Bon, bon, bon … pas simple de parler de cette autobiographie, parce qu’à un moment donné, j’ai été assez touché émotionnellement par une partie de la BD, qui, à titre perso, m’a fait passer l’ouvrage à un autre niveau.
Pas simple aussi parce qu’elle parle à la fois de choses que je ne connaissais pas (enfin, pas avec autant de détails) et donc aussi choses qui ne m’ont pas rappeler que de bons souvenirs, et aussi parce que les thématiques sont quand même assez variées. On parle d’alcoolisme, d’Histoire (vis à vis des natifs), de religion, mais aussi de comic books, le tout dans la vie d’un seul bonhomme.
Jim Terry est fils d’un musicien d’origine irlandais et d’une native. Ce qui lui donne une double origine, dans une famille qui devient dysfonctionnelle avec des parents qui ont déjà, eux-mêmes, une histoire perso pas facile. Et donc un sentiment de se sentir à sa place nulle part (c’est ce sentiment qui sera un peu le fil rouge de l’ensemble de l’album, … du moins, c’est mon impression).
Alors, c’est jamais très simple de faire un autobiographie, faire retranscrire des sentiments sans passer pour un chouineur (on en connait). Et là, je trouve qu’il se dévoile (même s’il ne dit pas tout) avec une certaine sincérité, et sans que ça fasse nombriliste dans le mauvais sens du terme (même si ça parle de lui, de ce qu’il ressent, etc …), parce que je trouve qu’il est aussi dans l’autocritique, qu’il n’est pas tendre avec lui-même et qu’il met en avant aussi qu’il n’est pas le seul dans les situations qu’il vit (que ce soit les autres alcooliques qu’il rencontre, ou sa sœur pour les histoires familiales). J’ai trouvé intéressante la partie où il explique comment il vit son alcoolisme, pourquoi il fait ça, et ce qui suit, sa sortie (relative, il le dit lui même) de cette maladie via les réunions des AA est aussi intéressante. pas eu le souvenir d’avoir lu ou vu ce genre de détail (la mécanique, on la connait). Ce que j’ai trouvé aussi intéressant de sa part, c’est qu’il ne se réfugie pas derrière une enfance où il a vu ses parents se saouler régulièrement. Et puis comment il s’en sort, grâce à la BD (un vrai hommage à Will Eisner, comme je n’en avais jamais lu).
Et ensuite, revient la thématique des natifs, déjà évoqué au tout début, de la manière dont ils sont traités et on été traités, et aussi de comment ils risquent d’être traité via le projet d’installation d’un oléoduc à travers des terres ancestrales. ça permet aussi d’avoir une description de coutumes de natifs. Et là, il change complètement de narration, et je me suis dit que c’était aussi pour respecter les personnes qu’il avait rencontrées dans le camp (sorte de ZAD si j’ai bien compris). C’est une interview de Joe Matt qui m’a fait pensé à ça. Et l’interview de Jim Terry en toute fin d’album a confirmé mon ressenti.
Terry dit aussi qu’il a essayé d’atténuer certains propos, notamment à la demande de son superviseur éditorial, mais je trouve que le ton est juste et un peu sans concession. ça m’a ouvert les yeux sur pas mal de choses que je ne connaissais pas (ou alors juste en survol) et puis les thématiques sont très fortes.
Je me rends compte que je n’ai pas parlé du dessin … je pense que si les messages passent très bien, c’est sûrement parce que le storytelling est au diapason. Et la qualité graphique du noir et blanc est également au rendez-vous.
PS : Luc Brunschwing a fait une préface … je l’ai relue après ma fin de lecture (qui a duré 4 à 5 jours)… cette préface ne peut pas être plus juste.
PS 2 : je ne sais pas si j’ai tout dit sur cette BD.