DERNIÈRES LECTURES COMICS

Dans les pérégrinations récentes sur la toile afin d’identifier ce qui est disponible (et par qui, et chez qui, et tutti quanti…) autour du bon docteur, je découvre l’existence de deux fascicules publiés par IDW en 2008 : Grant Morrison’s Doctor Who.

image

Ces deux numéros compilent ce qui semble être le corpus morrisonien lié au personnage spatio-temporel de la BBC, soit six épisodes au total. Les aventures concernent le sixième et le septième Docteurs, ont été publiées dans Doctor Who Magazine entre 1986 et 1988 (donc peu de temps avant l’explosion de Morrison chez DC) et, si mes informations sont bonnes, ont été mises en couleurs pour les réimpressions américaines (mais je ne suis pas sûr concernant ce dernier point). Enfin, les histoires sont également disponibles dans la collection de recueils américains Doctor Who Classics (en l’occurrence les troisième, septième et huitième tomes), ce qui me fait penser qu’il faudrait que je complète, tiens.

image

Le premier numéro propose une histoire en deux parties, « Changes », dessinée par John Ridgway. L’intrigue commence alors que Peri Brown découvre les trésors cachés (enfin, entassés, plutôt) dans le TARDIS. Pendant ce temps, le Docteur se lance à la chasse au passager clandestin, car un intrus se trouve dans le vaisseau.

image

Fidèle à ses techniques de compression qui feront sa gloire par la suite, Morrison assène des informations en rafale, jouant sur le fait qu’un des personnages écoute à moitié. On est proprement in medias res, mais l’effet est très discret. Il utilise de la même manière les dialogues de Frobisher (le « pingouin ») afin d’informer que ce dernier a retrouvé ses pouvoirs métamorphes, mais s’arrange pour que l’effet narratif important (une ellipse après une bande entièrement silencieuse) l’emporte dans l’économie de la planche.

image

Et voilà donc Peri et Frobisher en vadrouille dans le TARDIS. Les explorations du vaisseau sont toujours une occasion de proposer des intrigues amusantes, d’autant qu’on entre à pieds joints dans la logique de « courses de couloirs » propre à la série.

image

Bien entendu, Peri se perd dans les mondes que contient le TARDIS, occasion pour Ridgway de s’en donner à cœur-joie. Et elle finit par tomber sur l’intrus… qui s’avère lui-même être un métamorphe copiant l’apparence des gens qu’il observe.

image

Morrison s’amuse avec des dialogues à double sens ou des répliques décalées qui conviennent si bien au personnage et à ses compagnons. L’épisode laisse Peri en apparent danger face à l’intrus qui arrive derrière elle, mais le scénariste, dès le début du chapitre suivant, prend le lecteur par surprise en dupliquant la jeune femme sous les yeux du Docteur.

image

Tout à sa narration, Morrison est parvenu à faire visiter le « zoo » du Docteur, à en expliquer la fonction (trouver des environnements accueillants pour les espèces en danger), à identifier le passager clandestin (une kymbra chimera, autre espèce métamorphe) et à connecter ce dernier à l’espèce des Whifferdill à laquelle appartient Frobisher (ce qui n’est pas du goût de ce dernier).

image

Le récit en deux parties se conclut sur un combat entre les deux métamorphes tandis que le Docteur tente de faire fonctionner un appareil qui, comme souvent dans le TARDIS, ne fonctionne pas vraiment.

RCO021_1561173446

Ce premier numéro est complété par une histoire courte, « Culture Shock! », dessinée par un jeune Bryan Hitch.

image

L’intrigue est double, montée en alternance : d’un côté, des fourmis cybernétiques infectent « la culture », une civilisation de créatures semblables à des poulpes, afin de s’y reproduire, tandis que de l’autre, le (septième) Docteur, un peu découragé par ses errances, songe à retourner sur Gallifrey.

image

La rencontre entre la Culture et le Docteur est donc imminente. Morrison, qui joue là aussi sur les mots (il invente par exemple le terme « syntelligence » qui définit une sorte de pensée collective), offre aussi une variation sur le nom du Docteur. Le héros est en effet confronté à une maladie, une infection, un virus (représenté par les sortes de fourmis du début). Et en tant que Docteur, face à un virus, il… invente un vaccin.

image

On retrouve ici un thème récurrent chez Morrison, celui de l’identité collective, menacée par une invasion à la fois physique et mentale (c’est Starro dans JLA, c’est Darkseid dans JLA ou dans Final Crisis, c’est l’invasion extraterrestre dans Seven Soldiers…).

RCO026_w_1561173446

Et les deux auteurs quittent, dans la dernière page, le Docteur qui a retrouvé le goût de l’aventure grâce à cette intervention médicale qui lui a permis de sauver une civilisation entière.

Jim

1 « J'aime »