux membres atrophiés, fantômes qui singent un mode de vie passé et qui obéissent aux ordres d’un comité à la hiérarchie figée et pratiquant l’eugénisme pour améliorer le patrimoine génétique des prochaines générations. Alors qu’il pensait honorer lui-même toutes ces jeunes femmes vivant sous terre, Vic se retrouve attaché à une « pompe à sperme ». Pas vraiment l’idée qu’il se fait du Paradis…
Apocalypse 2024 est un long métrage décalé et déroutant. Son titre original évoque un conte à la Lassie…et son sous-titre parle d’un « récit de survie coquin et classé R ». L’ensemble est d’un cynisme absolu et d’un humour noir souvent réjouissant et se termine sur une chute cruelle (même si elle m’a étrangement fait sourire) et une dernière réplique que Harlan Ellison a paraît-il toujours détesté, la trouvant inutilement machiste. Perso, je la trouve bien dans le ton et surtout, elle clôt parfaitement le film…