BLOOD SIMPLE (Joel et Ethan Coen)

Au Texas, un propriétaire de bar découvrant que sa femme le trompe avec le barman, engage un détective texan pour les assassiner. Mais sous des dehors de parfait imbécile, ce dernier va se révéler machiavélique et imprévisible…

Petite envie pour cette début d’année : Se faire l’intégrale des films des frangins Coen. L’occasion de revoir des films que j’adore, de revoir certains qui ne m’avait pas franchement enthousiasmé et, surtout, découvrir ceux que je n’ai jamais vu.

Ce qui n’est pas le cas de leur premier film, Blood Simple traduit chez nous par Sang pour Sang. Polar suintant et dégoulinant mettant en scène principaux John Getz, Frances McDormand, Dan Hedaya et M. Emmet Walsh dans une intrigue tout ce qu’on pourrait juger de classique (un cocu voulant faire tuer sa femme et son amant) mais rendu ici totalement passionnant par la manière qu’il a de placer le spectateur comme seul démiurge de tout le récit tandis que tous les protagonistes vont, peu à peu, se faire une idée totalement différente de la réalité.

Ainsi Ray imaginera que c’est sa femme qui a tué son mari, tandis que cette dernière sera persuadé que son mari est bel et bien vivant et qui les traque.

Pour un premier film, je le trouve incroyable de maîtrise dans la gestion des multiples intrigues et de leurs recoupements. Même si certaines ellipses sembles incongru sur le coup, tout prend son importance au fur et à mesure. Et déjà la figure du mal est présente à travers le personnage du détective privé, personnage répugnant, horrible et terrifiant.

Premier film, premier coup de maître.

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Groovy !

Excellent. Je connaissais pas du tout. C’est une BA qu’ils ont destiner à financer le film ?

J’adore ce film, c’est cool que tu jettes un peu la lumière là-dessus, car j’ai l’impression qu’il est finalement peu cité, probablement éclipsé par les films suivants des frangins… A tort.
D’ailleurs, comme le disait Roger Ebert, « un film avec M. Emmet Walsh (ou Harry Dean Stanton, rajoutait-il) ne peut pas être mauvais ».

C’est une manière intéressante de décrire leur projet de mise en scène, et l’emploi de l’expression « démiurge » me semble complètement à propos, mais je dirais plutôt pour ma part que le spectateur, s’il a de « l’avance » sur les personnages, n’en est pas moins lui aussi une marionnette dans les mains des frères Coen, véritables démiurges du film pour le coup.
Il y a des idées de mises en scène véritablement géniales, où le spectateur lui aussi en début de plan ou de séquence ne sait pas vraiment ce qu’il en est du statut de tel ou tel personnage (vivant ? mort ?), avant que les réals’ ne lui glissent la clé de lecture de la scène.

Les Coen en début de carrière (et ce n’est pas du tout un défaut selon moi, à condition d’en être conscient je dirais) avaient d’ailleurs ce côté très « démiurgique » justement (l’axe Orson Welles, niveau filiation cinématographique), sur lequel ils se sont mis à réfléchir à partir de « Barton Fink » (à mon sens) avant de carrément en faire la matière d’un de mes films préférés dans leur filmo, le très sous-estimé « A Serious Man », bien plus tard. Le critique Bill Krohn a même fait une analyse de ce film exclusivement basée sur ce prisme de lecture là, et c’est passionnant.

Je ne le connaissais pas du tout, celui-ci. Merci Doc !

Ah, pour une fois, c’est pas lui !!! C’est Lord !

(quel abruti ! J’aurais pas du prendre le dernier verre hier soir)

Non mais après c’est le réflexe, je comprends

Mille excuses, mon Lordinou !

Je dirais qu’il a non seulement de l’avance mais jamais (sauf Abby si on extrapole la suite après la fin du film) les personnages ne connaîtront toute la toile dans laquelle ils se trouvent et c’est cela que je trouve réjouissant alors que bien souvent la révélation de l’ensemble est un processus qui arrive toujours à un moment ou à un autre pour les personnages.

Enzo Sciotti :

On dirait l’affiche d’un Dario Argento ! :grin: