ARTICLES COMICS / POLITIQUE

J’ai mis du temps à comprendre ce que voulait dire Nemo (purée, c’est quand même plus pratique quand l’outil de l’interlocuteur génère des apostrophes et des virgules) et j’ai lu et relu le passage cité.
C’est à la fin dudit passage que se trouve la formulation qui choque Nemo :
« une prise de conscience globale sur la responsabilité des oeuvres de fiction »
En gros, les œuvres de fiction sont responsables de l’image qu’elles véhiculent (ici, en l’occurrence, « le dogme des héros caucasiens et hétéronormés »).
L’extrait dit, peu ou prou : la droite conservatrice reproche aux partisans d’une mouvance woke de militer contre l’omniprésence de blancs hétéros à la suite de la prise de conscience de l’impact des œuvres.
Je résume et caricature, mais grosso modo, c’est ça.

L’extrait, et surtout la fin, implique d’accorder aux œuvres une puissance telle qu’elles peuvent modifier la société (la fameuse « responsabilité des œuvres de fiction »). Pour faire court, et là encore pour faire ça à grands traits, ce qui est implicite dans l’extrait est ceci :

  • les woke pensent que les bandes dessinées présentent des blancs hétéronormés partout et invisibilisent les pas blancs / pas hétéronormés.
  • les conservateurs pensent que les bandes dessinées manipulées par les woke vont invisibiliser les blancs hétéronormés et foutre en l’air la société.

Dans les deux cas, de manière sous-jacente, il y a l’idée de censure : soit censurer les héros blancs hétéronormés, soit censurer les autres.
C’est peut-être pas ce qu’a voulu dire l’auteur de l’article, mais c’est ce qui transparaît de sa formulation.

Or, ce faisant, la sphère progressiste (woke ou pas, écartons pour l’heure le mot « woke »), en pointant du doigt la « responsabilité des œuvres de fiction », renoue avec la vieille critique conservatrice (voire pire) visant à pointer du doigt la faute aux livres, aux films, aux bandes dessinées.
Au lieu de militer pour une plus large expression des sensibilités, une partie de ces militants préfèrent critiquer les bandes dessinées existantes (l’excès étant la « cancel culture »). Et s’il y a un truc contre-productif dans l’affaire, c’est le fait qu’ils donnent du grain à moudre aux fachos et qu’ils reprennent leurs vieilles antiennes.

Jim

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