CONAN LE CIMMÉRIEN - CHIMÈRES DE FER DANS LA CLARTÉ LUNAIRE (Virginie Augustin)

Sixième album de la collection « Conan le Cimmérien » et deuxième lecture pour ma part, cette adaptation signée Viriginie Augustin a plein de qualités.

Déjà, une approche graphique qui n’est pas sans rappeler le modèle buscemien. Je sais qu’une bonne partie de la communication autour de la collection insiste pour dire que les auteurs et l’équipe éditoriale cherchent à s’éloigner de l’interprétation Marvel, mais ce n’est pas le cas ici, et ce n’est pas pour me déplaire. Et si la dessinatrice semble canaliser de vieilles lectures, elle déglamourise le barbare, lui conférant parfois une allure simiesque et brutale qui lui va bien : c’est notamment palpable dans le premier affrontement, où l’on sent une sauvagerie sans retenue.

Donc, Conan a réchappé à un massacre lors d’un conflit où il s’était rallié à l’une des parties, et il a tué le poursuivant d’Olivia. Ensemble, ils prennent une barque et se réfugie sur une île de la mer intérieure qu’ils traversent. Mais entre les étranges statues découvertes dans un temple abandonné, la forme animale qui les suit dans la jungle et le navire pirate qui s’apprête à débarquer, les dangers sont nombreux. L’intrigue est un récit de reconstruction : du guerrier vaincu ayant fui en rampant dans la boue, Conan finira par devenir le capitaine d’un nouvel équipage, tandis qu’Olivia découvre des trésors de courage insoupçonnés même d’elle-même. Les péripéties ont ceci d’intéressant qu’elles ne fournissent aucune explication : d’où viennent les statues, comment le singe est arrivé ici, quelles sont les circonstances qui ont amené Conan à connaître les pirates… On n’en saura pas plus, le déroulement des événements se concentre sur la capacité du tandem à survivre. Et c’est pas mal, comme approche, ça crée un effet de continuité assez savoureux pour qui connaît mal le corpus officiel de Conan.

Dans l’ensemble, un chouette album, avec des cases de décors bien impressionnantes. Reste un lettrage un peu soporifique, avec une police raide peu mise en valeur et quelques oublis de ponctuation (dans La Fille du géant du gel, c’était certains espaces qui semblaient en trop : décidément, le lettrage, en franco-belge, c’est l’enfant pauvre).

Jim