REALISATEUR
William Berke
SCENARISTE
Eric Taylor, d’après le comic-strip de Chester Gould
DISTRIBUTION
Morgan Conway, Anne Jeffreys, Mike Mazurki, Lyle Lattell…
INFOS
Long métrage américain
Genre : policier
Titre original : Dick Tracy
Année de production : 1945
Comic-strip signé Chester Gould et lancé en 1931 dans le Detroit Mirror, Dick Tracy narre les enquêtes d’un flic incorruptible aux prises avec des gangsters au physique le plus souvent déformé, tel un reflet de leur nature machiavélique. L’immense succès du strip conduira le personnage à être rapidement adapté au cinéma. En 1937 sort Dick Tracy, le premier de 4 serials (des films à épisode composés le plus souvent de 12 à 15 chapitres) dans lesquels l’inspecteur à l’imper jaune est réinventé en agent du F.B.I. Suivront Dick Tracy Returns, Dick Tracy’s G-Men et Dick Tracy vs Crime Inc. L’acteur qui est choisi pour incarner Tracy se nomme Ralph Byrd, que tous les fans considèrent comme la personnification idéale du héros à l’écran…et pas que pour sa ressemblance physique avec la création de Chester Gould.
Pourtant lorsque la RKO, la maison de King Kong, achète les droits de la bande dessinée pour produire des longs métrages, le studio va d’abord se tourner vers un autre comédien. C’est Morgan Conway, un second rôle aux intonations vocales à la Bogart, qui sera le flic à la mâchoire carrée dans Dick Tracy (auquel sera ajouté un « détective » pour l’exploitation française), sorti dans les salles américaines en décembre 1945.
Les Dick Tracy de la RKO seront ce qu’on appelle des quickies, des métrages tournés en quelques jours et dont la durée dépasse à peine les 60 minutes.
Le premier pose les bases du modèle narratif et de la caractérisation qui continuera à être employé pour les films qui suivront : l’atmosphère familiale, avec Junior, le fils adoptif de Tracy; la présence féminine assurée par l’éternelle fiancée Tess Trueheart; la touche humoristique avec Pat Patton, le fidèle acolyte. Les gangsters ne sont pas oubliés, mais leur apparence seront moins grotesques que dans le strip. Ainsi dans Dick Tracy, détective, les forces de police affronteront Splithead, un adepte du couteau avide de vengeance, dont la présence menaçante est amplifiée par cette profonde cicatrice qui lui barre le visage.
La réalisation de Dick Tracy, Détective reste assez statique et son intrigue est d’un classicisme absolu…pourtant cette petite production au budget modeste ne manque pas d’attraits. L’imagerie du film noir est déployée, ce qui se traduit par des visuels dramatiques lors de scènes d’extérieur souvent tournées de nuit et un travail soigné sur la composition des plans et le placement des ombres. En « tough guy » au grand coeur, Morgan Conway livre une prestation solide et incarnera à nouveau Tracy l’année suivante dans Dick Tracy vs Cueball avant de mettre un terme à sa carrière d’acteur.
Ralph Byrd reprendra alors son rôle emblématique dans deux films supplémentaires (et il affrontera d’ailleurs le légendaire Boris Karloff dans Dick Tracy meets Gruesome) et une série télévisée qui durera deux saisons avant le décès prématuré de l’acteur. Il faudra attendre 1990 pour revoir Dick Tracy sur grand écran, sous les traits de Warren Beatty dans une châtoyante superproduction.