J’ai été le voir, et comme toi j’ai beaucoup aimé ; pas loin moi aussi de le mettre à égalité avec le deux…
Passé l’ouverture, bien tendue, drôle et spectaculaire comme il se doit, la réalisation est pas folichone folichone… mais rien de déshonorant non plus, comme c’était le cas sur le quatrième (une honte, celui-là).
Je suis un peu d’accord avec Fredo sur le concept même des « bloodlines » : il est un brin sous-exploité. Il y aurait eu à faire pourtant avec cette idée de psychogénéalogie, de traumas qui circulent à travers les générations… c’est un peu abordé, mais superficiellement.
Ce que le film fait très bien c’est deux choses : déjà, asseoir les fondamentaux de la saga et de plier un peu le game par rapport aux précédents épisodes de ce point de vue-là. L’idée même de la saga (la Mort en personne est le bad guy) permet de conférer aux scène de meurtres quelque chose que le giallo en son temps approchait par ses moyens propres : ce que j’appellerais la « mise en scène au carré ». A l’intérieur même de l’intrigue, il y a un metteur en scène (ici la Mort elle-même) qui de façon très démiurgique « arrange » les décors, le cadre, les mouvements d’appareil pour nous donner à voir les effets de son action. C’est en négatif que sa présence se manifeste, un peu comme Tarkovski (ouh la je m’emballe là ^^) parvenait à filmer le vent en en captant les effets sur un champ de hautes herbes et en simulant son passage via un mouvement d’appareil dans « Le Miroir ».
Bon, la profondeur métaphysique de Tarkovski n’est pas visée ici, mais plutôt de bien plus prosaïques effets de suprise et /ou comiques… et ça marche très bien.
Et c’est la deuxième réussite du film : innover un peu, à l’échelle d’une saga qui certes n’a jamais été réputée pour ses prises de risque. J’adore l’idée d’y aller à fond sur le concept de la fausse piste, déjà explorée à l’échelle de telle ou telle séquence sur les opus précédents. Ici, c’est plus « vaste » comme dispositif… et ça permet en effet un twist assez hilarant et d’un mauvais esprit très roboratif.
Et comme dans tous les « Destination Finale » un peu réussis, il y a un mauvais esprit global, voire une méchanceté assez jouissive… Dans un autre contexte, le quasi mépris à l’égard des persos proféré à l’aune de quelques mises à mort ultra-brutales et subites pourrait être gênant. Pas ici. C’est la Mort en personne qui frappe, et il y a dans la brutalité de ces mises à mort un embryon de discours sur son ineluctabilité, et notre insignifiance, qui va très bien au film d’horreur en général.
Franchement, une belle réussite.
Pour l’anecdote, il paraît que le duo Lipovsky/Stein a eu le job entre autres raisons car ils ont eu l’impayable et fabuleuse idée d’organiser un faux accident domestique qui faisait mine de les menacer à l’arrière-plan durant leur première visio avec les producteurs de la franchise… Pas mal !!