CORRIDORS OF BLOOD (Robert Day)

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REALISATEUR

Robert Day

SCENARISTE

Jean Scott Rogers

DISTRIBUTION

Boris Karloff, Betta St John, Francis De Wolff, Christopher Lee…

INFOS

Long métrage britannique/américain
Genre : thriller/horreur
Année de production : 1958

Londres, 1840. Et comme le précise l’introduction, « avant la découverte de l’anesthésie ». Le docteur Bolton (excellent Boris Karloff) passe des amphithéâtres de médecine aux bas quartiers où il soigne gratuitement les miséreux. De plus en plus horrifié par les souffrances de ses patients, cet homme bon passe le reste de son temps à mettre sur point un anesthésiant, tout en se heurtant à l’immobilisme de ses confrères, pour qui « souffrance et scalpel vont de pair ». Obsédé par la réussite de son entreprise, il va alors expérimenter ses drogues sur lui-même. Et c’est là que ses ennuis vont commencer…

Corridors of Blood est un titre un peu trop sensationnaliste (mais certainement plus vendeur) qui ne correspond pas vraiment au sujet du film de Robert Day (qui venait de diriger Karloff dans un autre long métrage méconnu, Grip of the Strangler). Il n’y a pas de gore, on est plus dans le registre du thriller d’époque atmosphérique avec des touches horrifiques. Le premier acte tient même plus du drame historique, avec des personnages bien campés et des relations conflictuelles bien développées (Bolton se heurtant au scepticisme de son fils et aux ambitions des membres du comité de médecine).

Lorsque Bolton devient son propre cobaye, le récit bascule, ce qui se traduit notamment par des effets de mise en scène, des cadrages différents (alors que la réalisation était jusque-là plus sage). L’obsession du brave homme, qui va devenir rapidement dépendant aux substances de son invention, va précipiter sa descente aux enfers. Rejeté par ses pairs, Bolton va alors s’acoquiner avec des bandits pour mettre la main sur les ingrédients dont il a besoin.

Ces personnes peu recommandables dirigent un trafic de cadavres qu’ils revendent aux hôpitaux locaux, toujours en quête de corps pour l’éducation des futurs chirurgiens. Et bien entendu, ces assassins n’attendent pas que des corps sans vie leur tombent entre les mains pour gagner quelques pièces d’or. En sbire du chef de gang, on retrouve ainsi Christopher Lee, star naissante du genre horrifique (il a tourné Le Cauchemar de Dracula pour la Hammer la même année), qui prête sa silhouette imposante à l’inquiétant « Resurrection » Joe, un rôle qui rappelle celui de Boris Karloff dans Le Récupérateur de Cadavres de Robert Wise.

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Entre les deux aspects de l’histoire, le rythme est un chouïa bancal, mais la réalisation est dans l’ensemble assez solide, avec une direction artistique convaincante (malgré le budget limité) et une interprétation de qualité. Plus classique dans son déroulement, le dernier acte apporte un peu plus d’action avant une résolution quasi-christique. Un final moins subtil que ce qui a précédé, mais qui ne manque pas d’efficacité…

S’il n’a pas partagé beaucoup de scènes avec Karloff, Christopher Lee a toujours gardé un très bon souvenir de leur collaboration et c’est ce qui l’a poussé à tourner à nouveau avec l’immortel interprète de la créature de Frankenstein dans La Maison Ensorcelée (librement inspiré par Lovecraft) en 1968. Malade au moment du tournage, Boris Karloff est décédé l’année suivante après avoir complété ses scènes dans quatre séries Z mexicaines, sorties après sa mort entre 1969 et 1971.

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