BARTON FINK (Joel et Ethan Coen)

En 1941, Barton Fink est un auteur de pièces de théâtre tourmenté, depuis peu encensé par la critique à New York. Son agent le pousse à tenter sa chance à comme scénariste sous contrat pour un studio, Capitol Pictures. Les épreuves s’accumulent : hôtel miteux, manque d’inspiration, un patron exubérant, une idole alcoolique, un voisin encombrant…

La légende nous dit qu’en panne d’inspiration lors de l’écriture de Miller’s Crossing, les frères Coen prirent trois semaines de repos pour se consacrer à un autre projet. L’histoire d’un auteur à succès qui n’arrive pas à écrire le scénario d’un film. La réalité c’est surtout qu’avec sa structure simple Barton Fink servi de repos durant l’écriture d’un film très complexe.

Quoiqu’il en soit le résultat n’en reste pas moins grandiose. Après s’être confronté à des genres très codifié ou avoir balancé une comédie punk endiablé, les frères Coen en viennent à parler d’art mais surtout du cinéma en tant que tel. Pour cela il crée le personnage de Barton Fink, un pur intellectuel New-Yorkais dont la confrontation avec le système Hollywoodien va le détruire à jamais.

Mais qu’on ne s’y trompe guère, le film n’est pas un plaidoyer pour l’artiste maudit contre le méchant Hollywood. Au contraire Fink nous est constamment dépeint comme un être arrogant et méprisant. Incapable de comprendre (et ne voulant pas comprendre) les « petites gens » sur lequel il veut construire sa grande oeuvre.

Alors qu’on lui demande l’écriture d’un film de lutte, Fink est incapable d’écrire trois lignes n’arrivant pas à marier ses velléité avec la réalité d’une industrie basée sur l’illusion et le mensonge. Cette prise de conscience progressive fera sombrer le personnage dans la folie et le film dans le fantastique.

Métaphore à la fin du travail d’écrivain, de critique artistique matinée de lutte des classes, le film offre également une galerie de personnage incroyable et de performance d’acteur au diapason. John Goodman est ainsi incroyable dans sa manière d’interpréter un personnage à la fois bonhomme et inquiétanta. Quand à John Turturro, il est tout simplement extraordinaire et délibre ici l’une des ses plus grandes prestations (à égalité avec la scène où il contemple les couilles d’un Decepticon)

Film faustien incroyable, simple sur la forme mais totalement dense. Une merveille

J’ai découvert récemment, au détour d’une préface de Lana Wachowski, que le nom de sa maison d’édition, Burlyman Comics, vient justement de Barton Fink. « Burlyman », c’est le titre du script sur lequel travaille vainement Barton (je crois que c’est « la Brute » en français, de mémoire, même s’il faudrait que je revoie le film afin de vérifier si le titre est cité dans les dialogue ou simplement aperçu…).

Jim

Je ne sais pas pourquoi, je n’arrive pas à voir quoi que ce soit de rationnel dans ce film et à ce titre il est pour moi, la meilleure interprétation de « l’Enfer ».