DES LENDEMAINS SANS NUAGES (Fabien Vehlmann / Ralph Meyer, Bruno Gazzotti)

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Ma femme a adoré cette BD (bon, moi, faudrait que je la lise !)
C’est quand même une « dream team », si je peux me permettre l’expression !

Dans un lointain avenir, un industriel versé dans la technologie exerce un pouvoir considérable en vendant à la population des biens dernier cri et en rendant dépendantes les masses. Si cela vous rappelle les GAFA, ce n’est peut-être pas tout à fait fortuit. Mais dans sa jeunesse, ce magnat était un aspirant écrivain. Un scientifique disposant d’une technologie temporelle décide de remonter les époques afin de le retrouver et de le conduire vers une carrière de romancier à succès, évitant ainsi le triste avenir qu’il a connu.
Bien entendu, rien ne se déroule comme prévu.

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Pour cet album sorti dans la prestigieuse collection « Signé » du Lombard, Vehlmann utilise un canevas qu’il reprendra pour Les Cinq conteurs de Bagdad, à savoir une trame permettant d’insérer des histoires courtes. Celles-ci sont en réalité les récits que le voyageur du futur propose à l’écrivain (fort médiocre au demeurant) afin de l’éloigner de sa carrière de magnat de la technologie. Chaque chapitre est donc ponctué par une petite séquence prenant place dans le présent, à une époque où ces récits n’ont qu’un statut de fiction.

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On est donc en droit de se demander s’il s’agit de réelles anecdotes issues du monde à venir (ça parle de médecine, de médiatisation, d’isolement par le biais des outils modernes, de pollution et d’abus de pouvoir, et comme souvent avec la science-fiction, ça parle surtout de nous aujourd’hui) ou d’inventions brodées par le voyageur temporel. Si elles sont présentées comme des souvenirs, on est en droit de s’interroger sur leur véracité. Mais qu’importe, au demeurant, puisque le sous-texte parle d’imagination, et de sa confiscation par les médias (la télé, notamment).

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Les chapitres se suivent, permettant d’observer le parcours du voyageur du futur, qui finit par perdre de vue la mission qu’il s’était confiée. Il y a ce pessimisme souriant et discret qu’on retrouve dans pas mal de récits de Vehlmann, qui éclaire à rebours l’ensemble de l’album.

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Le bouquin, édité en 2001, est ressorti en 2009 sous une nouvelle couverture de Ralph Meyer, que je trouve personnellement plus belle et surtout qui me semble avoir le mérite d’être nettement plus évocatrice, de traiter plus clairement le sujet, là où la précédente affichait une approche plus générique, plus symbolique.

Jim

1 « J'aime »

Celle que j’ai.
Bon, je démarre mon vrai fil rouge « franco-belge » de l’année, avec cet album. Pas sûr que je fasse dans l’ordre de parution des ouvrages, je vois que j’ai déjà re-merdé avec celui que je suis en train de lire. Mais qu’importe, c’est pas le sujet.
Vehlman, je connaissais que de Seuls (à cause de Soda/Gazzotti par ma femme) et Green Manor (par mon dealer, qu’il considère comme étant LA meilleure BD), sans savoir que c’était lui.
Des Lendemains sans nuages, c’est par feu superpouvoirs que j’ai fait attention à son existence, et je note que c’est la deuxième BD de l’auteur. Avant, c’était Green Manor, donc je me demande si, à l’époque, il n’était pas plus à l’aise avec les récits courts (ce qui expliquerait le format élégamment explicité par Jim ci-dessus). Et j’ai beaucoup aimé. J’adore ce genre d’approche, puisque cela déguise des mini-récits à la variété de genre et de ton, tout en s’inscrivant dans un plan générique. Même si c’est plus futuriste que la série Black Mirror, ça m’y a fait pas pensé (si je peux me permettre cette analogie, même si la BD est sortie bien avant le premier épisode de la série). Ce qui est assez épatant (ou navrant), c’est que les thèmes de l’histoire n’ont pas pris une ride, 25 ans plus tard. Et je me demande même si Vehlmann n’avait pas deviné quelques détails de son futur (notre présent). Presque effarant, tout en étant divertissant.

Sur l’ensemble ? Ou sur le premier mini-récit ? J’avais pas trop ressenti ça, tiens.

Pour le dessin, je suis gêné car je ne suis pas vraiment capable de distinguer Meyer de Gazzotti… j’ai l’impression que Meyer fait le récit principal, là où Gazzotti fait les petites histoires, mais rien n’est moins sûr. En tout cas, c’est beau (parce que Monsieur Lainé n’en parle pas !)
Je trouve que cette BD est une sorte de pont entre deux générations (l’avant et l’après 1995/2000). Je ne sais pas ce qui me fait penser ça, le lettrage peut être, ou la colo. Ce n’est pas un défaut ou une qualité, c’est juste une réflexion (gratuite, j’offre) sans jugement, suite à une impression.

Un très bon album, que j’aurais plaisir à relire.

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Heureux homme, tu vas découvrir plein de trucs cools, genre Le Marquis d’Anaon, Le Dieu-fauve… Et si tu aimes ses histoires courtes, je te conseille Les Cinq conteurs de Bagdad ou Dieu qui pue, dieu qui pète (ou encore son album consacré à Méliès…).

La pratiqué était fréquente dans la science-fiction américaine des années 1930-1950 : quand les rééditions en recueil ont commencé à se développer, les auteurs assemblaient des textes précédemment parus dans les pulps, et bidouillaient un peu, parfois en les retouchant, parfois en les accompagnant de chevilles narratives qui faisaient le lien, afin que ça ne ressemble pas trop à un recueil de nouvelles. Et les Américains ont donné un nom à cette pratique : les fix-up novels.
L’un des exemples les plus évidents, ce sont Les Chroniques martiennes de Ray Bradbury. Ou Les Robots d’Isaac Asimov. Mais on peut aussi citer La Faune de l’espace ou Les Armuriers d’Isher, d’Alfred Van Vogt, qui est d’ailleurs crédité comme l’inventeur de l’expression.

Comme toi, j’ai découvert l’album largement après la sortie, et à bien des égards, je le trouve totalement d’actualité.

Jim

ça, j’ai pas encore.

ça, ça me tente moins.

Oui, j’y ai pensé. Je me suis demandé d’ailleurs si la BD n’avait pas été pensée pour être prépubliée.

Vais-je retenir ce joli mot anglais, qu’il est dommage de ne pas avoir son équivalent français.

Je suis moins fan : c’est assez poétique, mais les « chutes » tombent un peu à plat à mes yeux. Mais je relirai volontiers.
De toute façon, chez Vehlmann, y a plein de trucs cools, et j’en ai commenté beaucoup sur le forum, ça peut t’aider. Je conseille vivement les deux tomes de Wondertown, qui m’ont fait découvrir le travail de Féroumont.

Cette BD en particulier ? Je ne sais pas. Peut-être.

C’est une sorte de collage. Je ne sais pas si le mot s’entend dans ce contexte.

Jim

Eux aussi sont dans mon viseur.

Oui.

Très bien !!!

Jim

Ah, c’est comme les vieux Mickey Parade, dans lesquels ils réunissaient différentes histoires et ajoutaient un prologue, un épilogue et quelques transitions (ou modification des planches de fin ou début des histoires)…

J’aurais dit un assemblage, moi (ou un bricolage, si c’est bancal ~___^).

Tori.

Un assemblage fignolé !

Ah tiens, j’ai jamais fait gaffe.

Un assemblage bricolé !!!

Jim

Un élément de réponse dans l’interview dispo dans l’intégrale « pocket » de IAN : " […] et avons décidé de se faire la main sur des histoires courtes de S.F., qui ont fini par former le recueil Des lendemains sans nuage […]"