Enfin pu voir le documentaire et j’ai beaucoup aimé.
La référence en matière de biographie sur John Belushi restait (reste ?) Wired écrit par Bob Woodward mais elle propose un récit de la vie du personnage et d’un environnement culturel de l’époque qui, même si très bien documenté, n’en reste pas moins une vision clinique qui occulte le pourquoi de l’incroyable succès de Belushi et de l’amour que l’Amérique lui portait.
En se basant sur des entretient oraux illustrés par une vaste somme d’archives passionnantes (musique, radio, photos, extraits d’émission etc) et des séquences animés avec une approche pertinente (jouant sur une alternance entre l’homme et l’enfant), le documentaire réussi son pari. A la fois récit détaillé de la vie de ce fils d’immigré albanais de ses débuts à sa mort et preuve par l’image de son incroyable talent de comédien. On y voit bien sur des extraits de films ou bien encore ses prestations au SNL mais le documentaire nous propose aussi des extraits de l’émission radiophonique du National Lampoon, des extraits d’un concert punk avec Belushi à la batterie, des extraits de concerts des Blues Brothers d’une qualité assez étonnante (et forcément réjouissante), des extraits de Hey Bartender qui est, si ma mémoire est bonne, la première apparition des Blues Brothers sous leurs formes définitive.
C’est bien entendu les interventions orales qui définisse le fil du récit. On peut entendre ainsi Harold Ramis, Chevy Chase, Lorne Michael, Carrie Fisher, James Belushi, Jane Curtin, John Landis mais également des amis d’enfance de l’acteur. Mais s’il y a deux personnes autour duquel le documentaire se construit c’est bien sur Judith Belushi (la femme de John) et Dan Aykroyd. Si Carrie Fisher a surement la vision la plus juste quand au caractère auto-destructeur de John, le témoignage de Judith est particulièrement éclairant sur toutes les aspects de l’homme. Pour Aykroyd (le frère*) c’est également l’occasion de voir le pourquoi d’un tel talent mais aussi l’euphorie de l’époque et ce sentiment de vivre dans une bulle en se croyant invulnérable.
En 1h30, le documentaire brosse toutes les époques sans, bien sur, trop s’attarder sur chacune d’elles mais l’essentiel est là : son besoin de reconnaissance, sa pudeur vis à vis de sa famille, son lien avec son père ou sa grand-mère, son assurance à Second City puis sa fragilité lors de la première année du SNL quand Chevy Chase devient une star, son amour du blues, son besoin constant d’exprimer ses sentiments etc.
Par sa mise en scène et sa pudeur le documentaire se rapproche de ceux, brillants, de Asif Kapadia (Senna, Amy et Diego Maradona) et rend surtout un bel hommage à un grand comédien. Et quel brillant choix de chanson pour conclure que de prendre la reprise de Guilty par Jake Blues sur l’album Made in America.
*Si je devais un jour écrire une biographie sur Belushi je la construirait autour de l’amitié du duo. Pas possible autrement. Je crois que le documentaire arrive à bien montrer à quel point l’amitié entre les deux acteurs étaient unique.