Non, c’est une illusion de la même nature que lorsqu’on dit que les séries c’est mieux depuis 10 ans. C’est un point de vue biasé par sa propre connaissance mais historiquement des deals monstrueux concernant des auteurs à la télévision c’est monnaie courante depuis au moins 30 ans. C’est du mercato courant. Savoir qu’on a filé un budget à Scorsese pour un téléfilm, c’est intéressant en soi, c’est une signature qui va faire venir quelques abonnés, c’est un coup de pub mais, foncièrement, c’est dans la même lignée (voire moins) que le deal récent que Dick Wolf a signé.
(ou que les deal de Bocho ou E.Kelley dans les années 80/90, les cachets monstrueux de Jerry Seinfeld ou des acteurs de Friends etc.)
Celui de passer d’un système rentable sur le long terme à un système courtermiste qui risque de montrer rapidement ses limites dès que la situation reviendra à la normale (cela dis ca sera juste en adéquation avec notre société de merde).
Le problème dans ce que je lis de ton message c’est que tu te base sur un événement exceptionnel alors que le principal n’est pas cela mais ce qu’il révèle et l’accélérateur d’une situation déjà existante que les professionnels n’ont pas attendu 2020 pour constater, étudier et prendre en compte.
Après qu’on soit clair je ne dis pas qu’on ne passera pas à un autre modèle. Je dis que si c’est le cas alors les conséquences quand au film à gros budget et/ou grands spectacles est assez claire. Il y aura une diminution ou une mutation. C’est le point qu’avaient évoqué Spielberg et Lucas il y a quelques années. Quand vous relisez l’article originale, ils ne s’attardent pas sur la question de la lassitude du public mais sur des questions beaucoup plus structurelle et financière quand à la manière de créer ce type de film.
Mais la question n’est pas de « balancer du lourd » mais de savoir la valeur qu’il représente et la capacité à le financer dans un système où tu en devient l’unique diffuseur.
Je sais pas…C’est comme si on passait d’un système où des auteurs sont édité par éditeurs et vendu par des libraires à un système où 3 ou 4 libraires virtuel serait l’éditeur, l’auteur etc. C’est pas que ce n’est pas impossible, c’est que cela modifiera forcément la nature même de la production.
Cette dette est construire sur un politique d’expansion et de nombre d’abonnée, pas de fidélisation des anciens. De fait elle ne pourra tenir à long terme. Je n’arrive pas à imaginer un modèle de production équivalent à celui d’aujourd’hui en terme de quantité et d’ampleur pour n’être diffusé que sur une plate-forme surtout dans l’incertitude même de la valeur du produit fini.
Non mais…
Si tu ne peux pas accepter l’idée - que comme dans le foot - ce mercato prend des proportions folles aujourd’hui.
Ce que tu appelles des cachets monstrueux, c’est du pipi de chat dans l’économie présente.
Le deal XXL proposé à Dick Wolf en est justement le reflet.
Je me fierai à leurs avis sur cette question.
Comme Scorsese, je leur trouve à la fois une vision éclairée et biaisée.
Non pas que je me crois plus malin qu’eux, mais une industrie en mode rouleau-compresseur, il faut être devin pour savoir où elle s’arrêtera.
Et l’évolution des moyens techniques, les CGI, des inventions comme le Volume offrent tellement de possibilités…
J’ai du mal à te suivre, là.
C’est ce qui a fait la force de Netflix, tu vois… La capacité à se projeter et à imaginer de nouveaux modèles, copiés par la suite.
Je ne le vois pas plus que toi, ce modèle. Mais d’autres le verront.
De mon point de vue, c’est inévitable.
Comme tu le dis, la situation était déjà existante. Les circonstances font que les professionnels doivent trouver une réponse qui ne peut pas être juste « une fois le virus passé, on fera comme prévu ».
Le covid crée les conditions de l’urgence. Le long terme passe après le court terme parce que l’économie fonctionne comme ça. Il faut des tunes, des résultats.
Et surtout, des géants sentent le sol trembler sous leurs pieds. Ils vont réagir.
Si tout cela était disproportionné je dis pas, ca serait en effet du jamais vu. Mais étant donné que les deals d’auteurs sont proportionné au budget et/ou recette acquise, je n’y vois rien d’étonnant. La logique reste la même.
J’ai du mal à te suivre, là.
Je sais, désolé. J’ai du mal à expliquer clairement ma pensée sur ce point. Je vais faire un peu simplet :
l’économie des services de la SVOD (de Netflix surtout) dépend de sa capacité d’expansion à avoir de nouveaux abonnés. Pas d’avoir des abonnés déjà acquis, à en avoir de nouveau. C’est pour cela qu’ils peuvent avoir encore de la dette, que les investisseurs sont là, parce qu’ils peuvent potentiellement s’étendre encore. C’est donc une expansion limité, forcément.
On peut passer d’un système de financement de gros budget par le fait de la multiplication des canaux de diffusions (cinéma, télé, dvd, svod etc. le tout avec des acteurs pouvant être indépendants les uns des autres) à un système où le diffuseur unique devra supporter seul son investissement. C’est possible. En gros il faut que Netflix, ou un autre service de SVOD bien sur, soit capable d’avoir suffisamment de nouveaux abonnés pour amortir, seul, un investissement de 300 millions ou plus. Puisque ces œuvres ne pourront être vu ailleurs et donc être amorti par ces droits.
Je suis certains que netflix peut lâcher des sous pour un ou deux budget de ce type. Le peut-il (et les autres concurrent) à hauteur du même volume qu’actuellement, j’en doute fortement parce que je ne crois pas que l’amortissement pourra être fait (surtout si on assiste à une augmentation de la concurrence)
et donc la question, primordiale à mon sens, est de savoir si en temps normal (pas en temps de pandémie ou confinement) et dans une configuration où n’existerait que la SVOD pour ce type de film, une offre classique comme celle de Netflix ou comme celle qu’a proposé Disney + (un tarif premium pour voir un film qui sera dispo à prix normal quatre mois après dans les mêmes conditions de visionnage) aura t-elle autant les faveurs du public aujourd’hui ? Si c’est oui alors banco, si c’est non alors on assistera à une diminution de ce type de film, à un changement dans des méthodes de financement (coucou la pub), a d’autre scénario que je n’imagine pas, ou bien…on se dit qu’au final c’est pas mal quand les films sortent d’abord en salle pendant quelques temps avant de les avoir en SVOD, ça permet d’amortir le cout de production, du coup on essaye de mettre des billes dans ce créneau.
(et, par exemple, le fait que la loi aux USA ai récemment changé, qu’elle permette qu’un producteur de film puisse posséder des salles et que Netflix ai justement acheter des salles donne une idée sur le fait que cette hypothèse puisse être envisageable)
Que pour la SVOD, dans l’immédiat, ça semble difficile… mais la SVOD est perçu comme un filet de sécurité aujourd’hui.
Ils vont blinder ce service-là à mort et en éprouver les limites dans les années à venir, c’est certain.
Pour le reste, la diversification des investissements, c’est une nécessité pour ce genre de structures. Si Netflix croit au cinéma en salles, tant mieux. On ne va pas s’en plaindre ici.
Je m’attendais à une telle annonce. C’est guère étonnant. C’était prégnant depuis quelques années et la crise sanitaire a joué un rôle d’accélérateur comme le dis Chapek
Le Boss aurait indiqué que les priorités étaient cinéma, D+, Hulu.
Ce n’est pas non plus un abandon en rase campagne du cinéma mais ça a le mérite de clarifier la stratégie. Comme le disent les commentaires, le magnétoscope et le téléchargement illégal n’ont pas tué le cinéma.
Non pas vraiment. Disney + réorganise bien toutes ses structures pour privilégier le streaming. Le titre n’est en rien « putaclic » et le corps reproduit bien ce que j’ai pu lire dans les articles en anglais
Et c’est bien ce qui est rappelé mais fondamentalement on assiste à un changement de paradigme assez évident et attendu (ou craint). Et les conséquence vont peut-être être celles dont on parlais plus haut a savoir une diminution du nombre de film à gros budget qui ne peuvent être amorti en tel quantité dans un système où le producteur est l’unique diffuseur
C’est sûr. Après est-ce que l’inflation des budgets n’était pas non plus devenu du grand n’importe quoi ?
Avec des chiffres tellement énormes que finalement peu pouvait suivre ?
Et sans gage de qualité globale si on pense à Justice League par exemple?
Ce sera peut-être une longue pause avant la (re)marche vers l’avant.
En écrivant, je pense fort aux droits télé du foot qui montrent bien la spirale débile de la surenchère.
Si Disney+ joue vraiment la transparence, on pourra se faire une idée avec Mulan.
Courant septembre, la souris du streaming avait rapporté avoir un peu moins de 9 millions d’usagers ayant payé les presque $30 pour voir le film aux USA.
Le gain était estimé à $263 000 000 + un peu moins de €40 000 000 pour la sortie en salles.
Le film a coûté €200 000 000 + la promo.
On est mis octobre. Je ne sais pas ce que donne l’actualisation des chiffres au USA. Je ne sais pas davantage ce que ça donne sur le marché français/européen/etc. Tout comme j’ignore quelle plus-value apporte Mulan dans le développement de Disney+ sur la durée.
Le film rapportera moins qu’en salles, ça c’est certain. Il fera entre $400 et $600 000 000, en voyant large.
Il aurait fait le milliard ou pas loin par le réseau classique.
Reste à savoir quelle part de la galette serait revenue audit réseau. Je sais comment ça se passe dans la monde de la BD, pas dans le monde du cinoche.
Peut-être que la sortie en streaming « limite » les frais d’exploitation ?
J’ignore si cela coûte quelque chose aux firmes de faire diffuser leurs films dans des salles de cinéma.
Oui ça coute aux distributeurs (parce que c’est un peu son job)
En frais d’envoi des copies (même en numérique)
En frais de promotion (les affiches et autres cartons)
Et la recette est partagée avec les exploitants (50/50 dans les premières semaines puis 60/40, 70/30 en faveur de l’exploitant au fur et à mesure du temps)
(après il doit y avoir des différences par rapport avec la France mais ça reste la même logique)
Prioriser sa production sur le streaming (c’est à dire concevoir sa production sur la base de ce canaux de diffusion et pas non « abandonner le cinéma » comme ce que je peux lire ou entendre par des gus qui semblent découvrir un phénomène qui a pourtant cours depuis plusieurs années) c’est en effet une possible diminution de ces coûts et une conservation totale de la recette.
Après faut voir combien coute aussi la gestion des serveurs et des réseaux et faut compter sur une augmentation massive et continue des nouveaux abonnements.
Très intéressant article de THR qui commence à récupérer des informations sur la politique des distributeurs quand à une diffusion des très gros budgets sur les plates-formes de SVOD. En gros, c’est pas gagné.
According to exclusive data provided to The Hollywood Reporter by Screen Engine/ASI, 18 percent of those paying a premium charge of $29.99 to view were new Disney+ subscribers. Of those, 12 percent said they would remain members of the service. And of the existing subscriber base who paid to watch Mulan , 21 percent said they might have dropped their membership had it not been for the film. Days before the Disney reorganization was revealed, the film studio said Pixar’s Soul also will bypass theaters and be made available to Disney+ subs Dec. 25 at no extra cost. Many took it as a sign that Mulan disappointed on PVOD, while others viewed it as a grab for new Disney+ members.
Je pense que si, mais à un moment il faut bien relancer la machine et black Widow bloque à mon avis le reste du dev film de Marvel, il doit donc sortir.