BAISER MACABRE (Lamberto Bava)

Macabre_1980_film

REALISATEUR

Lamberto Bava

SCENARISTES

Antonio Avati, Pupi Avati, Lamberto Bava et Roberto Gandus

DISTRIBUTION

Bernice Stegers, Stanko Molnar, Veronica Zinny…

INFOS

Long métrage italien
Genre : horreur
Titre original : Macabro
Année de production : 1980

Il n’est pas toujours facile de s’affranchir d’un nom célèbre. Le scénariste et réalisateur italien Lamberto Bava est ainsi toujours resté dans l’ombre de son illustre géniteur, l’un des metteurs en scènes les plus importants du cinéma transalpin, il Maestro Mario Bava (souvent évoqué dans ces colonnes…pour ne citer que quelques titres : La Planète des Vampires, Danger : Diabolik, 6 femmes pour l’assassin, Les Trois Visages de la Peur ou encore Le Masque du démon).
Lamberto débuta sa carrière en assistant Bava sur une dizaine de films, de La Planète des Vampires à Rabid Dogs. Et tout naturellement, il passa derrière la caméra pour la toute première fois en co-réalisant avec son père le téléfilm La Vénus d’Ile (cette adaptation de l’oeuvre de Mérimée marqua la fin de la carrière de Mario Bava qui décéda l’année suivante).

Lamberto Bava n’a réalisé (pour le moment) qu’une petite dizaine de films et a principalement travaillé pour le petit écran (la série de fantasy La Caverne de la Rose d’Or fut diffusée sur M6 dans les années 90). Pour le grand écran, il commença par suivre les traces de son père, mais sans que ses entrées dans le genre horrifique ne soient particulièrement mémorables…ses longs métrages les plus (re)connus demeurent à ce jour les deux Demons co-écrits et produits par Dario Argento.

Sa première mise en scène en solo, Baiser Macabre (Macabro en V.O.), ne manquait pourtant pas d’éléments prometteurs mais l’ensemble est trop irrégulier pour convaincre pleinement.

Ca ne commençait pourtant pas si mal. Dès que son mari a le dos tourné, Jane en profite pour rejoindre Fred, son amant, laissant ses deux enfants se débrouiller seuls. Ce qui n’est pas du goût de sa fille Lucy, une petite psychopathe qui décide de tromper l’ennui en noyant son petit frère et en maquillant son horrible acte en accident. Lorsqu’elle apprend la nouvelle, Jane, en état de choc, demande à Fred de la reconduire chez elle. Sur le chemin, les deux amants ont un accident et Fred est décapité (il y a vraiment des jours sans). C’en est trop pour Jane qui passera l’année suivante dans un hôpital psychiatrique…un prologue intense pour une suite qui le sera beaucoup moins…

À sa sortie de l’institut, Jane préfère retourner vivre dans l’appartement qu’elle occupait avec Fred. La maison appartient à un jeune aveugle, Robert, qui s’en occupe depuis la mort de sa mère. Le soir, il se met à entendre d’étranges bruits provenant de la chambre de Jane et il commence à se demander si sa locataire est vraiment seule là-haut la nuit tombée. Pendant ce temps, la jeune Lucy est bien décidée à continuer à tourmenter sa mère…

Pendant une grande partie du métrage, le rythme se fera nettement plus lent, Lamberto Bava jouant surtout de la suggestion. L’une des bonnes idées du réalisateur est de provoquer les doutes et les interrogations par le biais de l’aveugle Robert (très bien interprété par Stanko Molnar, qui restitue de façon très juste la solitude et la tristesse de son personnage), ce qui permet une utilisation judicieuse des effets sonores. Au fur et à mesure du déroulement du récit, Robert se fait détective et son sens aigu du toucher lui révèlera l’horrible vérité.

La grosse faiblesse du film, c’est ce manque de tension palpable qui en réduit l’efficacité (Lamberto Bava n’est pas Fulci, qui arrivait à rendre la Nouvelle-Orléans beaucoup plus effrayante dans son Au-delà). L’histoire tourne autour d’un préambule très direct et les scénaristes prennent un peu trop leur temps pour construire une révélation-choc qui se devine assez rapidement (et qui fut en plus éventée par le matériel promotionnel de l’époque, notamment sur les affiches françaises et américaines). Malgré une interprétation solide, le temps finit donc par se faire un peu long jusqu’à un final tendu qui réunit les trois principaux protagonistes (Robert pris entre Jane et sa fille Lucy, aussi cinglées l’une que l’autre) et qui fait finalement éclater le caractère horriblement tordu (et macabre) des événements qui se déroulent dans cette chambre.

Oui, il est pas mal du tout, ce dernier quart d’heure…mais Lamberto Bava aurait tout de même pu se passer d’un dernier plan totalement stupide…