REALISATEUR & SCENARISTE
Lewis Jackson
DISTRIBUTION
Brandon Maggart, Jeffrey DeMunn, Dianne Hull…
INFOS
Long métrage américain
Genre : drame/horreur
Année de production : 1980
Harry était un enfant qui croyait un peu trop au Père Noël…et il ne s’est jamais remis de ce soir du 24 décembre où, entendant du bruit dans le salon, il est sorti de sa chambre pour voir le bonhomme à la barbe blanche (en fait son père déguisé) en pleine séance de calins avec sa mère. Trente ans plus tard, Harry est un petit homme triste et solitaire essayant vainement de faire de l’esprit de Noël une réalité, ce qui tourne à l’obsession chez lui. Il se prend vraiment pour le Père Noël, veillant régulièrement à la qualité des jouets fabriqués à l’usine où il travaille et observant les enfants de son voisinage avec des jumelles pour séparer les « bons » des « mauvais » et inscrire leurs noms dans ses registres.
Une occupation qui place directement le personnage dans la case « pervers » mais comme le montrent plusieurs scènes qui suivent, Harry tient vraiment à préserver l’innocence des enfants sages et il va se montrer capable d’un geste d’une grande bonté…entre deux actions nettement plus répréhensibles. Le scénario décrit lentement la dégradation de son état mental, qui ne va pas résister à l’hypocrisie et au cynisme de ses patrons et collègues…
L’affiche et la promotion de Christmas Evil (également connu aux U.S.A . sous le titre You better watch out) ont pu faire penser à un slasher mais le long métrage de Lewis Jackson (plus inspiré par Frankenstein que par Halloween) tient en fait plus du drame psychologique mâtiné d’horreur (les morts sont rares et il n’y a qu’un passage que l’on peut qualifier de gore). Par plusieurs changements de tons, le réalisateur/scénariste plonge le spectateur dans l’esprit d’un homme qui bascule progressivement dans la folie, jusqu’au point de non-retour.
Lewis Jackson joue sur le contraste entre l’aspect enchanteur de l’imagerie traditionnelle des fêtes de Noël et une réalité nettement moins enjouée. Les adultes (Harry y compris) n’ont ainsi pas vraiment le beau rôle dans cette histoire dérangeante, la référence à Frankenstein devenant encore plus évidente dans la scène finale que l’on croirait tirée des films de monstres classiques de la Universal.
Christmas Evil est un long métrage à (tout) petit budget (et ça se voit) et des éléments comme la mise en scène de Lewis Jackson (qui n’est plus jamais repassé derrière la caméra) et le montage ne manquent pas de défauts. La relation entre Harry et son frère (la seule tronche connue, Jeffrey DeMunn, second rôle fétiche de Frank Darabont par exemple) aurait aussi méritée d’être un peu plus creusée.
Mais Lewis Jackson a tout de même su installer une atmosphère glauque, avec des éclairs de violence, des touches d’humour bizarrement décalées (voir les commentaires des policiers) pour finir sur un plan étonnant, qui peut prêter à sourire par son caractère rudimentaire mais qui ne s’éloigne pas du point de vue de celui qui fut autrefois un petit garçon qui croyait dur comme fer au Père Noël.