BODY BAGS (John Carpenter & Tobe Hooper)

REALISATEURS

John Carpenter et Tobe Hooper

SCENARISTES

Billy Brown et Dan Angel

DISTRIBUTION

John Carpenter, Tom Arnold, Tobe Hooper, Robert Carradine, Alex Datcher,
David Nauhgton, Stacy Keach, David Warner, Deborah Harry, Mark Hamill,
Twiggy, John Agar, Roger Corman, Wes Craven, Sam Raimi…

INFOS

Téléfilm américain
Genre : horreur/comédie
Année de production : 1993

Au début des années 90, l’anthologie Tales from the Crypt (Les Contes de la Crypte en version française), inspirée par les célèbres bandes dessinées horrifiques de l’éditeur EC Comics, était l’un des succès d’audience de HBO. La chaîne câblée Showtime décida de développer une série basée sur le même format, c’est-à-dire une histoire d’une vingtaine de minutes présentée par un hôte. Pour les premiers épisodes, Showtime a fait appel à des maîtres du genre, John Carpenter et Tobe Hooper.

John Carpenter n’avait pas travaillé pour le petit écran depuis la fin des années 70 et les téléfilms Meurtre au 43ème étage et Le Roman d’Elvis. Tobe Hooper, le réalisateur du tétanisant Massacre à la tronçonneuse, était par contre un peu plus habitué aux productions télévisuelles à cette période de sa carrière puisqu’il avait livré des épisodes de Histoires Fantastiques, The Equalizer, Freddy le cauchemar de vos nuits et Les Contes de la Crypte (pour ne citer que quelques titres).

Alors que la production des 3 premiers segments était déjà avancée, Showtime fit machine arrière et annula le projet. Il fut alors décidé d’ajouter un fil rouge pour relier les 3 sketches et l’ensemble fut diffusé sous le titre Body Bags (Petits cauchemars avant la nuit pour la diffusion française). Ce fil rouge fait d’ailleurs partie des moments les plus savoureux du téléfilm : John Carpenter joue lui-même l’hôte de Body Bags, un médecin légiste (enfin, c’est ce qu’on croit au début) au teint cadavérique qui enchaîne les vannes, boit du formol et passe son temps à chercher les corps les plus mutilés de la morgue afin de raconter leur histoire. Big John a souvent déclaré qu’il avait arrêté de faire des apparitions dans ses films parce qu’il se trouvait mauvais acteur, mais il est ici absolument savoureux en émule sarcastique de Beetlejuice…

Body Bags est donc composé de 3 histoires et comme chaque film ou téléfilm anthologique, le résultat est inégal…ce qui est une constante de ce format. Les deux parties réalisées par John Carpenter ne sont d’ailleurs pas les plus réussies. Sur les deux, ma préférence va tout de même à celle qui ouvre le programme, La Station Service, qui a pour personnage principal une étudiante obligée de travailler la nuit dans une station service pour payer ses études, alors que la radio annonce qu’un tueur en série sévit en ville. Une ville bien connue des fans du cinéma de Carpenter puisqu’il s’agit d’Haddonfield, le lieu de l’action de Halloween. Ce n’est pas le seul aspect référentiel de La Station Service, puisque Sam Raimi et le regretté Wes Craven font une apparition et que l’un des personnages est joué par David Naughton (Le Loup-Garou de Londres).
Carpenter crée une atmosphère efficace grâce au confinement des lieux : il n’y a qu’un seul décor et par le jeu des lumières, concentrées sur la station service et les pompes, l’endroit est environné de ténèbres.
L’exposition prend tout de même un peu de trop de temps, mais dès que le serial-killer se révèle, la tension ne se relâche plus et la chute en deux temps est excellente.

Les cheveux du Dr Miracle est par contre le plus faible du lot. Le segment repose principalement sur les épaules de Stacy Keach, qui incarne un homme obsédé par la perte de ses cheveux. Il décide alors de tenter une intervention chirurgicale révolutionnaire pour enrayer le phénomène. L’effet est immédiat et il se retrouve doté d’une imposante chevelure…mais le docteur ne lui avait pas parlé des effets secondaires…
Carpenter mêle comédie et science-fiction pour un résultat décevant : Stacy Keach ne ménage pas ses effets, mais il y a trop de lenteurs et la révélation, aussi délirante soit-elle, intervient trop tard pour un final expédié.

Le meilleur est pour la fin. Avec Oeil pour oeil, Tobe Hooper livre un récit fiévreux et sanglant porté par l’interprétation hallucinée de Mark Hamill en joueur de base-ball qui perd un oeil après un accident. Un docteur lui greffe l’oeil d’un mystérieux donateur et c’est alors qu’il commence à avoir d’horribles visions…un thème classique (voir notamment les différentes versions de Les Mains d’Orlac ou Body Parts pour d’autres conséquences cauchemardesques d’un organe greffé) pour un traitement efficace qui ne manque pas de scènes chocs et perturbantes…et pas seulement parce qu’on y voit le cul nul de Luke Skywalker…
Parmi la distribution, on reconnaît le roi de la série B Roger Corman et John Agar (Tarantula) dans un de ses derniers rôles.

Malgré ses défauts, Body Bags est donc une sympathique petite production télévisuelle, que l’on peut voir comme un prototype du futur Masters of Horrors, anthologie de deux saisons diffusée sur la chaîne Showtime entre 2005 et 2007 et à laquelle John Carpenter et Tobe Hooper ont également contribué.

J’ai trouvé Body Bags bien mais sans plus, les épisodes sont pas si effrayants que ça et le deuxième frôle plus la comédie qu’autre chose. Sinon, article très sympa !