BLACK CHRISTMAS (Sophia Takal)

Black Christmas, slasher de Bob Clark sorti en 1974, aura droit à un second remake en fin d’année. Après Glen Morgan en 2006, c’est la comédienne et réalisatrice Sophia Takal (Always Shine) qui revisite cette histoire qui suit un groupe d’étudiantes traquées par un mystérieux tueur pendant la période de Noël.

Production Blumhouse, avec Imogen Poots (Green Room) en tête d’affiche, Black Christmas sortira aux Etats-Unis le vendredi 13 décembre (et en France le 11 décembre).

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En période de « top » et de « flop », il est probablement de bon ton de se livrer à l’exercice un brin débile de la « hiérarchisation des films » : pas très doué pour ça, je sais quand même quel est le film de 2019 le plus nul que j’ai vu. C’est ce « Black Christmas » signé Sophia Takal (dont j’avais pourtant envie de voir le « Always Shine » à l’occasion, il a l’air intéressant ; maintenant je me tâte, c’est malin…).
Le constat est d’autant plus douloureux pour moi que je suis un inconditionnel du film originel de 1974, signé feu Bob Clark (avec la regrettée Margot Kidder). Et c’est doublement dommage car le projet se prêtait à l’angle d’attaque choisie par les deux scénaristes (injecter une bonne dose de féminisme militant dans le slasher-movie, et dieu sait que le genre se prête à ce genre de tentative).

Commençons par les quelques qualités du film vu que ça va être vite vu : la photo est magnifique (sur un grand écran, ça claque) et deux ou trois interprètes tirent leur épingle du jeu (j’aime beaucoup ce que fait Imogen Poots, et le vieux beau Cary Elwes (« Hot Shots » forever !!) est un excellent choix de casting). Voilà, voilà…

Pour le reste, le film est affligeant. Manifestement charcuté au montage (et devinez quoi ? ce sont les scènes de meurtre qui passent à la trappe ; c’est malin, pour un slasher), le film n’installe jamais la moindre tension, et la mise en scène est désespérément banale.
Mais c’est surtout le scénario qui ne vaut pas la corde pour se pendre : le premier « Black Christmas », pourtant prototype du slasher, tentait des choses vraiment gonflées en la matière (comme la résolution, bluffante de « modernité »), et sans en faire des caisses distillait un discours féministe bien plus subtil qu’il n’y paraissait (réflexion sur l’IVG, etc…). On peut dire adieu à toute cette finesse ici.
Au tout début de film, on est intrigué : il y a une piste tellement grossière qui est mise sur le tapis que le spectateur se dit : « bon, ça peut pas être ça la solution, donc c’est forcément autre chose ». Et on gamberge un peu, en se disant que le film va peut-être sortir un truc intéressant de son chapeau. Que nenni. La piste la plus évidente est en fait la bonne, et elle est d’une connerie apocalyptique.

Perso, j’étais preneur d’une version « girl power » du slasher (même si des choses ont été tentées en la matière, déjà) ; le genre, qui prête le flan à l’accusation de misogynie (meurtres fortement sexualisés, persos féminins chair à canon, etc…), peut inclure sans problème ce traitement. Mais pas comme ça. Pitié.

A peu de choses près la résolution de l’intrigue consiste à nous dire que tous les hommes du film sont les coupables (oui, oui) et toutes les femmes des victimes, sauf une traîtresse qui préfère pérenniser le patriarcat, avant de se faire dessouder elle-même. Heureusement, les filles en mode « riot girlz » à la fin se soulèvent dans un climax digne d’une bagarre entre gaulois et romains dans « Astérix ».
Au secours !!

Comment un scénario aussi couillon et indigent a-t-il pu être validé ? C’est dingue.
Cerise sur le gâteau périmé, le script a le mauvais goût d’inclure une louchette de surnaturel dans l’intrigue ; c’est aussi naze que le reste…

Un ratage proprement incompréhensible tant le naufrage est patent. On a connu Jason Blum plus inspiré ces trois ou quatre dernières années dans ses choix de production.
A fuir !!