CINQ BRANCHES DE COTON NOIR (Yves Sente / Steve Cuzor)

Philadelphie, 1776. Mrs Betsy est dépêchée par les indépendantistes américains pour concevoir le tout premier drapeau des futurs États-Unis d Amérique. Sa domestique, Angela Brown, décide alors de transformer cet étendard en un hommage révolutionnaire, en y adjoignant en secret un symbole inestimable… Douvres, 1944. Le soldat Lincoln se morfond dans son camp militaire, entre discriminations raciales et bagarres quotidiennes. Jusqu’à ce qu’il reçoive une lettre de sa soeur, Johanna, annonçant qu’elle a découvert dans les possessions de leur tante décédée les mémoires d’Angela Brown - rien de moins qu’un témoignage d’une rareté et d’une valeur exceptionnelles. Si l’histoire relatée dans ces mémoires est réelle, alors c’est l’histoire des États-Unis qui est à récrire.

  • Album: 176 pages
  • Editeur : Dupuis (19 janvier 2018)
  • Collection : Cinq branches de coton noir
  • Langue : Français
  • ISBN-10: 2800161760
  • ISBN-13: 978-2800161761
  • Dimensions du produit: 23,7 x 2,4 x 31 cm

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C’est un Anglais, Cuzor ?

Nullement. Je crois qu’il est né à Rennes.
Il était en dédicace il y a quelques mois à Saint-Lô, mais je n’étais pas dans le coin.
J’aime beaucoup son travail, et cet album me fait de l’œil depuis des mois. Là, j’ai craqué, je viens de le prendre. Mais je ne l’ai pas encore lu.

Jim

On attend donc ton retour

Oh, vu comment c’est beau, je crois que ça sera la lecture de ce soir.

Jim

C’est sortit en janvier 2018 ce truc là, c’est vachement bien un récit de guerre fictif basé sur certains faits réel.

Un très bon récit de guerre franco-belge.

Ça fait des mois que ça me fait de l’œil, et quand j’ai vu qu’il n’y avait pas de sujet, je me suis dit qu’il était temps d’en ouvrir un.
Et ouais, c’est bien : j’ai commencé à le lire hier soir, et pour l’instant c’est très chouette.

Jim

Je continue à avancer dans ce gros pavé, profitant de la division en chapitre pour faire des pauses.
Le dessin est très chouette, même si l’on sent ici et là l’influence photographique, qu’il s’agisse de reconstitutions de moments clés du débarquement ou bien de la tronche des acteurs (Sammy Davis Jr a servi de modèle pour l’un d’eux, par exemple). Mais l’encrage est d’une grande qualité et les couleurs, qui prennent le parti de camaïeux dominants afin de définir chaque ambiance, ont une qualité immersive incontestable.
J’aurais quelques réserves sur la caractérisation, parfois un peu forcée (la séquence de la projection, par exemple), ainsi que sur les dialogues, qui utilisent cette méthode un peu old school consistant à placer entre guillemets un terme d’argot ou un surnom, comme dans un vieux Gil Jordan ou dans les premiers Clifford.
Il y a pour l’instant quelques longueurs, mais il y a de belles séquences. J’ai bien entendu été sensible à la représentation de la prise de Saint-Lô, la « capitale des ruines ». Et j’ai apprécié l’idée que nos trois héros soient rattachés, même de loin, aux « monument men ». Il y a de belles séquences d’action, et de chouettes cases d’émotion.
Après, il est évitent qu’Yves Sente a longuement observé l’écriture de Jean Van Hamme, dont il a été l’éditeur puis le repreneur des séries les plus emblématiques. On voit qu’il cherche à renouer avec les forces du scénariste, notamment la science de l’ellipse et une certaine aisance pour les cases muettes. Mais n’est pas Van Hamme qui veut, et si ça fonctionne bien ici, ça n’a pas l’élégance du maître.
Je pense finir ce soir ou demain soir : pour l’instant, c’est un très chouette album, donc quelques traits sont un peu trop appuyés à mon goût.

Jim

Fini hier soir.
La dernière partie est une vaste séquence de guerre, où nos héros rencontrent l’homme qu’ils cherchent (un peu par hasard, ce qui laisse un brin dubitatif) et l’objet qu’ils convoitent. C’est un peu surjoué, exagéré, ça tranche avec le réalisme affiché du récit, mais c’est trépidant.
Le récit se conclut sur une (avant-)dernière séquence qui couvre les conséquences en Amérique (et qui explique pourquoi le secret qui motive tout le récit ne sera jamais mis au jour), et qui revient sur le thème du racisme, présent dans tout l’album.
S’ensuit une séquence d’une page, que je qualifierai de post-générique, qui fait le point sur la situation d’un des personnages et revient, là encore, sur celle des Noirs dans l’Amérique de l’époque.
L’édition que j’ai, avec jaquette, propose sept illustrations en noir & blanc de toute beauté.
Au final, l’album est très chouette, joliment dessiné, mais la mécanique s’articule autour de grosses ficelles et la caractérisation est parfois brutale. Très agréable, avec un petit manque de finesse et d’élégance dans l’écriture.

Jim

Une case de Steve Cuzor, visiblement destinée à son prochain projet…

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… sur laquelle son collègue Olivier TaDuc a fait un encrage, pour s’amuser.

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Jim

C’est marrant, sur la version encrée, on dirait que le 3ème perso et le 4ème sont séparés d’une plus grande distance que sur la version non encrée.

Je trouve surtout que les personnages y ont des mines plus sombres, moi.

Tori.

Aussi. Mais c’est aussi la précision qui veut ça (excepté pour le perso en premier plan)

Cinq branches de coton noir a été traduit en Amérique sous le titre Black Cotton Star.

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Et récemment, Reginald Hudlin a dévoilé qu’il était associé à un projet d’adaptation au cinéma.

Jim