CAPTAIN AMERICA (Elmer Clifton & John English)

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REALISATEURS

Elmer Clifton et John English

SCENARISTES

Royal Cole, Ronald Davidson, Basil Dickey, Jesse Duffy, Harry Fraser, Grant Nelson et Joseph Poland

DISTRIBUTION

Dick Purcell, Lorna Gray, Lionel Atwill, John Davidson…

INFOS

Serial américain
Genre : action/aventures
Année de production : 1944

Historiquement, le serial Captain America est la toute première adaptation des aventures d’un super-héros Marvel (à l’époque où Marvel ne s’appelait pas encore Marvel mais Timely Comics). Et les essais télévisuels (pas vraiment tous couronnés de succès) qui ont suivi mis à part, cette production Republic (studio spécialisé dans les séries B et les serials, ces « films à épisodes » projetés en avant-programme dans les salles américaines jusqu’à l’avènement de la télévision) resta longtemps la seule…jusqu’à Howard the Duck, le navet de Lucasfilm sorti en 1986. Mais si le personnage principal porte bien (à quelques détails près) le costume du héros patriotique créé par Joe Simon et Jack Kirby à la fin de l’année 1940, ce Captain America n’a rien d’un Steve Rogers.

Car le Captain America du serial se nomme Grant Gardner (un vrai nom « à la Stan Lee »), un représentant de la loi qui exerce le métier de procureur (District Attorney en V.O.) tout en distribuant des mandales aux gangsters en tout genre sous l’identité de Captain America. Pas de sérum du super-soldat ici…Grant Gardner ne compte que sur son physique (faut pas se fier à ce début de brioche qu’il ne cherche même pas à dissimuler lorsqu’il se change en Cap, le bonhomme assure dans toutes les bastons), ses poings et son flingue.

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Republic était connu pour les nombreux changements de leurs transpositions de comics et comic-strips à l’écran (voir Adventures of Captain Marvel par exemple). Mais il n’y en a jamais eu autant que dans celle de Captain America. Il s’avère que la production du serial avait débuté avec un autre héros en tête d’affiche (ce qui n’était pas si rare à l’époque). Selon les spécialistes, il devait s’agir soit de Copperhead (le héros du Mystérieux Dr Satan), soit de Mr Scarlet (également District Attorney en civil), un personnage oublié de Fawcett Comics. Entre l’annonce du serial et le début de la production, Republic aurait perdu les droits et comme ils s’étaient porté acquéreur de ceux du plus populaire Captain America, le choix était vite fait…mais sans modifier en profondeur le script, ce qui aurait coûté beaucoup trop cher…

Dans un premier temps, il était tout de même question que le costume soit plus fidèle à celui des comics. Des tests ont même été réalisés, mais les ailettes ne tenaient pas et le bouclier était impossible à manipuler pendant les cascades (un cascadeur aurait même été blessé). Le studio a donc préféré opter pour une solution plus pratique : une cagoule sans ailettes et un flingue (le bouclier n’apparaît que sur la boucle de la ceinture). Le contexte historique de la bande dessinée n’est pas non plus évoqué. Comme Captain Marvel/Shazam avant lui, cette version de Cap combat une organisation criminelle commandée par un mystérieux chef qui se fait appeler le Scarabée (dans The Adventures of Captain Marvel, c’était le Scorpion).

Enfin, pas si mystérieux que ça…car contrairement au schéma habituel, l’identité du vilain est révélée dès la première partie. Ce qui donne aux spectateurs une longueur d’avance sur les héros qui ne la découvriront bien entendu qu’au chapitre 15. Le scénario fonctionne donc sur des recettes éprouvées, mais malgré des airs de déjà-vu et le fait que ce Captain America est (très, très) loin de celui des comics, ce serial est plutôt de bonne qualité (surtout comparé à ceux de Batman). On retrouve bien sûr les défauts inhérents à ce format (des répétitions, une intrigue un peu trop étirée) mais la réalisation, signée par deux vieux routiers du genre, est solide…les chapitres sont dans l’ensemble bien rythmés, les nombreuses bastons sont nerveuses et il y a de bons cliffhangers.

La place de l’héroïne est également intéressante. Gail Richards, l’assistante de Grant Gardner, qui connaît le secret de son patron (secret de polichinelle d’ailleurs, même le commissaire et le gouverneur sont au courant), échappe aux clichés de la demoiselle en détresse, ce qui n’arrivait pas si souvent que ça dans ces productions. On peut même la comparer à une véritable sidekick et Grant Gardner souligne à quel point son aide fut précieuse dans les dernières minutes.

Avant Reb Brown, Matt Salinger et Chris Evans, le premier Captain America de l’écran fut Dick Purcell. Robuste à l’écran, notamment dans plusieurs séries B tournées pour la Warner dans les années 30 et au début des années 40…mais au destin tragique. Car il mourut des suites d’une crise cardiaque en avril 1944, à peine deux mois après la sortie du serial. Il n’avait que 38 ans.

Pratique régulière, Captain America est ressorti dans les salles de cinéma en 1953 sous un nouveau titre, Return of Captain America. C’était à la toute fin de l’ère des serials puisque l’ultime production de ce format (un western) date de 1956.

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