CYBERPUNK (Mark Downham)

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[quote=« Amazon »]« No Future », disaient les punks. « Nous avons déjà demain, c’est aujourd’hui que nous voulons », disent les cyberpunks. De science-fiction, le Cyberpunk est devenu un véritable phénomène politico-culturel, qui essaime dans tous les modes d’expression, de la musique à la bande dessinée en passant par le jeu vidéo ou encore le cinéma, où il excelle. Dans cet univers, écrit Bruce Sterling, « le dingue de l’informatique et le rocker se rejoignent ». Mais Mark Downham va plus loin. Pour lui, l’individu n’est plus, à l’ère du cyberpunk, déterminé par le seul spectacle mais par un monde entièrement régi par les nouvelles technologies. Blade Runner en offre une illustration magistrale, film dont Downham fait une analyse passionnante. Bienvenue dans un monde où le réel et la fiction ne font qu’un.

Broché: 64 pages
Editeur : Allia (22 août 2013)
Collection : PETITE COLL
Langue : Français
ISBN-10: 2844856993
ISBN-13: 978-2844856999
Dimensions du produit: 17 x 10 x 1 cm[/quote]

[quote=« Éditions Allia »]La fin d’une époque – les conditions du vrai
L’enjeu des affrontements
« Les ordinateurs ont tout changé. Depuis des années, nous intégrons nos secrets dans leurs logiciels. Nous pouvons provoquer l’effondrement des systèmes bancaires commerciaux de l’Occident. Nous pouvons jouer aux Wisigoths et figer les missiles balistiques intercontinentaux des Soviétiques dans leurs silos secrets. Nous pouvons interrompre la production journalistique à Wapping. Nous pouvons désactiver les systèmes de sécurité d’un réacteur nucléaire. Nous pouvons remettre en orbite des satellites espions. Tout est possible. »
Les punks des années 70 ont désormais fait place aux cyberpunks. Eux aussi proclament un « No Future » mais inversé : « Nous avons déjà demain, c’est aujourd’hui que nous voulons. » Loin de n’être qu’un sous-genre de la science-fiction, le Cyberpunk est un véritable phénomène culturel. Il essaime dans tous les modes d’expression, de la musique à la bande dessinée en passant par le jeu vidéo ou mieux encore le cinéma, où il excelle. Dans cet univers, « le dingue d’informatique et le rocker se rejoignent ». Mark Downham cartographie cette nébuleuse en effervescence. Il en dessine l’esthétique et dissèque la genèse du phénomène, en le rapportant à la critique du spectacle de Debord, ici étendue à l’emprise de la technologie sur la vie quotidienne. Pour Downham, l’individu n’est plus déterminé par les seuls médias mais par l’ensemble des nouvelles technologies qui entraînent une véritable virtualisation du réel et de l’avenir. L’essentiel pour lui n’est pas tant de les remettre en cause, mais de critiquer l’utilisation qui en a été faite. À cet égard, Blade Runner offre une illustration magistrale de cette dérive, film dont Downham livre une analyse passionnante à l’aune de cet empire de l’hybride. Le lecteur est entraîné à un rythme effréné, syncopé, dans ce monde où le réel et le virtuel ne font qu’un.
Traduit de l’anglais par Aude-Lise Bémer.[/quote]

Chez les Éditions Allia.

Je suis tombé sur ce livre cet après-midi, et je l’ai pris et lu dans la foulée.
Un mot sur l’objet en lui-même déjà : je suis d’habitude plutôt circonspect sur ces tout petits formats un peu « opuscules », je n’en suis pas fou. Mais ici le travail d’édition et de conception du bouquin force le respect, c’est un petit livre mais un fort beau livre.
Je me suis rappelé a posteriori que les éditions Allia avaient sorti, dans un format similaire, les « Memorabilia » d’Edgar Allan Poe, que j’avais adorées…

Mark Downham est un auteur assez bluffant ; pas dit que son essai, initialement paru dans les années 80 (en 1988 précisément) parle à tout le monde, mais force est de reconnaître que le bonhomme a de l’humour : il faut en avoir pour ouvrir un essai consacré au genre par la phrase « le cyberpunk est une arnaque ».
Pour le reste, il faut s’accrocher aux rideaux parce que ça débourre. Le livre est constitué de courts paragraphes tentant chacun de donner une définition au genre, parfois de manière complètement contradictoire entre eux. On pense beaucoup à ce livre si particulier de J.G. Ballard, « La Foire aux Atrocités », dont Downham fait d’ailleurs le véritable acte de naissance du cyberpunk, sans oblitérer des ancêtres moins directs, de H.G. Wells à Dick, en passant par Alfred Bester et Thomas Pynchon…
On a parfois l’impression de lire justement le « Neuromancien » de Gibson (et si vous l’avez lu vous voyez ce que je veux dire…), une lecture ardue donc, pour le moins. Mais la cohérence entre le sujet et l’exposé de l’auteur est assez fascinante. Ceux qui recherchent une étude chronologique et documentée sur le genre peuvent passer leur chemin (de façon très drôle là encore, l’auteur dit à un moment : « le cyberpunk est probablement une sorte de nouvelle théorie situationniste, même si je ne me sens pas vraiment de me lancer dans une analyse détaillée »).
En gros l’auteur présente quand même en filigrane une réflexion assez fine, où il est loin de résumer le genre à une simple branche de la SF, plutôt une continuation du situationnisme, en tant que réflexion portée sur la praxis, prenant en compte l’impact de la technique la plus pointue sur nos existences, et le dépassement de la critique marxiste qui oublie de considérer les forces de production qui ne seraient pas matérielles…

Au niveau des références cinématographiques, « Videodrome » de David Cronenberg est fort logiquement convoqué, mais aussi « Blade Runner », disséqué sur un bon quart du bouquin, dans un style plus fluide et « abordable » que le reste de l’essai : je ne suis pas d’accord sur tous les points d’analyse (même si y’a des trucs assez unanimement partagés, comme la patine film noir), mais l’auteur apporte des choses intéressantes, comme faire de Roy Batty un visionnaire à la William Blake, qui est explicitement cité dans le film.

Intéressant à défaut d’être forcément très clair, mais la réalité que le filtre « cyberpunk » se propose de décoder n’est pas moins opaque… Le « mood » cberpunk est bien là en tout cas.

Plutôt intrigant ce que tu dis là, et pour moins de 6 euros !

Oui, le livre est très beau et pas cher, c’est à relever.

La connexion avec le situationnisme, elle passe aussi par la psychogéographie, qui n’est pas inventée par les situationnistes, mais on sait que c’est un moment charnière de l’existence du concept :pour l’auteur, les étendues urbaines et leur impact sur nos psychés ont partie liée avec le cyberpunk, donc il rapproche tout ça fort logiquement.
A lire entre les lignes, on devine aussi que l’auteur a fait partie (ou fait toujours partie) de groupes post-situ britanniques. En tout cas il insiste pas mal sur ce point et ce n’est pas l’axe le moins intéressant de l’essai.