BULLET BALLET (Shinya Tsukamoto)

[quote]REALISATEUR

Shinya Tsukamoto

SCENARISTE

Shinya Tsukamoto

DISTRIBUTION

Hisashi Igawa, Takahiro Murase, Kirina Mano…

INFOS

Long métrage japonais
Genre : drame
Durée: 1h27
Année de production : 1998

SYNOPSIS

Jeune cadre falot, Goda apprend un jour en rentrant de son travail que son amie s’est suicidée à l’aide d’un revolver. Errant ivre mort dans un quartier mal famé de Tokyo, il rencontre Chistato, jeune femme énigmatique attirée par la mort. Elle est membre d’un gang qui humilie Goda et le passe à tabac. Pour lui, l’obtention d’un revolver devient alors une véritable obsession. Mais ses tentatives maladroites ne lui apportent qu’humiliations et coups, jusqu’au jour où le hasard met entre ses mains un revolver.

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« Bullet Ballet », autre fleuron de la filmo du japonais, moins spectaculaire et renommé que ses prédécesseurs, n’en est pas moins magnifique. Renouant avec le noir et blanc granuleux sublime de « Tetsuo », le film est une des représentations les plus désespérées qui soient d’un certain feeling urbain, pas très éloigné de certains travaux de Frank Miller sur papier. Une thématique qui fascine le rural que je suis.
C’est le film qui exprime le plus directement la fusion opérée par Tsukamoto entre le cinéma d’un Cronenberg et celui d’un Scorcese, deux des figures tutélaires de son cinéma. Reprenant sa figure fétiche du salary-man veule et terne qu’il interprète souvent lui-même, Tsukamoto raconte l’histoire d’une sorte de Travis Bickle, obsédé par la vision d’une sorte d’ange des rues, et démontant et remontant frénétiquement son arme dans l’attente d’une « décharge » libératrice (oui, l’allégorie sexuelle est flagrante). Sa relation à son arme est quasiment fusionnelle, comme celle de Max Renn dans « Videodrome » de David Cronenberg…
Le film contient aussi l’une des images les plus belles de toute sa filmographie, celle de cette fille voyou tokyoïte qui se perche talons dans le vide sur le rebord du quai d’une station de métro, les bras en croix, alors que les wagons frôlent ses chaussures au passage. Il y a quelques chose de magnifique à constater le décalage entre la simplicité de « l’effet spécial » (un gros plan sur des godasses au bout d’un manche à balai, suivi d’un plan moyen frontal où la fille est en fait un bon mètre devant le métro) et l’effet tout court produit par la séquence. Un moment de grâce comme il en perce tant au cours des films de Tsukamoto.