CAPTAIN SWING (Warren Ellis et Raulo Caceres)

Où il aime bien toucher son chèque pour les comics qu’il torche. :mrgreen:

Pourtant, c’est une idée de transhumanisme qu’on trouve déjà dans Transmetropolitan, Stormwatch et Planetary. Rien de neuf.

[quote=« Jack! »]

Ça se passe à New York, mais l’écrivain est anglais. D’où l’allusion.[/quote]

Ah … vois pas le rapport, parce que pour avoir un peu fouiné sur le net, ce qu’il a écrit me semble bien raccord (sauf si tu veux dire qu’il fait comme Moore dans From Hell, ouais, peut être, mais c’est tellement petit à côté que je ne ferai pas la comparaison)

Les reproches que je lis chez Jack, j’ai l’impression qu’en fait ils décrivent un Warren Ellis que j’ai toujours connu.

La seul différence, c’est qu’il me semble qu’à une époque (grosso modo, avant StormWatch, pour faire très court), il ne savait pas se débarrasser de ses clichés et de ses poncifs, qu’ils traînaient comme des boulets.
Par exemple, si l’on prend ses clones de John Constantine, il y en a partout, que ce soit l’inspecteur Curzon dans ses Thor ou Pete Wisdom dans ses eXcalibur. Ça semblait apparaître comme des béquilles dont il avait besoin pour appuyer ses fictions.
Ça a commencé à changer quand il a commencé à proposer des archétypes (l’homo urbanis ou l’esprit du siècle dans StormWatch) ou à littéralement dénuder son fumeur à l’imper (ce qu’il fait en ouverture de Transmetropolitan, recréant l’archétype sur lequel il s’appuie). Ce faisant, on sent bien qu’il prend conscience de sa propre panoplie, et qu’il commence à jouer avec délibérément, là où ça prenait précédemment des allures de réflexes.
C’est ainsi que s’il fait six épisodes d’Astonishing X-Men, de Secret Avengers ou de Moon Knight, il sait se débarrasser de son inspecteur en imper pour jouer avec les jouets inhérents aux séries qu’il interprète.

Pour ma part, c’est à partir de ce moment que mon opinion sur Warren Ellis a changé, parce que j’ai trouvé qu’il commençait à réellement respecter les univers où il agissait, et construisait quelque chose.
Mais en soi, ce que décrit Jack, j’ai l’impression de toujours l’avoir connu.
Non d’ailleurs que ça me déplaise : c’est un auteur, bardé de fixettes, il arrive avec son style et son univers, mais il a la souplesse, la rouerie diraient certains, de savoir les mettre de côté de temps en temps, ce qu’il ne savait pas faire à la fin des années 1990.

Jim

Ce que je dis c’est qu’il fait C.S.I. à la sauce british, avec des personnages un peu plus couillus (mais pas moins plats) et des dialogues brutes sur une intrigue tout aussi palpitante.

C’est pas faux. Il a gratté pour perdre son archétype principal et derrière, il ne reste rien. Seulement des personnages vides de sens, désarticulés, ou des erreurs de personnalités. Un Cyclope qui déclare qu’il va décapiter Brand, un McCoy qui parle physique, un Wolverine qui veut de la bière. Bendis aurait pas fait mieux.

Et puis, bien que dilué, son détective en imper’, fumeur et désagréable se retrouve encore dans certains de ses personnages. Le flic de Gun Machine ou l’actuel Moon Knight en sont des avatars.

Mais c’est raccord avec la série. Dès qu’on parle des Four, tout le monde se chie dessus. C’est leur force : plus personne ne s’oppose à eux, du coup. Dès lors que Snow décide de leur rentrer dans le lard, ils sont quasi démunis. Et si le combat est vite torché, c’est raccord aussi : les Four se sont définis par leur soif de pouvoir, puis par leur pouvoir. Snow par l’accumulation de savoir et la rouerie. C’est ça qu’il utilise contre eux, pas ses pouvoirs, parce qu’ils sait qu’obnubilés par eux, c’est à ça que ses adversaires s’attendent. et sa méthode pour les éclater est proprement démesurée, parce qu’il sait qu’il faut au moins ça.

je trouve ça brillant. c’est beaucoup plus malin que la fin du premier arc de Millar sur les FF avec son stupide méchant « programmé pour être invincible alors on peut jamais le battre » et qu’on explose en créant une machine « programmée pour être encore plus invincible » : c’est à mi-chemin entre la dispute de cours de récré à l’école maternelle et le tweet de Nadine Morano. je préférerai toujours mille fois l’espèce d’hypercompression conceptuelle d’Ellis.

Vous me donnez envie de relire Planetary.
Merci !

[quote=« BenWawe »]Vous me donnez envie de relire Planetary.
Merci ![/quote]

Planetary, ça fait partie des trucs que je me relis quasi tous les ans.

Il fut un temps où j’en faisais autant.

Idem. J’ai lâché lors du précédent déménagement, il y a dix-huit mois, quand tout est resté en carton. Récemment emménagé dans un nouveau nid, les affaires rangées, je vais reprendre les bonnes habitudes. :slight_smile:

[quote]Vous me donnez envie de relire Planetary.
Merci ![/quote]

Moi aussi mais je suis en train de me relire Captain Britain & the M.I. 13 et j’ai le deuxième tome de Batman par Jim Aparo qui me surveille d’un œil louche. Ce sera pour une prochaine fois.

Oh l’aut’, y compare Ellis à Millar. :mrgreen:

Sauf que ce n’est pas de l’hypercompression. C’est 26 numéros à nous présenter les enjeux, à quel point tout le monde il est intelligent dans la pièce, pour régler le problème en deux coups de cuillère à pot parce qu’apparemment le Red Richards de cette réalité est un véritable imbécile. Le problème n’est pas de résoudre la confrontation en un seul numéro ou soudainement, c’est de la résoudre aussi paresseusement.

[quote=« Jack! »]

Où il aime bien toucher son chèque pour les comics qu’il torche. :mrgreen:

Pourtant, c’est une idée de transhumanisme qu’on trouve déjà dans Transmetropolitan, Stormwatch et Planetary. Rien de neuf.[/quote]

pour moi, il y a du neuf au niveau de l’effet mélancolique qu’ellis sait produire dernièrement. Les themes n’ont pas changé, si on les réduit au fait qu’ils seraient des idées, mais par contre ils les manient à produire un tout autre effet.

J’en avais parlé à l’occasion de son giant size sur les vengeurs, cette façon de faire du super héros une sorte de marcheur à travers le monde super héroïque, pas si éloigner d’une des facettes de superman qu’a développé morrison sur action comics, le superman observateur du monde imaginaire.

Chez superman l’émerveillement est à l’ordre du jour, chez les personnages d’ellis c’est plutôt une sorte d’état pensif, presque une lassitude mais pas tout à fait. Les personnages ne regardent pas ailleurs mais clairement tout cela les faits penser à autre chose. Un intérêt détaché.

Planetary commençait comme ça, avec le statut d’observateur, puis les personnages étaient peu à peu pris dans l’action, mais déjà l’important etait un peu autre chose, une histoire d’amitié.

Désormais, ellis ne décrit plus que des actions, mais ses personnages restent toujours un pied dedans un pied dehors.

Je trouve que son style s’épure, comme celui d’un dessinateur qui n’aurait plus besoin d’en rajouter, une écriture à minima, qui provoque chez moi un grand plaisir de lecture.

Pas con du tout comme façon de voir les choses. Mais ça me fait aussitôt dire que cette mélancolie semi-désabusée est peut-être bien le reflet de la propre lassitude d’Ellis à l’égard des comics. Il dit être toujours aussi fan du médium (dans un récent Comic Box), mais il semble en revanche lassé par l’industrie…
Je me souviens d’un propos éloquent rapporté par Bendis, qui disait qu’il avait demandé à Ellis l’autorisation en quelque sorte de reprendre son concept des « New Thunderbolts » pour son « Dark Reign » ; Ellis lui a répondu « fais ce que tu veux, je m’en fous. » Ellis se branle comme de sa première chemise de ce genre de choses…

Perso je continue à le respecter pour son investissement passé et les apports qui en ont découlé, et je continue à franchement kiffer son travail au moins un coup sur deux…même si j’avoue ne plus courir derrière sa dernière parution, comme je l’ai fait un temps.

[quote=« Jack! »]

Sauf que ce n’est pas de l’hypercompression. C’est 26 numéros à nous présenter les enjeux, à quel point tout le monde il est intelligent dans la pièce, pour régler le problème en deux coups de cuillère à pot parce qu’apparemment le Red Richards de cette réalité est un véritable imbécile. Le problème n’est pas de résoudre la confrontation en un seul numéro ou soudainement, c’est de la résoudre aussi paresseusement.[/quote]

C’est marrant, mais je ne lis pas les numéros précédents comme une présentation des enjeux. cet aspect là concerne quoi, trois ou quatre numéros au total. tout le reste est un commentaire sur la fiction et le bovarysme super-héroïque (et je vais redonner dans la comparaison Ellis/Millar : les Four ne sont pas si différents d’un Kick-ass, sur le fond, ils veulent vivre comme des êtres d’exception et pour y arriver, doivent s’inventer comme tels)

Pourtant, chaque numéro fait référence à la guerre entre Snow et « l’autre », d’une manière ou d’une autre. Que ce soit en creusant le passé de Snow (alors là, quasiment les deux premiers recueils avec le mystère du « quatrième homme », des trous de mémoire) ou du Batteur, puis des Quatre. Même l’histoire avec Ark et « Nick Fury » est connectée. Ensuite, Snow se débarrasse des Quatre un par un en utilisant ce qu’il a découvert au fur et à mesure de ses enquêtes. La menace est le fil de l’intrigue.
D’ailleurs, la couverture du Planetary #26, le numéro de la confrontation, fait sens puisque Cassaday présente Snow en train de poser la dernière pièce du puzzle.

J’ai toujours pensé qu’il y avait une forme de pessimisme dans la conclusion de Planetary à partir du moment où ils ramènent Ambrose. Les Quatre son morts alors vive les quatre ! Ceux qui ont toute la technologie et le choix d’en faire ce qu’ils veulent !
Surtout que Ellis avait lui-même dépeint un Snow tout puissant et tout vilain, perverti par le pouvoir, dans le crossover JLA/Planetary.
Que ce passe-t-il lorsque Snow n’a plus de vilain pour le confronter ? Mais c’est sans doute mon coté paranoïaque qui prend le dessus.

[quote=« Photonik »]Pas con du tout comme façon de voir les choses. Mais ça me fait aussitôt dire que cette mélancolie semi-désabusée est peut-être bien le reflet de la propre lassitude d’Ellis à l’égard des comics. Il dit être toujours aussi fan du médium (dans un récent Comic Box), mais il semble en revanche lassé par l’industrie…
[/quote]

non pas une lassitude à l’égard des comics, non non non.

Savoir produire un effet de mélancolie c’est pas être désintéressé de ce qui permet de le produire.

Il était dans le show off, mais le show off c’est toujours moins puissant comme effet que ce qu’il travaille actuellement. Beaucoup de ses personnages étaient des désabusés qui pourtant étaient toujours centraux dans l’action. Il y avait là comme une contradiction, un non sens logique. Maintenant ses one shot sont très centrés sur l’action, mais il a su faire de l’état désabusé quelque chose qui relève désormais de l’effet de lecture, et comme effet de lecture moi ça me rend pas désabusé du tout.

C’est comme si il remettait tous ces éléments (actions, cynisme, désabusé, personnages, histoire, effet) dans le bon ordre. Le sentiment n’est plus celui des persos, il n’est plus explicite, il en a fait un effet.

Je trouve ça très très fort, très maitrisé.

Il peut bien les laisser à d’autre ses idées, lui ce qui l’intéresse, c’est l’effet de lecture qu’elles entrainent lorsqu’elles sont mises à leur juste place.

J’en étais exactement au même point lorsqu’il a pris son espèce de congés sabbatique et comme je n’ai encore rien lu de son regain de production récente, je ne sais pas trop où j’en suis avec lui. J’espère qu’il me régalera encore.

Cette mélancolie semi-désabusée dont tu parles, je l’ai senti aussi, en particulier sur Freakangels, un des derniers trucs qui m’a vraiment enthousiasmé chez Ellis avant sa pause. Je suis assez étonné que personne n’en parle. Il y avait dans cette série une espèce de nonchalance que j’aimais beaucoup, avec une belle galerie de personnages et une narration super maitrisée, distillée sans esbroufe en gaufrier de 4 cases. Au passage, Ellis faisait un énorme pied de nez (ou plutôt un doigt, vu le personnage) à ceux qui l’accusent de ne pas finir ce qu’il commence (864 pages publié sur 3 ans à un rythme métronomique) et à l’industrie (publié gratuitement en ligne pendant que Marvel payait ses facture).

« Freakangels », voilà une de mes lacunes par exemple, faudrait que je me refasse. C’est ce comic qui était publié sur le web à raison d’une planche par semaine, c’est ça ?

[quote=« Franck from Mars »]

J’en étais exactement au même point lorsqu’il a pris son espèce de congés sabbatique et comme je n’ai encore rien lu de son regain de production récente, je ne sais pas trop où j’en suis avec lui. J’espère qu’il me régalera encore.

Cette mélancolie semi-désabusée, je l’ai aussi senti aussi, en particulier sur Freakangels, un des derniers trucs qui m’a vraiment enthousiasmé chez Ellis avant sa pause. Je suis assez étonné que personne n’en parle. Il y avait dans cette série une espèce de nonchalance que j’aimais beaucoup, avec une belle galerie de personnages et une narration super maitrisée, distillée sans esbroufe en gaufrier de 4 cases. Au passage, Ellis faisait un énorme pied de nez (ou plutôt un doigt, vu le personnage) à ceux qui l’accusent de ne pas finir ce qu’il commence (864 pages publié sur 3 ans à un rythme métronomique) et à l’industrie (publié gratuitement en ligne pendant que Marvel payait ses facture).[/quote]

j’aime aussi énormément freakangels. Les persos d’ailleurs sont très travaillés par la question de l’action au vu de ce qu’a produit leur dernière. La non chalence dont tu parles, c’est tout à fait ça. Il se promène ellis, nonchalamment, du moins on a l’impression, et on prend à sa suite un énorme plaisir.

[quote=« Jack! »]
J’ai toujours pensé qu’il y avait une forme de pessimisme dans la conclusion de Planetary à partir du moment où ils ramènent Ambrose. Les Quatre son morts alors vive les quatre ! Ceux qui ont toute la technologie et le choix d’en faire ce qu’ils veulent !
Surtout que Ellis avait lui-même dépeint un Snow tout puissant et tout vilain, perverti par le pouvoir, dans le crossover JLA/Planetary.
Que ce passe-t-il lorsque Snow n’a plus de vilain pour le confronter ? Mais c’est sans doute mon coté paranoïaque qui prend le dessus.[/quote]

là je te rejoins par contre. je trouve aussi que la fin de panétary ne va pas sans un sentiment de ratage.

Pas que je trouve cela raté, mais en effet ça sent l’impasse tout ça, le reconstitution des 4 comme tu le dis.

Peut être d’ailleurs que cette série signe l’adieu d’ellis au meta commentaire. Il en éprouve là les limites, du coup il nous présente en concentré dans sa trilogie avatar tout ce qu’il a à dire sur le super heros, puis après il se concentre sur son maniement, maniement du super heros ou des concept, ou des perso.

Il a épuré le meta commentaire - mais tout commentaire est toujours méta - de son ecriture ?

Tout est là. Si tu es allergique à la lecture sur écran, il y a eu une série de TPB/HC par Avatar, mais là, ce n’est pas gratuit.