Eh bien perso je dois dire que j’ai passé un bon moment devant ce film, d’autant que je n’en attendais pas grand chose et ce pour deux raisons :
- je ne connais absolument pas le matériau d’origine (manga, anime ou adaptations « live » nippones, dont une signée par Hideo Nakata quand même ; faudra que je checke ça)
- j’avais gardé un bien piètre souvenir de la dernière production de Wingard, le tristement nul « Blair Witch » ; alors que le reste de sa filmo m’a bien bottée (surtout « The Guest »), je commençais à me poser des questions sur son talent réel de cinéaste.
Le premier point, c’est j’imagine un gros plus pour découvrir le film et l’appréhender « sereinement ». Les lecteurs du manga n’ont pas cette chance, si j’ose dire. Je pense que le principal défaut du film (à savoir caser 2 h 30 d’intrigues au bas mot dans un long-métrage de 1 h 40…) saute aux yeux de ces spectateurs-là, de manière presque rédhibitoire. Idem pour les changements apportés aux persos principaux j’imagine, mais là je ne saurais dire, et pour cause.
A côté de ça, le film, pour le spectateur vierge de toute info comme moi, a quand même de sacrés atouts à faire valoir. Déjà, il y a ce « high concept » assez démentiel, porteur de dizaines de pistes scénaristiques, et de sous-textes à l’avenant, potentiellement passionnants. Le film de Wingard, s’il est trop dense pour son propre bien, a le mérite de les aborder presque toutes, à défaut de réellement les traiter. Et puis il y a ce rythme assez fou, qui résulte de la densité susdite : certes, les auteurs sont obligés de recourir à de méchantes ellipses pour tout caser (d’où des changements de braquet assez abrupts, notamment dans la psychologie des persos), mais le résultat est très grisant, ultra-speed et assez captivant au final. Le film est tout sauf chiant à mes yeux ; le postulat est posé en 5 mn, et on explore les premières conséquences de celui-ci en moins de 20 mn. A partir de là, pour ceux qui connaissent pas le récit d’origine, le film est totalement imprévisible et j’aime assez cette sensation.
Le gros plus, c’est que je trouve que Wingard a fait des gros progrès niveau réalisation ; rien d’éblouissant mais un solide savoir-faire (pour sa plus grosse production à ce jour) voire des éclairs d’inspiration. Le bougre sait aussi s’entourer : je ne sais pas qui est son chef-op’, mais la photo du film, dans le genre très coloré/éclairé aux néons, est particulièrement séduisante. Même en temps que pur narrateur, malgré les ellipses et quelques fautes de goût (ah, ces ralentis intempestifs : autant ça marche bien sur l’intro très « teen-movie dépressif », autant ça le fait moins sur le final), il a progressé, à mon sens.
Alors certes, le film a des tas de défauts (comme le fait qu’on ne sait rien du Death Note ni de son vrai propriétaire Ryuk, judicieusement laissé dans l’ombre par le réalisateur (il est un peu trop ridicule pour être montré plein pot) ; il est joué « vocalement » par Willem Dafoe, en mode Bouffon Vert à mort…) dont on peut se foutre (je m’en cogne un peu perso de où il sort ce fameux cahier), mais aussi et surtout des qualités à faire valoir, comme ce L, perso de détective « next gen » très charismatique et qui ferait passer Batman pour un couillon… Il est peut-être même trop malin, lui aussi fait l’objet d’ellipses trop brutale (la vitesse à laquelle il identifie Kira…!!).
En résumé : film imparfait et peut-être à fuir pour les aficionados, mais plaisante péloche de genre ryhtmée, fun… et très gore par instant ; on sent que Wingard fait valoir son expérience dans le domaine horrifique, ici.