BURN AFTER READING (Joel et Ethan Coen)

Chad et Linda, deux employés plutôt crétins d’un club de sport, découvrent un CD contenant les mémoires d’un ex-agent de la CIA, Osborne. Viré pour alcoolisme, lui-même ne sait pas que sa femme le trompe avec Harry, un marshal porté sur le sexe. Chad et Linda, bien décidés à profiter de la situation, décident alors de faire chanter Osborne : les ennuis peuvent commencer…

Le succès publique et critique de la traque de Llewelyn Moss par le maléfique Anton Chigurh (4 oscars - meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario, meilleur second rôle) semble avoir ouvert une nouvelle période pour les frères Coen puisqu’ils vont, dès lors, enchainé sur pas moins d’un film par an durant 3 ans (4 en comptant No Country for Old Men).

Sorti en 2008, Burn After Reading a également la terrible responsabilité de prouver que le retour des frangins est acté et que leur précédent film n’était pas une sorte de miracle. Pour ne rien gâcher, les Coen s’entoure d’un casting 4 étoiles avec rien de moins que beau-gosse 1er (Brad Pitt) et ultime beau-gosse (George Clooney), sans compter le retour de Frances McDormand et l’arrivée de John Malkovich et de Tilda Swinton. Bref Burn After Reading ne pouvait pas se planter. C’était obligé, ça allait être m-o-r-t-e-l.

Peut-être se trouve ici la source de la déception de beaucoup envers le film. Il était attendu au tournant par beaucoup et l’attente était peut-être trop importante. Soyons quand même clair, le film a beaucoup de défauts mais j’avoue sans problème que j’ai passé un excellent moment à son visionnage là où je m’attendais à bien pire compte tenu des critiques lu et entendu ici et là (avec en premier lieu, chérie-chérie qui en gardait un triste souvenir).

Évacuons tout de suite les problèmes du film. En changeant de directeur de la photographie, les Coen font un choix pertinent compte tenu de l’approche du film mais crée une cassure et une ambiance qu’on a du mal à aborder. Plus problématique, le casting 4 étoiles dessert le film. Brad Pitt (de mémoire pas dans sa meilleure période cinématographique) est irrégulier. Il est possible qu’il ne soit pas arriver à « entrer » dans l’univers des Coen. Heureusement son duo avec Frances McDormand fait que cette dernière relève le niveau. Habitué des frangins, George Clooney aurait pu mieux s’en sortir mais, pour le coup, je crois qu’il ne correspond pas du tout au personnage de marshall voulue pour le film. Je me demande alors si les deux grandes stars n’auraient pas du intervertir leurs rôles. Le film y aurait gagné.

Parce qu’en dehors de cela, Burn After Reading est une belle et séduisante farce dont l’emballage est séduisant et qui arrive à conserver son credo jusqu’au bout. La plus belle réussite du film étant d’être conçu et pensé comme un véritable thriller (dans le montage, la mise en scène, la bande son, l’écriture et la structure des péripéties) mais autour de personnages médiocre et d’un objet qui n’a strictement aucune importance. Là se trouve toute la séduction du film qui se trouve être une parodie très élégante sans pour autant ne pas prendre au sérieux les péripéties puisque le film surprend quand même à plusieurs reprises.

Thriller pour de farce qui peut compter sur ses seconds rôles (et un Malkovitch parfait dans un rôle de médiocre), Burn After Reading n’a pas non plus l’envergure d’un Fargo ou d’un O’Brothers (puisque, selon les frangins, il conclue une trilogie des idiots initiée par ce dernier). Il n’en reste pas moins une très bonne comédie, agréable à regarder.

Un film « typique » de l’univers des frangins. Comme on pouvait s’y attendre en fait et comme, on peut alors se dire, les frères vont toujours faire. C’est peu dire que ce qui allait arriver, personne ne l’attendait.

Je l’ai vu à sa sortie (même un peu avant : j’avais gagné des places pour une séance d’avant-première), je n’avais donc pas encore lu ou entendu d’avis sur le film (ce qui permet de s’en faire un soi-même, sans biais). Et j’y suis allé sans en attendre quoi que ce soit.
Et je n’ai pas été déçu : comme tu le dis, si le film est rempli de défauts, il remplit bien son rôle de divertissement. Et je n’en demandais pas plus.

Ah, tiens, idée intéressante… C’est vrai que Brad Pitt est assez inégal dans son rôle (parfois, c’en est même gênant, alors qu’à d’autres moments, il est plutôt bien dans le rôle)… Quant à George Clooney, on se demande comment il est arrivé dans ce rôle.
On pourrait croire qu’on avait d’un côté les rôles principaux, de l’autres les acteurs majeurs, et que la distribution s’est faite par tirage au sort.

Oui, c’est une parodie, mais qui n’en oublie pas de raconter une histoire et d’être cohérente dans son récit… Quant aux surprises, il y en a une que je n’attendais vraiment pas (justement parce que je me croyais dans une simple parodie) !

Je ne me rappelle pas l’avoir déjà vu ne pas être parfait (ou au moins bon) dans un rôle, en fait…
Mais c’est peut-être seulement que je préfère ne pas m’en souvenir.

Tori.

Pareil que Tori (mais l’ai-je vu au ciné ?)