BRIGADOON (Vincente Minnelli)

Comédie musicale/romance/fantastique
Long métrage américain
Réalisé par Vincente Minnelli
Scénarisé par Alan Jay Lerner d’après sa pièce musicale
Avec Gene Kelly, Cyd Charisse, Van Johnson, Elaine Stewart…
Année de production : 1954

Deux américains sont venus en Ecosse chasser la grouse. Jeff Douglas et Tommy Albright sont deux amis aux caractères opposés. Le premier, campé par Van Johnson (Ouragan sur le Caine), est un homme désabusé qui passe son temps à boire. Interprété par la star des comédies musicales Gene Kelly, Tommy est un doux rêveur qui doute de sa relation avec la belle Jane à New York et désespère de trouver le grand amour. Alors qu’ils sont perdus, les compères aperçoivent au loin dans la brume matinale un village qui n’est pourtant mentionné sur aucune carte. Ses habitants semblent sortis d’un lointain passé, avec leurs costumes anachroniques…et pour cause…

…car Brigadoon est une bourgade frappée par un charme invoqué par leur ancien pasteur en 1754. Parce qu’il craignait l’influence des sorcières, l’homme de foi a conclu un pacte avec Dieu. Pour que les habitants de Brigadoon vivent en paix, le village se situe maintenant hors du temps et de l’espace et n’est visible qu’une journée tous les cent ans. Mais si un villageois tente de partir, Brigadoon retournera au néant définitif. Les choses se compliquent quand Tommy tombe amoureux de la belle Fiona Campbell (Cyd Charisse, qui avait déjà dansé avec Gene Kelly dans Chantons sous la pluie)…

Comme souvent avec les comédies musicales de l’époque, Brigadoon est l’adaptation cinématographique d’une pièce de Broadway à succès (les premières représentations ont eu lieu en 1947). La production fut compliquée et prit un peu plus de temps que prévu pour différentes raisons comme l’emploi du temps de Gene Kelly (qui s’exila un temps vers l’Angleterre pour accompagner sa femme blacklistée pendant le maccarthysme). Son retour à Hollywood coïncida avec le début du déclin de la popularité des comédies musicales, genre en vogue depuis les années 30.

Vincente Minnelli et Gene Kelly voulaient tourner Brigadoon en extérieurs en Ecosse mais les conditions climatiques difficiles ont fait qu’ils ont du renoncer, au grand plaisir des patrons de la MGM portés sur l’économie. Les Highlands et le village fantôme ont donc été reconstitués en studio, immense décor agrémenté par des toiles de fond minutieusement détaillées. L’ensemble n’échappe pas à un certain côté factice, presque carton-pâte par moment pourrait-on dire…mais cela correspond bien à l’atmosphère voulu, celle d’un conte fantastique, furieusement romantique et onirique. La réapparition de Brigadoon a en effet l’air de sortir tout droit d’un rêve et les couleurs éclatantes en renforcent la magie.

Brigadoon n’a donc rien à voir avec les comédies musicales plus rythmées et énergiques de Gene Kelly. Le film est un peu plus posé, le récit se déroule plus lentement mais sa légèreté est envoûtante et donne régulièrement le sourire (celui de Gene Kelly est toujours aussi communicatif). Les numéros musicaux ne sont pas répétitifs et vont de l’humour de I’ll Go Home with Bonnie Jean à la tension de The Chase en passant par la beauté de The Heather on the Hill. La mise en scène de Vincente Minnelli ne manque pas d’envolées lyriques ainsi que d’idées intéressantes dans le savoureux passage new-yorkais pour illustrer le décalage entre fantaisie et réalité.

Brigadoon n’a pas connu le succès, ce qui sera également le cas de la plupart des autres films musicaux tournés ensuite par Gene Kelly comme Beau fixe sur New York, l’expérimental Invitation à la Danse et Les Girls.

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