COLT & COAL (Vincent Brugeas / Mr Fab)

Colt & Coal

« Quand l’argent fait la loi, la vengeance prend le pas sur la justice »

1894, Amérique. À Newcastle la mine recrache chaque jour son lot d’ouvriers. Pour continuer à extraire en masse le charbon, les habitants ont vu affluer en ville des immigrés tchèques. Prêts à descendre dans les boyaux étroits au péril de leur vie, ils obéissent aux ordres de l’homme le plus influent de la région, Horace Frick. Mais quand l’un des mineurs est sauvagement assassiné, la colère gronde. Dans ce contexte explosif, Horace a tout intérêt à ce que ce crime soit élucidé au plus vite, quitte à employer des méthodes crapuleuses. C’est le début d’une enquête qui va réveiller les plus vils instincts et creuser davantage le fossé entre les locaux, attachés à leur terre, et les mineurs, détruisant malgré eux la beauté des paysages montagneux. Et tandis que Miss Miersch, la jeune préceptrice de la famille Frick, prêche en vain pour plus de tolérance, d’autres corps sont découverts. Les autorités vont bientôt se retrouver dépassées par les événements. En lançant des arrestations abusives, le Sherif souffle dangereusement sur les braises d’une révolte dont personne n’avait prévu la folie sanguinaire…

Véritable thriller social qui aborde les questions de l’immigration et du rejet, du racisme et de la traite humaine, ce western à l’atmosphère crépusculaire relate l’impossible cohabitation dans une Amérique aux prises avec ses démons. Avec une forte tension dramatique, le récit de Vincent Brugeas nous plonge au cœur du cachot pour un final grandiose. Grâce au talent de Mr Fab, et à sa palette de couleurs, le voyage n’est que plus authentique !

Scénariste
Vincent Brugeas
Coloriste
Mr Fab
Dessinateur
Mr Fab

Parution : 03.04.2024
Collection : ## Hors Collection (Glénat BD)
Thèmes : Fantastique, ésotérisme
Format : 240 x 320 mm
Pages : 72
EAN : 9782344059630
EAN numérique : 9782331080203

Extraits :

Jim

Autres extraits :

Jim

Autres extraits :

Jim

Dédicace à la librairie Vignettes, à Montpellier :

Jim

Très sympathique lecture. J’y allais un peu à reculons, car je craignais que le format (si la pagination est copieuse, 72 pages, ça reste un album classique, et le scénariste a tendance à mieux s’exprimer avec de la place) ne nuise au récit, mais au final, ça fonctionne bien : ce n’est pas décompressé, et ça couvre un max de choses.

On est donc dans une petite ville minière où les tensions sociales se font bien sentir. Les patrons exercent une vive pression sur les mineurs, et un décès violent ne fait qu’attiser le feu qui couve. Jim, le shérif, est pris entre deux univers, celui des exploitants qui exigent de l’ordre en abusant de leurs prérogatives, et celui des mineurs, souvent immigrés (tchèques, ça aura son importance), qui voient en lui le chien d’attaque des patrons.

Au milieu, on trouve Dorothy, la charmante préceptrice des deux enfants du patron, qui s’avère bien vite autre chose que l’intérêt sentimental du shérif. La succession des séquences permet de mettre en évidence la structure sociale de la bourgade (notamment autour de l’épicerie).

Bien entendu, d’autres morts violentes (et bien sadiques, au point de faire douter de la nature humaine de l’agresseur, et de laisser surgir une connotation un peu fantastique : les mises en scène évoquent les récits de monstres, le fond de sauce culturel des mineurs convoque le golem, Mr Fab dessine l’un des protagonistes en colosse pas loin du loup-garou…) vont mettre le feu au poudre et précipiter la révolte que les patrons espèrent éviter.

On a donc un récit social, un polar engagé avec son ambiance déroutante et ses révélations finales (la dernière scène est terrible). Ça fonctionne très bien, d’autant que Brugeas apprécie ces joutes politiques de pouvoir et sait mettre en scène des personnages qui comprennent les rouages causes / conséquences. On pourra lui reprocher, s’il fallait chicaner, quelques bulles un peu grosses qui surgissent tels des pavés dans les planches, et un langage peut-être trop soigné pour certains protagonistes (des niveaux de langue pas assez variés).

Côté dessin, Mr Fab s’inscrit dans l’incontournable filiation giraldienne, dont l’encrage est inspiré. Ses couleurs contribuent à l’atmosphère un brin surréelle du récit. On notera quelques scènes de bagarre un peu raides, mais les personnages sont très vivants et il s’en sort nettement mieux sur les séquences calmes.

Une très bonne surprise.

Jim

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