DEATH WARRIOR (Cüneyt Arkin & Çetin Inanç)

olum_savascisi_affiche

REALISATEURS & SCENARISTES

Cüneyt Arkin & Çetin Inanç

DISTRIBUTION

Cüneyt Arkin, Osman Betin, Funda Firat, Kadir Kok…

INFOS

Long métrage turc
Titre original : Ölüm savasçisi
Genre : action
Année de production : 1984

En 1982, le duo Cüneyt Arkin et Cetin Inanc n’avaient pas seulement révolutionné (inconsciemment ?) l’histoire de la série Z avec leur maintenant célèbre Dünyayı Kurtaran Adam (plus connu sous le titre de Turkish Star Wars). Les deux prolifiques compères en avaient aussi profité pour revisiter à la sauce djadjik les films de ninja en tournant Son savasçi, réponse turque aux productions de la Cannon où Franco Nero cachetonnait en ninja moustachu.

Son savasçi (The Last Warrior pour l’international) suivait le long combat du flic karateka Kemal, personnifié par Cüneyt Arkin, le Alain Delon turc, le Bébel du trampoline, contre un gang de ninjas particulièrement vicieux et adeptes de la magie noire. Tourné comme d’habitude pour une bouchée de baklava, The Last Warrior a du rapporter assez de lirasi pour justifier le tournage d’une suite sortie deux ans plus tard, Ölüm savasçisi (ou The Death Warrior).

DW003
Le ninja turc…ou l’art de la discrétion…

Dans The Death Warrior, le disciple du chef des ninjas tué par Cüneyt dans le film précédent se retrouve en Amérique pour monter une nouvelle armée de guerriers surnaturels. Enfin, le scénario (ou plutôt les mauvais sous-titres anglais de la version que j’ai pu voir) mentionne les Etats-Unis, mais tout le monde parle turc et les environs évoquent plus Istanbul que New-York.

Leur but ? Envahir l’Amérique et propager la peur grâce à leurs incroyables capacités…parmi lesquelles se servir d’une allumette et de cartes à jouer comme armes (désolé, les gars, Bullseye est déjà passé par là), contrôler les objets inanimés par la pensée (comme la végétation, dans un plagiat éhonté de Evil Dead), ressusciter les morts et réveiller un monstre en papier mâché qui a l’air de sortir tout droit de Turkish Star Wars.

death
Tu t’es pas trompé de film, toi ?

Impuissantes face au pouvoir des ninjas turcs à moustache, les autorités locales n’ont d’autre choix que de faire appel au Grand Flic Turc en personne, l’inspecteur Kemal, qui va devoir à nouveau affronter ses vieux ennemis.
Résumé comme ça, lechoses ont l’air simple. C’est très con, mais assez simple.
C’est sans compter la présence derrière la caméra de Cetin Inanc (épaulé pour quelques plans par Cüneyt himself), le boucher d’Ankara, le sultan du stock-shot.

Turkish Star Wars était déjà un monument dans son genre, mais Death Warrior est également une expérience psychotronique qui donnerait des crises de catalepsie à n’importe quel monteur professionnel. Au mépris de toute continuité, Inanc larde ses scènes d’actions de stock-shots piqués à des productions internationales qui n’ont absolument rien à voir avec la pelloche qu’il est censé tourné (les voitures, les immeubles, même les figurants changent au gré des plans volés) et comme il n’a pas un kopek pour les cascades à base de bagnoles et de motos (tout est passé dans le budget trampoline de Cüneyt), il utilise carrément des jouets pour gamins pour les scènes les plus dangereuses (furtif, mais saisissant).
Et pour revenir aux stock-shots, la qualité de l’image est atroce, du niveau d’une VHS piratée trouvée dans un bazar quelconque.

Mais le réalisateur ne se contente pas de piller les longs métrages des autres…Inanc injecte aussi des passages tirés de The Last Warrior, le film précédent, histoire de donner un peu plus de consistence (c’est que ce truc dure à peine 70 mn) à un scénario qui tient sur un timbre-poste et qui change de ton et d’ambiance toutes les cinq minutes.
Mi-nanar ninja, mi-ersatz grotesque de Evil Dead (Inanc tente vainement de répliquer des mouvements de caméra à la Sam Raimi), Death Warrior enquille les séquences psychédéliques à la serpe…et l’une d’entre elles se termine par la transformation d’une victime en grenouille qui tente de tuer Cüneyt en lui sautant à la gorge. Bien entendu, le héros ne se laisse pas faire et l’éclate contre un mur. Faut pas faire chier l’homme…faudrait arrêter la coke aussi, les gars…

Image45
C’est un oiseau ? C’est un avion ? Non, c’est Super-Cüneyt !

Ce gloubi-boulga trouve son point culminant avec un climax d’une quinzaine de minutes qui pulvérise les limites du nanar. Cüneyt rentabilise son trampoline au maximum et abat du ninja turc par dizaines, sur fond de bruitages mal mixés et de bande son piquée à des films d’action japonais (on discerne d’ailleurs de temps en temps les cris de Bruce Lee).

Y a des fois, je me demande comment le Doc peut aller au bout de tant de trucs comme ça !