C’est la réflexion que je m’étais fait sur le coup, mais bon, en y regardant de plus près, ça vient juste de la représentation des bâtiments vertigineux renforcée par le N&B… Tsutomu NIHEI était architecte à la base, et ça se ressent vraiment dans ses œuvres. Ca me fait penser que j’avais rédigé un truc sur le sujet y a quelques années… Allez hop, je l’ai retrouvé, c’est posté (ça date de 2008 donc).
Megalomania: la folie d’un homme
[size=85]« L’architecture est une science qui embrasse une grande variété d’études et de connaissances ; elle connaît et juge de toutes les productions des autres arts. Elle est le fruit de la pratique et de la théorie. La pratique est la conception même, continuée et travaillée par l’exercice, qui se réalise par l’acte donnant à la matière destinée à un ouvrage quelconque, la forme que présente un dessin. La théorie, au contraire, consiste à démontrer, à expliquer la justesse, la convenance des proportions des objets travaillés.
Aussi les architectes qui, au mépris de la théorie, ne se sont livrés qu’à la pratique, n’ont pu arriver à une réputation proportionnée à leurs efforts. Quant à ceux qui ont cru avoir assez du raisonnement et de la science littéraire, c’est l’ombre et non la réalité qu’ils ont poursuivie.
Celui-là seul, qui, semblable au guerrier armé de toutes pièces, sait joindre la théorie à la pratique, atteint son but avec autant de succès que de promptitude. »
Vitruve, De Architectura, Ier siècle B.C.[/size]
[size=50]Un gratte-ciel aux proportions immenses[/size]
megalomania
la mégalomanie est une psychose consistant en la surestimation de ses capacités, et qui se traduit concrètement par un désir immodéré de puissance et un amour excessif de sa propre personne.
MEGALOMANIA est un recueil d’illustrations du mangaka Tsutomu NIHEI, illustrations qui furent publiées en 2000 dans un magazine japonais d’architecture, et qui furent reprises en 2003 dans l’artbook de l’auteur, Blame! and so on.
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Megalomania…**
Ce titre en dit long sur les aspirations de l’ancien architecte : ainsi donne-t-il naissance à de nombreuses folies architecturales comme celles qui parsèment ses différentes œuvres. L’homme est-il condamné à donner naissance à des monstres, des structures qui, telle la Tour de Babel, aspireraient à toucher le ciel et à défier Dieu lui-même ? En tous cas, l’œuvre de NIHEI va dans ce sens. De surcroît, quand on voit la propension des hommes à tenter l’impossible, comme l’illustre l’érection de la Tour de Burj Dubaï (817 mètres), de la Al Burj (1050 mètres), ou celle du *Pentominium *(516 mètres) , mais aussi les projets comme la *Murjan Tower *(1022 mètres), ou la colossale *Ultima Tower *(3.180 mètres) d’Eugène TSUI, toutes aux Émirats Arabes Unis, on comprend que la folie de NIHEI reflète uniquement la folie de l’homme.
[size=50]Une gigantesque tour reliant la Terre à la Lune[/size]
On peut ainsi remarquer son travail incroyable à travers des exemples tels qu’une tour reliant la Terre à la Lune ou une autoroute traversant le Pacifique, et ce, parmi les nombreuses représentations de mégalopoles anarchiques aux structures tentaculaires qui servent de cadre à* Blame!, Noise, Abarra, Digimortal, ou encore Biomega*. Ainsi, dans ces titres, on note que l’environnement ne se limite pas à un cadre, mais devient toujours un acteur : dans Blame !, ces structures sont en perpétuelle évolution, tant et si bien que des robots bâtissent sans jamais s’arrêter, et que la Terre s’efface derrière ces tours de milliers d’étages qui naissent dans des abîmes oubliées. Dans Abarra, les gôsabyô dissimulent un mystère fondamental pour l’histoire.
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« Comme ces édifices existent depuis très longtemps, la plupart des gens pensent qu’ils font partie du paysage. Personne ne sait ce qu’ils cachent. »
NIHEI Tsutomu, Abarra, Shueisha, 2005[/size]
[size=50]Un chef d’œuvre du génie civil : un pont reliant le Japon aux Etats-Unis, dans Biomega[/size]
Son œuvre la plus récente, Biomega, reprend dès son premier chapitre le concept de l’autoroute établissant un pont sur le Pacifique, reliant ainsi l’archipel nippon au continent américain. Une autoroute improbable que le héros traverse sur sa moto à toute allure. Les exemples sont nombreux, et NIHEI a réussi ainsi à donner naissance à un univers propre, où le décor vit et évolue au même titre que les personnages. C’est là l’une de ses particularités, l’un des composants majeurs de ses œuvres incroyables.
[size=50]Une gigantesque tour reliant la Terre à la Lune[/size]
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A VOIR**
NIHEI Tsutomu, Megalomania, dans Blame! and so on, Kodansha, 2003