Blake & Mortimer - Tome 29 - Huit heures à Berlin
Printemps 1963. Dans l’Oural, au coeur de l’Empire soviétique, une mission archéologique découvre sept cercueils. À l’intérieur, des cadavres dont la peau du visage a été arrachée. Au même moment, à Berlin, un homme se fait tirer dessus alors qu’il franchit le Mur coupant la ville en deux. Avant de succomber, il réussit à prononcer un mot étrange : Doppelgänger. A priori, aucun rapport entre ces deux événements. Mais en réalité, il existe bien un lien entre la macabre découverte et le transfuge abattu. Ce lien porte un nom : Julius Kranz, un chirurgien est-allemand spécialiste des manipulations électro-chirurgicales sur le cerveau humain. L’un après l’autre, Mortimer et Blake vont croiser la route de ce scientifique machiavélique. Ils auront la désagréable surprise de retrouver à ses côtés un aventurier sans scrupules, qui prépare la plus grande mystification de l’histoire de l’humanité… Antoine Aubin met son trait éminemment « jacobsien » au service du scénario original de José-Louis Bocquet et Jean-Luc Fromental, qui conjugue la grande aventure, les brouillards de l’espionnage, les dérives de la science et les ressorts cachés de l’Histoire.
- Éditeur : BLAKE MORTIMER; Illustrated édition (25 novembre 2022)
- Langue : Français
- Broché : 64 pages
- ISBN-10 : 2870972369
- ISBN-13 : 978-2870972366
- Poids de l’article : 505 g
C’est à Neuilly-sur-Seine que naît, le 28 août 1962, le petit José-Louis Bocquet, si vite passionné par la BD qu’il fonde, à l’âge de treize ans, BIZU, son propre fanzine. Il conçoit ensuite plusieurs recueils illustrés pour Bédérama en proposant des compilations d’auteurs tels que Franquin, Binet ou Andréas. Pour satisfaire sa passion pour la lecture, il devient employé de la librairie Temps Futurs au début des années 1980 et, avec son ami et complice Jean-Luc Fromental, il participe à la réalisation des ouvrages de L’Année de la bande dessinée, publiés par ce temple parisien de la BD et de la SF. Ses premiers articles commencent à paraître dans Métal hurlant, et il devient attaché de presse des Humanoïdes associés en 1983, puis directeur de collection chez ce même éditeur. Ses premiers scénarios sont illustrés par Serge Clerc, Arno, Franz et Max. C’est avec la collaboration de François Rivière pour les scénarios et de Philippe Berthet au dessin qu’il commence en 1983 « Le privé d’Hollywood » (Dargaud). De 1989 à 1991, il scénarise, pour Francis Vallés, la trilogie des aventures du reporter Dorian Dombre (Glénat). En 1991, il participe avec Jean-Baptiste Gilou à la création des éditions La Sirène, où il publiera une monumentale monographie sur le cinéaste Henri-Georges Clouzot. Homme aux goûts et aux talents multiples, il a est également été rédacteur en chef adjoint de Salut les copains et animateur sur TF1, mais l’écriture reste son activité principale. José-Louis Bocquet publie ses premiers romans dans la « Série noire », chez Gallimard. Depuis, il en a signé six autres pour Le Masque, Autrement, Buchet-Chastel et La Table ronde. Chez Actes Sud et Flammarion, il est également l’auteur de monographies consacrées à Georges Lautner, André Franquin et René Goscinny, ainsi qu’au courant du rap en France. Scénariste pour la télévision et le cinéma, il a collaboré avec Pierre Jolivet, Hervé di Rosa, Olivier Mégaton, Doug Headline, Éric Valette, Patrick Grandperret et Georges Lautner. Pour Catel, il signe par ailleurs les scénarios de « Olympe de Gouges », « Kiki de Montparnasse », « Joséphine Baker » ou encore « Alice Guy » (Casterman), des biographies de femmes qui ont marqué l’histoire.
Après dix ans dans l’édition, Jean-Luc Fromental se tourne vers la presse, la publicité, la télévision et, bien sûr, la bande dessinée. En 1981, il crée (avec José-Louis Bocquet) L’Année de la bande dessinée. En 1983, il lance le bimestriel Métal Aventure et en 1985 et 1986, occupe le fauteuil de rédacteur en chef du mythique Métal hurlant. En 1986, il fait ses premières armes dans le dessin animé en coscénarisant la série « Bleu, l’enfant de la Terre », réalisée par Philippe Druillet, puis il travaille en 1991 sur le projet de long-métrage de Moebius, « Starwatcher ». En 1994, il conçoit la série animée « Il était une fois » pour 26 dessinateurs de BD. Il crée d’autres séries pour la télévision : « Witch World » (avec Colin Hawkins, 1997), « Les Renés » (avec Hervé Di Rosa, 2000) et « Mandarine & Cow » (2007). En 2001, il participe à la série « Lucky Luke » comme directeur d’écriture et scénariste. Il s’oriente ensuite vers le long-métrage d’animation, avec l’adaptation du roman de Roy Lewis « Pourquoi j’ai [pas] mangé mon père », réalisé par Djamel Debouzze, et l’écriture, avec Grégoire Solotareff, des scénarios de « Loulou et autres loups » (2002) et de « Loulou, l’incroyable secret » (2013). Jean-Luc Fromental reste en contact avec le papier, publiant régulièrement pour la jeunesse, notamment le très remarqué « 365 Pingouins » (2006, Naïve), avec Joëlle Jolivet. En 2003, il revient vers l’édition en créant au sein de la maison Denoël le label de bande dessinée adulte Denoël Graphic qui a, entre autres, publié « Tamara Drewe » (2008), de Posy Simmonds, « La Genèse » (2009), de Robert Crumb ou encore « Préférence système » d’Ugo Bienvenu (2019). Jean-Luc Fromental s’est aussi illustré comme scénariste de bandes dessinées, écrivant pour des artistes tels que Floc’h, Loustal, Stanislas Barthélémy (« Les Aventures d’Hergé », 1999, Reporter), Yves Chaland, Blexbolex, Miles Hyman (« Le Coup de Prague », 2017, Dupuis), Jano, Philippe Berthet (« De l’autre côté de la frontière », 2020, Dargaud). Il est l’auteur d’une trentaine de romans, récits de voyage, contes et bandes dessinées.
Antoine Aubin est né en Normandie en 1967. Enfant, il est fasciné par les images et apprend à lire avec Tintin. Après des études supérieures, il se consacre au dessin et travaille à la demande, en atelier, produisant planches de bande dessinée et illustrations. Il publie alors régulièrement dans la presse Hachette-Disney. L’album « Sur la neige », d’après un scénario de Wazem, paraît aux Humanoïdes Associés en 2004: la journée décisive d’un shérif, isolé par l’hiver, quelque part dans le Middle West. Aubin présente un autre projet à différents éditeurs; Dargaud ne prend pas l’histoire, mais retient le dessinateur. En 2010, paraît « La Porte d’Orphée », deuxième tome de « La Malédiction des Trente Deniers », une aventure de Blake et Mortimer scénarisée par Jean Van Hamme. Ensuite, Aubin dessine une nouvelle histoire imaginée par Jean Dufaux, « L’Onde Septimus » (2013), mettant en scène les deux héros anglais d’Edgar P. Jacobs.
Deux albums sont en chantier actuellement et occuperont les trentième et trente-et-unième places dans la collection (mais dans quel ordre ?) :
D’une part une aventure écrite par Yves Sente et dessinée par André Juillard, dont l’action sera située dans les Cornouailles durant les années 1950. Le titre n’est pas encore dévoilé et l’intrigue devrait s’intéresser aux légendes arthuriennes.
D’autres part Les Revenants du Doggerland, écrit par Yves Sente et illustré par Peter Van Dongen, qui serait une suite à L’Enigme de l’Atlantide ?
Jim
Alors bizarrement, je ne retrouve plus mes Blake et Mortimer dans ma bibliothèque. Pas plus que mes Tintin, d’ailleurs. Enfin si, je pense savoir où ils sont, mais là, il va falloir que j’y aille à la pelleteuse pour y accéder.
Parce que tout part du fait que j’ai quelques tomes à ranger, et que je viens d’acheter la réédition du Rayon U et sa suite, La Flèche ardente, et que je voulais comparer avec la vieille version du récit de Jacobs…
Ah, que de soucis, dans une bibliothèque !
Donc, voilà, j’ai rassemblé un petit paquet de jacobseries, en prévision d’une heure ou deux d’excavation… et dedans, il y a Le Sanctuaire du Gondwana. Du coup, en attendant de pouvoir comparer les deux éditions du Rayon U, j’ai rouvert cet album et je me suis rendu compte que je ne l’avais pas lu. Ouais, ça m’arrive souvent, ça : trop de bouquins !
Et donc, c’est très sympa. C’est la suite directe du diptyque des Sarcophages du 6e Continent (j’ai lu ça, moi ? Sais plus…), mais la construction du récit, qui s’ouvre sur une scène pré-générique pour ainsi dire puis sur une consultation médicale de Mortimer qui permet de faire le lien avec ce qui vient d’arriver, est parfaite pour le lecteur de passage : genre, moi.
L’album me semble inégal, mais il a ses bons moments. Toute la montée du suspense et l’équilibre entre Mortimer qui gère ses céphalées, Blake qui se consacre à une autre mission, le mystérieux personnage qui les espionne de loin, tout cela est bien maîtrisé. Le récit établit un mouvement de balancier, très palpable au moment des voyages en avion, et une construction en parallèle, qui donne du sel à ce qui s’apparente à une course-poursuite en chassé croisé. Le mystère scientifique autour duquel s’articule l’intrigue est assez prenant, faisant le grand écart entre les théories scientifiques et les thèses ésotérico-complotistes. Et puis, y a des jolies nanas, ce qui est très bien, surtout que Juillard sait y faire en la matière.
Là où l’album marque une baisse, à la fois de régime et de qualité, c’est dans la description du périple africain. Le scénario semble se réjouir à aligner un massacre d’animaux un brin gratuit : j’imagine que cela correspond à la volonté de faire le portrait d’une époque révolue, d’une société anglaise colonisatrice où les locaux appellent « bwana » les blancs et ricanent d’un rire niais à la moindre remarque. Si l’on peut comprendre cette volonté de restitution historique, c’est un peu complaisant et surtout ça tranche avec le portrait assez moderne des deux femmes, à commencer par Nastasia.
L’autre problème, c’est que les planches où les insouciants colonisateurs font parler la poudre prennent une place colossale qui aurait pu en partie être consacrée au troisième acte, à savoir la découverte du fameux sanctuaire annoncé dans le titre. Toute cette partie, qui convoque l’esthétique jacobsienne, mais aussi un zest hergéen et un saupoudrage moébiusien, est vraiment chouette, avec un discours fataliste et, là encore, assez moderne, assez en prise avec les interrogations actuelles (sans pour autant trahir Jacobs : bel équilibre). Cette partie aurait pu être plus développée, à mes yeux, et l’album se retrouve une fois de plus à proposer un mystère (et un voyage) plus intéressant que son explication (et que l’arrivée).
Il n’empêche que, malgré ces déséquilibres et quelques scènes déplaisantes, ainsi que la mise en avant de personnages (comme le petit Masai) que l’intrigue finira par délaisser, l’album se montre généreux, propose son lot de péripéties, de bons dialogues et de caractérisations réussies. On notera un subplot concernant Mortimer qui, fatalement, risque de rester en l’état (mais là encore, je n’ai pas tout lu), et surtout une habileté consommée à gérer l’identité, à tiroirs, du fameux personnage dans l’ombre. C’est plutôt bien joué, et, à la fin de la lecture, si l’on passe en revue certains dialogues, on peut comprendre qu’ils sont à double sens et que c’est parfaitement maîtrisé.
Quand j’aurais entamé les fouilles dans les strates géologiques de ma bibliothèque et que j’aurais retrouvé les quelques albums que j’ai de l’ère post-Jacobs, je me replongerai dedans, pour voir si d’autres tomes me procurent aussi un savoureux plaisir de lecture.
Jim
Ma mémoire me fait défaut.
C’est quoi,le subplot sur Mortimer ?
Sinon, j’ai bien rigolé avec le retour d’un personnage mort (« le secret de la grande pyramide ») qui n’est finalement pas mort…
Pour remourir bouffé par un hippopotame.
Sa fille.
Jim
J’ai vraiment oublié ça.
Vite,les relire
Jim
Je continue ma (re-)découverte de l’univers de Blake et Mortimer avec la lecture, occasionnelle et de temps en temps, d’un album issu du corpus des « suites ». Et c’est le cas ce week-end avec Le Testament de William S.
L’album fait revenir différents personnages déjà cités plus haut, dont Sarah Summertown, ancien béguin de Mortimer, et la fille de celle-ci, Elizabeth McKenzie, aussi érudite que sa mère. Emporté dans un tourbillon de mondanités, ce petit monde va rapidement être confronté à une mystérieuse énigme dont les racines sont à Venise et qui concerne la paternité de l’œuvre de Shakespeare.
Bien entendu, l’enquête qui s’ensuit est rapidement associée à une affaire de gros sous, qui intéresse un peu tout le monde et mobilise à la fois un gang de voyous détroussant les riches visiteurs à Londres et Olrik qui, s’il a beau être derrière les barreaux, n’en est pas moins capable de mobiliser son propre réseau et d’agir à distance.
L’intrigue entraîne donc Mortimer et la jeune McKenzie, un brin séduite par ce professeur faussement placide que sa mère tient en grande estime, de lieux fameux en décors célèbres à la recherche de trois clés qui permettraient d’ouvrir un mécanisme censé receler un manuscrit inédit du grand dramaturge. C’est donc une course-poursuite assez amusante et bien menée, sans temps mort, que l’album nous propose ici, dans la tradition des Hitchcock les plus légers ou de films comme Arabesque. Ça va vite, c’est exotique, les dialogues sont parfois à double sens ou pleins de sous-entendus, les gentils espions sont plus rusés que les méchants voyous, et les éléments disparates du début (notamment le gang de détrousseurs) trouvent finalement leur place dans le schéma général.
Le dessin de Juillard est toujours agréable, raffiné, jacobsien tout en gardant la souplesse qu’on lui connaît. C’est bien entendu l’un des grands repreneurs dans la série, et il parvient à mettre en avant ses propres forces graphiques, dont la représentation des personnages féminins. À ce titre d’ailleurs, la présence de Sarah et Elizabeth me donne l’impression (sans doute renforcée par le fait que ma lecture des « suites » est parcellaire et désordonnée) qu’il y a au sein de ce corpus une continuité propre aux histoires d’Yves Sente. C’est sans doute lié à des notions de propriété intellectuelle (les auteurs qui font apparaître tel ou tel personnage d’importance continue à l’utiliser et leurs collègues à l’éviter…), mais effectivement il y a une pelote narrative que Sente (et Juillard avec lui) déroule d’album en album.
Comment, dans cette perspective, prendre le dernier strip, qui insiste sur la famille d’Elizabeth et son père disparu ? Comme une infirmation d’éléments suggérés dans Le Sanctuaire du Gondwana ? Comme une confirmation ? Comme une manière de remettre à plus tard la résolution du subplot ? Comme une façon de dire au lecteur qu’il lui incombe de formuler sa propre réponse ?
Jim
Il me semble qu’il y avait une page montrant Blake et Mortimer parler de réfugiés étrangers qui avait été publié ici.
Je ne la retrouve plus
Quelqu’un peut m’aider?