Après un troisième tome consacré à **Ernest Patisson **(Pour en savoir +), c’est au tour du commissaire Bec de faire toute la lumière sur La Cour silencieuse …
« Comprendre et non pas juger »
**Georges Simenon **
Ceux qui suivent la série depuis le début le savent sûrement, l’album 7 Détectives et la série dérivée Détectives qui octroie à chaque « détectives » de la série concept «7 …» une aventure solo proposent des personnages principaux qui sont des pastiches de célèbres « détectives littéraires ».
Avec ce quatrième album c’est au tour du commissaire Martin Bec de nous montrer son talent.
Avant même de commencer ma lecture je m’étais imaginé que pour le coup il s’agissait-là d’un pastiche du monsieur Lecoq d’Emile Gaboriau.
La faute à l’association « coq » → « bec ».
Mais en lisant cette histoire à pas de loupe si j’ose dire, il est immédiatement devenu clair que le commissaire Bec était plutôt un pastiche du commissaire Maigret.
C’est du moins ce qu’un raisonnement inductif laisse penser.
Ainsi à l’instar d’un naturaliste qui sur la seule inspection de 2 ou 3 os, dessine l’animal auquel ils ont appartenu j’en suis venu à penser que : Maigret = magret (de canard). Canard = Bec. CQFD.
En outre le 36, quai des Orfèvres (Paris) où sont installées la prestigieuse brigade criminelle depuis 1912 et la direction de la police judiciaire depuis 1913 est l’endroit où a officié le plus célèbre des commissaires parisiens : Jules Maigret.
D’autres indices concordants sont aussi à prendre en compte : la pipe, la fréquentation d’une brasserie, la potée aux lentilles, les pintes de bière, le 36, quai des Orfèvres donc, et last but not least l’un des subalternes de Bec se nomme Cadet, et dans la célèbre série télévisée qui met en scène Jean Richard dans le rôle du commissaire Maigret, l’inspecteur Lucas, bras droit dudit commissaire est joué par, tenez-vous bien : François Cadet.
La preuve en image :
Et lorsque, après avoir lu cette enquête je me suis attardé sur les remerciements des auteurs, le doute n’était plus permis :
signé Erik Hanna.
Bon Dieu ! Mais c’est… Bien sûr !
Si dans les précédents albums Erik Hanna ménageait force coup(s) de théâtre, La Cour silencieuse est une enquête tout à fait dans le ton de celles de Maigret, du moins celles dont j’ai gardé le souvenir, où le commissaire est plus un raccommodeur de destinées qu’un fin limier ; ne disait-on pas d’ailleurs que dans les rapports de Maigret, il y a surtout des parenthèses.
Et de fait cette histoire peut sembler un peu moins réussie que les précédentes en vertu d’un rythme beaucoup moins trépidant, plus linéaire et d’une fin « anti-spectaculaire ». Pas de twist, ni de retournement de situation ici
Mais le tour de force du scénariste c’est justement d’offrir une nouvelle enquête à chaque fois (mais qui je le rappelle formera un tout à la fin de la série), ce qui n’est pas une mince affaire déjà, mais en outre de créer également des ambiances qui se doivent de rappeler celles sur lesquelles ses pastiches prennent modèle.
Et pour le coup c’est très réussi !