Une princesse sauvée du sacrifice dès l’enfance mais devenue une servante, un tisserand plumetier qui ne veut pas suivre la voie de son père, un prêtre ayant renoncé à ses vœux, un roi qui fuit le pouvoir, un conquistador mourant… Et d’autres personnages encore, dont les destins se croisent alors que la civilisation aztèque attend le retour du serpent à plumes et obtient en échange la flotte des colons espagnols…
Tel est le postulat de cet album un peu atypique d’Andreas. Ou alors, trop typique, car Aztèques est peut-être l’une des expressions les plus frappantes de la manière de l’auteur. En effet, il ne cède aucune concession à la lisibilité, n’explique pas les ruptures d’une ligne narrative à une autre, saute d’un personnage à l’autre et d’une époque à l’autre sur la même planche, parfois sur la même bande. Au mieux utilise-t-il des palettes différentes afin de naviguer entre présent et passé. Et c’est petit à petit qu’il construit son récit, celui-ci prenant forme graduellement sous les yeux de son lecteur.
Mêlant présent, passé, visions, imagination, rêve, l’auteur construit des planches mélancoliques, tendues, pour un récit qui, en définitive, est très sombre, malgré la grande luminosité des images. Car en effet, il raconte en filigrane la fin d’une civilisation (capable, comme beaucoup d’autres, de sacrifier sa jeunesse, et donc son avenir, pour des croyances rigides).
Un album qui demande, bien entendu, plusieurs lectures.
Jim